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« AcTualiTy » sur France 2 : misère du « décryptage » de l’actualité

par Julien Salingue, Pauline Perrenot,

« Actuality » est l’une des nouvelles émissions de la grille de France 2. Chaque jour à 17h45, Thomas Thouroude (ancien d’i-Télé et de Canal+) propose de « décrypter » l’actualité en compagnie de chroniqueurs, renommés « éclaireurs », qui sont majoritairement des journalistes, auxquels s’adjoignent parfois des chefs d’entreprises, des écrivains ou divers « spécialistes ».

Cela fait maintenant quatre semaines que l’émission est diffusée, soit 20 numéros, et il est désormais possible de tirer un premier bilan d’un programme dont Delphine Ernotte-Cunci, présidente de France télévisions, annonçait en juin dernier qu’il aurait pour objectif « d’expliquer l’actualité dans un langage plus vrai, plus simple et sans cynisme ».

Expliquer l’actualité, vraiment ? Après avoir visionné l’ensemble des émissions, établi des statistiques sur les 10 premiers numéros et confronté les « promesses » de Delphine Ernotte-Cunci et Thomas Thouroude à la réalité, le moins que l’on puisse dire est que l’objectif est loin d’être atteint. « AcTualiTy » est un programme de divertissement parmi d’autres qui, sous couvert de « décryptage », tombe dans des travers malheureusement bien connus : dictature du « buzz », peopolisation de la politique, indigeste mélange des genres.

Quelle actualité ?

C’est promis : « AcTualiTy » n’est pas une énième émission dans laquelle on se soumet au « flot » de l’actualité. C’est en tout cas ce que déclarait Thomas Thouroude le 5 septembre sur France inter : « Dans "AcTualiTy", on considère que l’actualité est un feuilleton qui va très vite, avec des épisodes, et quand malheureusement on en rate un, c’est trop tard on ne comprend plus rien. Et bien nous on va faire l’inverse. C’est-à-dire qu’on va aller à rebours de tout ce mouvement-là, on va se poser, on va prendre cinquante minutes ou une heure pour aborder deux, trois thèmes d’actualité au quotidien et prendre le temps de comprendre, d’expliquer, de manière ludique et divertissante si possible ». Pas question donc de « subir » l’actualité en étant dans le « flot médiatique incessant de la course à l’information, du bon mot ou du non-mot ou du non-événement ».

Promesse tenue ? Pas vraiment. On remarquera en premier lieu que le nom même de l’émission, « AcTualiTy », ne manque pas de surprendre si l’on prend Thomas Thouroude au mot : les deux « T » majuscules ne sont pas une faute de frappe, mais un clin d’œil appuyé au réseau social Twitter, sur lequel les « TT » sont les « trending topics » ou « sujets tendances », c’est-à-dire les sujets dont on parle le plus [1].

Telle est en réalité l’une des marques de fabrique (peu originale) d’« AcTualiTy » : dans l’émission de Thomas Thouroude, on parle de ce dont les autres parlent. Lorsque Julie Gayet est à la « une » de Paris-Match, on parle de Julie Gayet dans « AcTualiTy ». Lorsqu’Emmanuel Macron est à la « une » de tous les grands médias, on parle d’Emmanuel Macron dans « AcTualiTy ». Le magazine Forbes publie son classement des personnalités les plus riches du monde ? Parlons de l’homme le plus riche du monde dans « AcTualiTy » ! Natascha Kampusch, séquestrée durant huit ans entre 1998 et 2006, sort un livre pour raconter son calvaire et fait le tour des médias français ? Parlons-en dans « AcTualiTy » ! Etc.

Heureusement que Thomas Thouroude se refuse à sombrer dans le « flot médiatique du non-événement » ou du « rien qui prend une place considérable ». Hillary Clinton a fait un malaise et la vidéo a été diffusée par tous les médias ou presque ? Parlons-en dans « AcTualiTy » ! C’est ainsi que le 16 septembre Thomas Thouroude prenait grand soin d’ouvrir et de clore la séquence consacrée à la santé des politiques [2], de façon à la « rattacher à l’actualité », en commentant la vidéo du malaise d’Hillary Clinton, et en précisant, sans que la contradiction entre son attitude et ses critiques du « flot médiatique » ne semble visiblement lui sauter aux yeux, que cette vidéo a fait « le tour du monde » :

