Accueil > Critiques > (...) > Le mouvement des intermittents du spectacle

Tribune

Critique des médias : des intermittents et précaires répliquent à "C dans l’air" (vidéo)

Nous rediffusons ci-dessous, sous forme de tribune [1], et avec leur accord, une vidéo réalisée par des membres de la Coordination des intermittents et précaires d’Île-de-France (CIP-IDF).

Cette vidéo réalisée par la CIP-IDF s’efforce de remettre au goût du jour ce qu’on appelait en 1968 des ciné-tracts. Elle vise à alerter sur les menaces pesant sur les annexes 8 et 10 régissant leurs droits à l’assurance chômage [2].

Il n’appartient évidemment pas à Acrimed de prendre position dans le débat tout à la fois politique, économique, financier et comptable concernant le régime d’indemnisation chômage des intermittents du spectacle. Mais en se donnant pour objectif de contester les erreurs grossières et les contre-vérités proférées dans un reportage diffusé au cours de l’émission « C dans l’air » du 29 janvier 2013 , cette vidéo démontre, une fois de plus, que vouloir clore un débat avant même qu’il ait commencé, en privant de parole les premiers concernés dont l’expertise vaut bien, c’est le moins qu’on puisse dire, celle de journalistes qui ne savent pas de quoi ils parlent, n’est pas le meilleur service que l’on peut rendre à l’information et à la confrontation démocratiques.

Si la vidéo ne fonctionne pas ici, vous pouvez la visionner directement sur le site de la CIP-IDF.

Cette analyse de l’émission d’Yves Calvi fait donc la démonstration que le traitement du dossier de l’indemnisation de l’intermittence du travail dans le secteur culturel, y a été caricatural, reposant sur des idées reçues, des jugements à l’emporte-pièce, voire des mensonges purs et simples, qui constituent autant d’affronts aux règles les plus élémentaires du travail journalistique... Et comme on peut le constater dans notre rubrique consacrée au mouvement des intermittents du spectacle, sur cette question, le passif médiatique est déjà lourd…

Le ciné-tract illustre également ce que nous ne cessons de dénoncer par ailleurs (ici, ou , déjà à propos de « C dans l’air », ou encore s’agissant du monopole du débat économique par une poignée d’invités interchangeables) : tous les avis des « experts » et des journalistes, des responsables politiques et des professionnels du secteur convoqués dans l’émission d’Yves Calvi tendaient peu ou prou à démontrer… la même chose ! À savoir que les annexes 8 et 10 de l’assurance chômage sont un luxe que la France ne peut plus s’offrir [3]. Quoi qu’on pense de la question, il est manifeste qu’une présentation à sens unique est un déni manifeste du pluralisme, qui plus est dans une émission diffusée sur le service public… Pourtant, l’importance des enjeux, comme la complexité du dossier mérite mieux, de la part d’une profession où l’on aime à s’enorgueillir de « l’exception culturelle française », que cet habituel succédané d’information.

Les acteurs des mouvements sociaux, militants, syndicalistes ou simplement salariés en lutte rencontrent les plus grandes difficultés pour faire connaître leurs revendications par l’intermédiaire des grands médias, dont le moins que l’on puisse dire est qu’ils ne sont généralement pas à leur service. Mais les « rebellions » sont de plus en plus fréquentes quand ils sont invité pour être in fine maltraités par des chiens de garde donneurs de leçons de soumission… Ces affrontements, révélateurs de la pugnacité d’invités qui ne s’en laissent pas conter, le plus souvent des ouvriers en lutte, méritent d’être mis en valeur. Chaque fois que nous en avons eu l’occasion, nous l’avons fait. Nous l’avons fait avec Xavier Mathieu, représentant syndical des Conti, face à David Pujadas. Avec Jean-Pierre Mercier, face à Éric Brunet, attaché de presse de la famille Peugeot sur RMC. Et tout récemment avec Mickaël Wamen, syndicaliste de l’usine Goodyear d’Amiens-Nord, face à Pascale Clark, de France Inter.

Bien qu’eux aussi soient capables, quand la situation s’y prête, de résister très directement à un ordre médiatique qui leur confisque la parole (David Pujadas s’en souvient encore), les intermittents et précaires d’Île-de-France témoignent ici dans un autre registre de ce qu’il est possible de faire pour riposter aux agressions, sommations et récriminations journalistiques et éditocratiques.

 
Acrimed est une association qui tient à son indépendance. Nous ne recourons ni à la publicité ni aux subventions. Vous pouvez nous soutenir en faisant un don ou en adhérant à l’association.

Notes

[1Les documents publiés sous forme de « tribune » n’engagent pas collectivement l’association Acrimed, mais seulement leurs auteurs.

[2L’inquiétude des membres de la CIP-IDF repose sur le fait qu’après un rapport très critique de la Cour des comptes, des voix de plus en plus nombreuses se font entendre pour seriner la sempiternelle ritournelle du « déficit » et des « abus », prétextes idéaux pour tailler dans les droits sociaux ou même supprimer l’annexe des techniciens lors des négociations Unedic à la fin de cette année.

[3Cet appel permanent à revoir ce régime d’indemnisation spécifique réputé trop généreux repose généralement sur deux affirmations : le « déficit » structurel du régime qui serait d’un milliard d’euros par an et donc problématique en soi, et sa propension prétendument insupportable, eu égard au nombre de ses bénéficiaires, à creuser le déficit général de l’assurance chômage. Ces deux assertions sont balayées de façon particulièrement convaincante dans une première vidéo du CIP-IDF intitulée « Le déficit des annexes 8 et 10 des intermittents du spectacle n’existe pas » qu’il peut être utile de regarder pour comprendre l’aspect proprement financier et comptable du problème.

A la une

Nathalie Saint-Cricq dans Libération : une « pointure » et beaucoup de cirage

« Nathalie Saint-Cricq vote », et Libération vote Saint-Cricq.