Vous avez sans doute entendu parler du malaise d’Hillary Clinton le week-end dernier, mais ça y est, elle a repris sa campagne pour les élections présidentielles américaines, c’était la nuit dernière. Elle était en forme, elle était heureuse, elle était radieuse, elle est montée sur la tribune pour rencontrer ses militants, ses partisans, et leur dire le bonheur qu’elle a eu de les retrouver après quelques jours d’absence. Écoutez-la. [Extrait vidéo] Hillary Clinton, radieuse donc, quatre jours après ce malaise à New-York, l’image a fait le tour du monde, regardez, on a isolé Hillary Clinton sur cette image : elle s’évanouit, elle tombe, elle est retenue, elle est soutenue par ses gardes du corps, et ce qui est intéressant Nathalie Schuck, c’est que le jour de son malaise, elle a dit qu’elle n’avait pas grand chose, juste un vertige, avant de finalement avouer via un communiqué qu’elle avait eu une pneumonie. […] Alors on peut ajouter enfin que pour clore son meeting, Hillary Clinton a choisi une chanson de James Brown, c’est « I feel good », et on précise quand même, et c’est ça qui est terrible, c’est que, elle qui a été victime d’une pneumonie, et ben James Brown, lui, il est mort... d’une pneumonie. Je ne sais pas si c’était un très bon choix de sa part.

Un extrait que nous nous abstiendrons de commenter, mais qui donne une idée de la « griffe » Thomas Thouroude. Un extrait parmi bien d’autres, qui illustre la tendance dominante quant au « choix » des sujets traités dans « AcTualiTy », confirmant le phénomène, déjà maintes fois constaté, de « circulation circulaire de l’information », et donnant raison au Chat de Philippe Geluck : « En lisant le journal, les gens croient apprendre ce qui se passe dans le monde. En réalité, ils n’apprennent que ce qui se passe dans le journal » [3].


Reprenons, en vidéo :



Des « éclaireurs », vraiment ?

L’une des spécificités revendiquées d’« AcTualiTy » est la présence en plateau, aux côtés de l’animateur, de chroniqueurs, renommés « éclaireurs », qui sont supposés apporter un regard de « spécialiste » sur les questions traitées dans l’émission. Les « éclaireurs » sont au nombre d’une quinzaine, qui « tournent » d’une émission sur l’autre, et le moins que l’on puisse dire est que, s’ils sont parfois à l’aise et en phase avec « leur » sujet, ils semblent souvent le découvrir en même temps que les téléspectateurs, et que les choix de répartition des interventions des uns et des autres sont souvent... étonnants.

Le 5 septembre, jour de la première, le second débat est ainsi consacré à la question des réfugiés présents à Calais. Si l’intitulé de la discussion laisse songeur (« Y a-t-il enfin quelqu’un pour sauver Calais ? »), le choix de l’« éclaireur » l’est davantage encore. Il s’agit en effet d’Olivier Norek, écrivain, mais surtout... ancien lieutenant de police, qui a passé 15 jours dans la « jungle » de Calais et qui, à ce titre, nous propose un « décryptage ». Après une très courte description de la situation de la « jungle », Olivier Norek s’attarde longuement sur le rôle des policiers. La question qui figure au bas de l’écran durant cette séquence de « décryptage » est d’ailleurs la suivante : « Calais : mais que fait la police ? » Et on n’est pas déçus du voyage :

Malgré les infractions qui sont visibles, qui sont concrètes, on ne peut pas tous les interpeller [les réfugiés], encore moins les incarcérer, on ferait juste exploser les commissariats, les prisons, les tribunaux... Alors le job des flics, c’est de détruire les barrages et, pour fluidifier cette fameuse autoroute A16, c’est de lancer de la lacrymo. On est environ à 100 lacrymos par soir balancées sur les migrants. Au prix actuel du coût de la lacrymo, sur 18 mois d’existence de la jungle, on va être à 2 millions d’euros de lacrymos jetées sur les migrants.

Un scandale qui mérite bien une petite infographie :



Et Olivier Norek de s’insurger :

Je le répéterai autant de fois qu’on m’en donnera l’occasion, ce n’est pas ça le job des flics, le job des flics c’est protéger le citoyen, prévention, sécurité, c’est tout ça, ce n’est pas de balancer de la lacrymo sur les gens sans les arrêter derrière. Alors bien sûr ils font quelque chose de très positif puisqu’ils fluidifient cette autoroute, donc ils permettent de continuer l’économie et les emplois qui tournent autour de cette économie justement. Mais ce n’est pas ça leur ADN, ce n’est pas ça l’ADN du flic. À tel point que sur les 140 policiers qui sont dans le commissariat de Calais, il y a eu cette année 40 demandes de mutation.

Le choix de l’« éclaireur » aura donc eu pour conséquence qu’un « débat » que l’on avait annoncé comme traitant de la situation à Calais devient un vibrant appel à la solidarité avec des policiers qui « n’en peuvent plus » et se sentent « abandonnés ».

Quelques jours plus tard, le vendredi 9 septembre, la discussion consacrée à la Fête de L’Humanité est introduite par Philippe Ridet, journaliste au Monde. « Y a-t-il encore un communiste à la Fête de L’Huma ? », interroge « AcTualiTy », une question reformulée par Thomas Thouroude : « Est-ce que la Fête de L’Huma est la fête d’un parti qui existe encore ? »

Et Philippe Ridet de répondre :

Alors si on considère les partis comme des écuries présidentielles, c’est non. Ils n’avaient pas de candidat en 2012, ils ne sont pas sûrs d’en avoir un cette année, enfin l’année prochaine, donc de ce point de vue là, ce n’est plus un parti. Par contre, si on considère que c’est un parti avec un siège, place du Colonel Fabien à Paris, un très beau siège, un secrétaire général, Pierre Laurent, qui n’est pas très connu mais qui existe quand même, un Comité directeur, des élus, de moins en moins nombreux, des militants, de moins en moins nombreux certes, alors c’est encore un parti.

Sic. On ne peut qu’être impressionné par une telle profondeur, et par une telle maîtrise : dire que le Parti communiste n’avait « pas de candidat en 2012 » est plus qu’approximatif, dans la mesure où le PC participait à une alliance, le Front de gauche, qui avait un candidat en la personne de Jean-Luc Mélenchon ; évoquer le « Comité directeur » du PC témoigne d’une connaissance toute relative des instances du parti, qui n’a aucun « Comité directeur » ; quant à Pierre Laurent, il n’est pas « secrétaire général », mais « secrétaire national » du PC.

Nous attachons-nous trop aux détails ? Nous ne le pensons pas. Car ces erreurs et approximations en cascade sont en réalité révélatrices de l’un des travers majeurs de l’émission, consistant à subir l’actualité et à attribuer à des chroniqueurs récurrents la responsabilité de nous « éclairer » sur des sujets dont ils ont une vision très partielle, et parfois partiale [4]. Soulignons ainsi que Philippe Ridet est certes journaliste politique, mais qu’il est spécialiste de... l’Italie [5]. Et les exemples du même genre sont nombreux, où l’« éclaireur » (ou l’« éclaireuse ») répète des généralités qui semblent venues tout droit de Wikipedia, accumulant les clichés, les raccourcis et les approximations, le tout dans une émission qui ne consacre en définitive que très peu de temps aux sujets sur lesquels elle prétend informer.


Des pandas aux cellules de déradicalisation

Sur deux semaines, du 5 au 15 septembre, soit 9 heures de direct, le décryptage de grands sujets d’actualité (généralement au nombre de trois par émission) représente seulement la moitié du temps d’antenne ; le reste de l’émission s’éparpille entre différentes rubriques, sur lesquelles nous aurons l’occasion de revenir. Nous avons réparti les sujets abordés en trois catégories : la « politique française », les sujets de « société », et une dernière catégorie qu’il serait difficile de nommer tant son contenu semble fourre-tout [6]. Cette catégorisation, et le calcul de la durée de chaque sujet, nous ont permis de dresser un premier panorama « éclairant » pour qui souhaite analyser, de prime abord en surface, une émission se réclamant du « décryptage de l’actualité » :

 Les sujets de « politique française » ont occupé 21 % du temps total des 15 premières émissions, les sujets de société 17 %, et la troisième catégorie 14 % [7]. Si la hiérarchie ne semble pas surprendre a priori, on constate que le temps réservé aux sujets généraux est relativement court par rapport à la totalité du programme, alors que ces derniers sont pourtant présentés comme ses « piliers ».

 Une émission prétendant « prendre le temps » de faire « un pas de côté » pour « expliquer l’actualité » choisit de consacrer le même temps (près de 10 minutes) à un sujet sur les « cellules de déradicalisation » (13/9/16) et à une question comme « Mon entrecôte me rend-elle dépressif » (5/9/16). De la même manière, « AcTualiTy » accorde un temps d’antenne équivalent (près de 11 minutes) à la fraude fiscale (15/9/16) et au panda (15/9/16), et la durée du thème « Faut-il privatiser les prisons » (12/9/16) est identique à celle de la question « Met-on en danger les enfants-chanteurs ? » (9/9/16). On observera, non sans peine, la disproportion entre des sujets que l’on pourrait qualifier, sans que cela ne soit aucunement péjoratif, de plus « légers », voire « anecdotiques », et ceux dont un « décryptage » digne de ce nom nécessiterait sans doute de plus longues explications..

 Une même émission abordant généralement un sujet par catégorie, « AcTualiTy » pratique de véritables grand-écarts de l’information, à l’image de ces journaux télévisés sautant du coq à l’âne, comme nous l’avions par exemple relevé dans le traitement de la mort d’Adama Traoré par la même chaîne. Ce qui, au cours d’« AcTualiTy », offre un enchaînement de séquences pouvant laisser, pour le moins, pantois. Florilège :

- Le 6 septembre :
Pourquoi les femmes sont-elles écartées du pouvoir ?
Peut-on tout dire à son chien ?

- Le 8 septembre :
François Hollande fait-il vendre ?
Pourquoi on nous ment sur la pomme ?

- Le 12 septembre :
Faut-il privatiser les prisons ?
Pourquoi le Dalaï-Lama sourit-il tout le temps ?

- Le 13 septembre :
J’ai travaillé dans une cellule de déradicalisation
Le jambon : pourquoi c’est pas tout rose ?

- Le 15 septembre :
Qui fraude le fisc ?
Tiens, le pape se confesse !


Hormis les grands sujets balisant l’émission, « AcTualiTy » est ponctué de diverses séquences qui, au total, occupent presque autant de temps que les sujets majeurs. Selon des procédés bien connus des chaînes de télévision, ces rubriques sont assez courtes pour pouvoir être isolées puis relayées sur les comptes des réseaux sociaux d’une émission en mal d’audience. On assiste ainsi quotidiennement à la « VO/VF », petite séquence de sous-titrage au cours de laquelle Bruno Donnet « décrypte la parole politique » avec « humour », « L’autre actualité de Marion Seclin », sorte de revue de presse des dessous et buzz du web, « Le jeu de l’actu », ou encore « La question du jour », en plus d’un aparté avec un.e invité.e généralement issu.e du milieu culturel ou médiatique. Si ce saucissonnage n’est pas nécessairement synonyme de mauvaise information, une étude plus exhaustive des contenus des « grandes questions » et de la rubrique « VO/VF », toujours au regard de leur volonté de « décrypter l’actualité », nous fait dire sans détour que la mission est loin d’être remplie.


« Politique » ou peopolitique ?

La rubrique « VO/VF » de Bruno Donnet réchauffe un à un tous les procédés de l’infotainment [8] traditionnel et institutionnalise, par son format quotidien, le commentaire des « petites phrases ». En se focalisant sur des extraits de conférences de presse, discours et interviews – qui ont en général fait le tour des réseaux sociaux la veille ou le jour même –, on prétend mettre en valeur ce qu’ils disent et révèlent du monde politique et de la politique en général. Mais au bout du compte, le résultat est toujours le même : on brode autour de ces fameuses « petites phrases » politiciennes, des rivalités du petit monde politique, sans que le fond ne soit jamais abordé. Ceci n’aurait que peu d’importance si cette rubrique et son auteur ne prétendaient pas « décrypter la parole politique » d’une façon qui, à l’image de l’émission dans son ensemble, « chercherait à comprendre ». Mais se donne-t-on réellement les moyens de décrypter et comprendre quoi que ce soit en un peu moins de quatre minutes (la moyenne de la durée de cette rubrique [9] et n’est-il pas tout simplement plus confortable de « gonfler le rien », en se contentant de faire circuler des contenus qui saturent déjà l’espace médiatique et les réseaux sociaux ? Extrait du VO/VF du 5 septembre, censé éclairer la question suivante, « La primaire peut-elle faire imploser les Républicains ? » :


- [Extrait vidéo du discours de Nicolas Sarkozy à la Baule] : Il n’y aura pas d’alternance si la campagne des primaires devait continuer sur la base d’un pugilat.
- Bruno Donnet : Alors ça, Thomas, d’après moi, ça veut dire quelque chose de différent que l’on peut traduire de façon nettement plus directe, puisque je pense que ça veut dire ça : « Si on continue à se balancer des boules puantes, les Français vont vraiment finir par trouver qu’on sent mauvais, et c’est Hollande qui sera réélu ».

Nous disions donc ? « Traduire chaque jour la parole politique pour la comprendre »...

Puisque tel est son principe, on pourrait à la rigueur comprendre que cette rubrique aborde systématiquement les sujets politiques par le petit bout de la lorgnette. Mais que dire quand la séquence consacrée aux « grandes questions de politique française », animée à la fois par le présentateur-journaliste et un « éclaireur », suivent la même démarche ? Trois exemples suffisent à illustrer la misère informative – et la dépolitisation – du journalisme politique tel que le pratique « AcTualiTy », avec en tête de file, Nathalie Schuck, « grand reporter » au Parisien/Aujourd’hui en France.

Lors de l’émission du 15 septembre, un sujet est par exemple consacré aux femmes et hommes politiques sous un angle permettant certainement de « mieux comprendre l’actualité » : « Pourquoi les politiques mentent sur leur santé ». Pendant près de 10 minutes, de nombreuses personnalités seront passées au peigne fin par un présentateur en mal de potins croustillants et une journaliste politique reconvertie en analyste médicale, trimbalant son lot d’anecdotes et de carnets de santé officiels. Extraits d’un grand moment de « décryptage » :


- Thomas Thouroude : Nicolas Sarkozy, alors lui, il est complètement hypocondriaque.
- Nathalie Schuck : Alors ça, oui. Il n’y a pas beaucoup de gens qui le savent, mais c’est un grand hypocondriaque. Alors le signe, c’est que quand on lui pose la question : « Comment ça va ? », il répond toujours : « Ça va, en fin, pour l’instant ça va, enfin, au dernier check-up, ça allait ». Voilà, ça, c’est le signe des hypocondriaques. Il est hanté par la peur d’attraper un cancer ou Alzheimer, c’est comme ça qu’il le dit d’ailleurs, il a le visage qui se crispe à chaque fois dès qu’il en parle. […] Il a la hantise des microbes, voilà, il n’aime pas ça non plus. Et je peux vous raconter une petite anecdote. [Thomas Thouroude : Ouais !] Quand il était président de la République, il y avait eu une grande campagne de vaccination contre la grippe A, le gouvernement avait commandé des millions de doses pour vacciner tous les Français, et j’avais profité d’une conférence de presse pour lui poser la question : « Les Français se font vacciner. Et vous ? Est-ce que vous vous êtes fait vacciner contre la grippe A ? », et il m’avait fusillée du regard, il était fou furieux de colère, il m’avait dit que ma question faisait honte à la France, je m’étais dit « Qu’est-ce que j’ai dit de si horrible ? ». C’est Brice Hortefeux qui m’avait dit ensuite : « Vous comprenez, vous l’avez mis dans une situation super embarrassante parce que Nicolas, le répétez pas, il n’aime pas les piqûres ».
- Thomas Thouroude : Il n’aime pas les piqûres ? Nicolas Sarkozy n’aime pas les piqûres ? C’est pour ça qu’il ne s’était pas fait vacciner ?
- Nahalie Schuck : Véridique, véridique.
- Thomas Thouroude : C’est incroyable.

Tout bonnement « incroyable » oui, pour qui prétend décrypter l’actualité sur une chaîne du service public [10].

Le seul titre des sujets suffit à soupçonner, puis à résumer, l’angle selon lequel les questions liées aux personnalités politiques sont traitées dans l’émission. D’« anecdotes » en « petites histoires », Nathalie Schuck raffole des bruits de couloir élyséens, et on aura beau chercher, rien ne sera consacré, par exemple, au fond des programmes de ces futurs candidats. À l’image de séquences telles que « À quoi joue Julie Gayet ? », « François Hollande fait-il vendre ? » ou encore « J’ai déjeuné avec Macron », la « peopolitique » s’invite partout dans « AcTualiTy ». En quoi ces interrogations permettent-elles de « mieux comprendre l’actualité » ? Nul ne le sait. Au moment d’éclairer le dernier sujet cité, Nathalie Schuck fait d’ailleurs preuve d’une clairvoyance incontestable dans l’analyse de la médiatisation d’Emmanuel Macron afin de justifier son propre travail :

L’objet c’était surtout de parler, de faire du off avec lui, parce que c’est quelqu’un qu’on voit peu et on a besoin de voir les politiques en direct, pour savoir ce qu’ils disent en fait. […] C’est important pour lui de faire passer des messages. On n’est pas dupes. Il fait sa comm’ mais nous, on n’est pas obligés de faire sa comm’ derrière, c’est-à-dire que nous derrière, on décrypte. […] Ça nous permet de voir la bête, comment elle est vraiment.

Si nous avons déjà commenté et mis en images le manque d’intérêt crasse de la presse envers l’ex-ministre de l’Économie, l’intervention de Nathalie Schuck permet de combler les vides. Tandis que les unes de magazines people tapissent l’écran du plateau d’« AcTualiTy », nous apprendrons au cours d’un fol instant de décryptage que « les locaux d’Emmanuel Macron sont austères », qu’il y a des « meubles Ikea », et que l’ancien ministre n’a « pas mangé sa salade de pâtes ». À la faveur de son néant informatif, l’émission dessine en creux la conception que se font certains du métier de « journaliste politique » : réunions et repas « off » et questionnements sur les bobos des présidents.

En guise de dernier exemple, la séquence consacrée à la question « Hollande fait-il vendre ? » laisse définitivement perplexe quant à la capacité de cette émission à « éclairer l’actualité ». De déballages intimes en commentaires de chiffres de vente, il ne sera évidemment jamais question d’un quelconque bilan du quinquennat de François Hollande ou de mise en perspective politique. Selon une méthode propre à l’émission, utilisée pour « synthétiser » certains sujets en fin de séquence, Thomas Thouroude liste deux points « à retenir », comme s’il était nécessaire de mettre un « raisonnement » en boîte et d’adopter une pédagogie de bas-étage revenant à prendre les téléspectateurs pour des imbéciles. Ce qui donne, en acte, l’épilogue du « Si j’ai bien compris », épilogue qui, appliqué au thème de l’émission, se traduit de la façon suivante :

- Thomas Thouroude : « Si j’ai bien compris, c’était passionnant j’ai appris plein de choses, plus le président est impopulaire, plus il fait vendre, et le deuxième point c’est que François Hollande profite de ses livres pour commencer sa campagne. Donc à la question "François Hollande fait-il vendre ?", bah oui, parce que ça nous permet de découvrir son intimité ».

Diantre ! À question éclairante, réponse éclairante...


***



« Vous regardez "AcTualiTy", l’émission qui éclaire l’actualité et qui augmente votre quotient intellectuel gratuitement. » La formule est de Thomas Thouroude, et le moins que l’on puisse dire est qu’après quatre semaines de visionnage de l’émission, elle laisse songeur. « AcTualiTy » est une émission de divertissement qui prétend informer et, si nous ne sommes pas de ceux qui pensent que l’information ne peut pas être divertissante, il faut au minimum qu’elle soit... informative.

« Nous il y a quand même un contenu informatif, une valeur informative et une volonté de décrypter et d’expliquer l’actualité », affirmait Thomas Thouroude sur France inter le jour de la première. De toute évidence, c’est raté. La nouvelle émission d’« information » de France 2 contribue bien au contraire à propager une vision peu reluisante de l’actualité, faite de buzz, de petites phrases et de non-événements, ce que l’on ne peut que regretter au regard des objectifs affichés, a fortiori sur une chaîne de service public. Un bilan bien sombre pour une émission désireuse d’« éclairer l’actualité ».


Pauline Perrenot et Julien Salingue



Annexe
Transcription intégrale : « Pourquoi les politiques mentent sur leur santé ? » (16 septembre 2016)


- Thomas Thouroude : Vous avez sans doute entendu parler du malaise d’Hillary Clinton le week-end dernier, mais ça y est, elle a repris sa campagne pour les élections présidentielles américaines, c’était la nuit dernière. Elle était en forme, elle était heureuse, elle était radieuse, elle est montée sur la tribune pour rencontrer ses militants, ses partisans, et leur dire le bonheur qu’elle a eu de les retrouver après quelques jours d’absence. Écoutez-là. [Extrait vidéo] Hillary Clinton, radieuse donc, quatre jours après ce malaise à New-York, l’image a fait le tour du monde, regardez, on a isolé Hillary Clinton sur cette image : elle s’évanouit, elle tombe, elle est retenue, elle est soutenue par ses gardes du corps, et ce qui est intéressant Nathalie Schuck, c’est que le jour de son malaise, elle a dit qu’elle n’avait pas grand chose, juste un vertige, avant de finalement avouer via un communiqué qu’elle avait eu une pneumonie. Pourquoi elle a menti ?

- Nathalie Schuck : Quand elle fait son malaise, elle sait déjà qu’elle a une pneumonie. Et la raison pour laquelle elle ne l’a pas dit, c’est tout simplement parce que les élections ont lieu dans 50 jours.

- Thomas Thouroude : Donc elle a peur de perdre des voix ?

- Nathalie Schuck : Évidemment. Et d’ailleurs, elle perd des points dans les sondages, très fortement.

- Thomas Thouroude : Alors ce mensonge d’Hillary Clinton, c’est aux États-Unis, mais chez nous, en France, on l’a déjà vécu avec des illustres présidents par le passé...

- Nathalie Schuck : On l’a vécu avec François Mitterrand, le cancer de la prostate, on se souvient que tous les bulletins de santé de François Mitterrand étaient falsifiés. Et puis il y a eu Georges Pompidou juste avant, qui souffrait de la maladie de maladie de Waldenström alors c’est une forme de cancer du sang, rare. Ses conseillers, à l’époque, nous expliquaient qu’il avait de simples grippes. Alors aujourd’hui, on ne ment plus mais on ne dit pas tout. Si vous prenez François Hollande. Pendant sa campagne, il avait promis de publier tous les six mois un bulletin de santé. On en a eu 5 en tout, le dernier date d’il y a un an tout pile hein, c’était en septembre. Donc ça veut dire « promesse à moitié remplie ». Et le petit souci, c’est que sur ces bulletins de santé, on n’apprend pas grand chose, faut dire les choses, on apprend juste que le président normal, ça ne vous surprendra pas, a une santé normale. Il faut croire que le médecin de l’Élysée est un petit peu taquin.

- Thomas Thouroude : On avait eu un autre bulletin officiel où, quand même, on avait découvert qu’il avait été hospitalisé.

- Nathalie Schuck : Il n’avait pas tout dit François Hollande pendant sa campagne. On a découvert en fait, un an après son élection qu’en février 2011, il s’était fait opérer pendant une semaine à l’hôpital Cochin à Paris, pour une hypertrophie bénigne de la prostate. Alors c’est pas grave du tout, c’est l’équivalent d’une opération de l’appendicite, 65 000 hommes sont opérés de ça chaque année en France, mais n’empêche que du coup, ça pose la question : « Est-ce qu’il nous dit la vérité, est-ce qu’il nous dit tout ? » Alors j’ai eu l’Élysée ce matin, ils m’ont garanti qu’on aura le bulletin de santé du président au mois d’octobre.

- Thomas Thouroude : Nicolas Sarkozy, alors lui, il est complètement hypocondriaque.

- Nathalie Schuck : Alors ça, oui. Il n’y a pas beaucoup de gens qui le savent, mais c’est un grand hypocondriaque. Alors le signe, c’est que quand on lui pose la question : « Comment ça va ? », il répond toujours : « Ça va, en fin, pour l’instant ça va, enfin, au dernier check-up, ça allait ». Voilà, ça, c’est le signe des hypocondriaques. Il est hanté par la peur d’attraper un cancer ou Alzheimer, c’est comme ça qu’il le dit d’ailleurs, il a le visage qui se crispe à chaque fois dès qu’il en parle, et il aime pas du tout, c’est un peu embêtant quand on est candidat et qu’on fait des bains de foule, il aime pas qu’on le touche, voilà. Il a la hantise des microbes, voilà, il aime pas ça non plus. Et je peux vous raconter une petite anecdote. [Thomas Thouroude : Ouais !] Quand il était président de la République, il y avait eu une grande campagne de vaccination contre la grippe A, le gouvernement avait commandé des millions de dose pour vacciner tous les Français, et j’avais profité d’une conférence de presse pour lui poser la question : « Les Français se font vacciner. Et vous ? Est-ce que vous vous êtes fait vacciner contre la grippe A », et il m’avait fusillée du regard, il était fou furieux de colère, il m’avait dit que ma question faisait honte à la France, je m’étais dit « Qu’est-ce que j’ai dit de si horrible ? ». C’est Brice Hortefeux qui m’avait dit ensuite : « Vous comprenez, vous l’avez mis dans une situation super embarrassante parce que Nicolas, le répétez pas, il aime pas les piqûres ».

- Thomas Thouroude : Il aime pas les piqûres ? Nicolas Sarkozy n’aime pas les piqûres ? C’est pour ça qu’il s’était pas fait vacciner ?

- Nathalie Schuck : Véridique, véridique.

- Thomas Thouroude : C’est incroyable. Quand il était président, il avait fait un malaise vagal pendant un footing, ça, on l’avait vu pour le coup.

- Nathalie Schuck : Oui, c’était en 2009 et il avait tout de suite été transporté au Val de Grâce pour faire plein d’examens. Alors il y avait un de ses conseillers sur place qui m’avait raconté qu’il était couvert de sondes, de fils, pour écouter son cœur, prendre sa tension, et il s’était mis à engueuler tous ses conseillers, parce qu’il ne supporte pas d’être dans un hôpital, ça le rend malade. Il préfère plutôt mettre en avant sa santé de fer. [Images de Nicolas Sarkozy qui court, en vélo...] On le voit tout le temps en train de courir, de faire du vélo, du footing. Est-ce que vous savez comment il se surnomme lui-même ? Bionic.

- Thomas Thouroude : Bionic, mais sans piqûre ! Pourquoi ils mentent ?

- Nathalie Schuck : En France, les politiques considèrent qu’ils ont un droit à la vie privée, droit que l’on peut opposer au fait que, quand on est chef de l’État, on a une responsabilité qui est tellement lourde, c’est des horaires de travail qui sont tellement importants qu’on pourrait faire la transparence davantage.

- Thomas Thouroude : Alors en 2003, Roselyne Bachelot avait révélé elle que Jacques Chirac était sourd et qu’il portait un sonotone. Alors c’est une bourde, sur laquelle elle est revenue récemment au micro de nos confrères de BFMTV. Écoutez. « Elle m’a coûté mon poste au gouvernement ». Mais à ce point là ?

- Nathalie Schuck : Mais bien sûr, c’est véridique. La santé de Jacques Chirac, c’était un quasi secret d’État en fait. C’était vraiment confiné par sa fille, Claude Chirac qui s’occupait de sa communication. Pourquoi ? Parce que Jacques Chirac, il était pas en super état. Il a fait un AVC en 2005, on sait aujourd’hui qu’après cet accident vasculaire cérébral, il était quasiment plus en état de diriger le pays et qu’il commençait déjà à avoir des symptômes d’anosognosie, c’est une forme d’Alzheimer dont il souffre aujourd’hui.

- Thomas Thouroude : Alors, il ne disent pas quelle est leur santé ou en tout cas ils se protègent quand ils ont des maladies ou des petits pépins physiques parce qu’ils sont plus tout jeunes les candidats finalement.

- Nathalie Schuck : Non, ils sont pas tout jeunes. Alors François Hollande, ça va, 62 ans, Nicolas Sarkozy, 61, c’est presque des gamins à côté d’Alain Juppé, lui, 71 ans, c’est le « papi de la bande », passez-moi l’expression, ce n’est pas moi qui l’appelle comme ça, c’est Nicolas Sarkozy, vous le savez. Et Alain Juppé, s’il est élu président au mois de mai, ça sera le président le plus âgé au moment de son entrée en fonctions. Même le Général de Gaulle avait 68 ans, c’est un petit peu plus jeune, quand il a été élu la première fois.

- Thomas Thouroude : On écoute Alain Juppé.

[…]

- Thomas Thouroude : Ça va il a quand même de l’humour. [Isabelle Saporta : Il est vraiment drôle.] Est-ce que ça vous intéresse Isabelle Saporta de savoir dans quel état de santé se trouve le président de la République ?

- Isabelle Saporta : Moi je voudrais juste qu’ils fassent ce à quoi ils s’engagent dans l’ensemble. Honnêtement, c’est tout ce que je leur demande. Moi, ça m’intéresse pas tellement. Par contre, aux États-Unis, les secrets et mentir, c’est une faute. C’est pour ça que je ne comprends pas pourquoi Hillary Clinton l’a fait. Chez nous, tout le monde se fout que tout le monde mente, c’est comme ça.

- Nathalie Schuck : C’est vrai qu’aux États-Unis, c’est très très différent parce qu’il y a une espèce d’obligation morale de transparence. Tous les présidents sont obligés de dire ce qui se passe, ce qui leur arrive. Il y avait eu une image saisissante de G.W. Bush. Il était apparu une fois en public, il avait un bleu sur la joue. Alors on lui avait demandé ce qui s’était passé. Il aurait pu mentir et raconter des bobards. Ben non, il a raconté qu’il était devant sa télé, il a avalé un bretzel de travers, paf, fausse route et il s’est retrouvé par terre.

- Thomas Thouroude : Ah oui, c’était l’histoire du bretzel. Ça vous intéresse vous Gauz de savoir que votre président est en forme ?

- Gauz : Non, pas du tout.

- Nathalie Schuck : Non mais on a tellement menti aux Français là-dessus, Mitterrand, Pompidou, Chirac aussi...

- Gauz : Le président, c’est un homme au milieu d’un système, il faut que le système marche en réalité, c’est ça le plus important.

- Nathalie Schuck : Oui, mais cet homme, si jamais il est malade, le système il peut s’écrouler aussi.

- Gauz : La Constitution a prévu de le remplacer...

- Isabelle Saporta : Oui, mais c’est vrai que nous, les histoires de fesses, de santé, tout ça, dans l’ensemble, en France, on décide de mettre un voile dessus et moi ça ne me gêne pas vraiment, honnêtement.

- Thomas Thouroude : Euh... Barack Obama, lui, il publie régulièrement...

- Nathalie Schuck : Barack Obama, on sait tout sur lui. En fait, La Maison Blanche publie, je crois, tous les ans, un bulletin de santé très complet qui est quasiment un compte-rendu technique. On connaît sa taille, son poids, son taux de cholestérol, on connaît sa pression artérielle, son bilan sanguin, même l’état de sa prostate, mais ça, on n’a pas du tout envie de le savoir. On sait par exemple que Barack Obama, sur le dernier bulletin de santé qui a été publié par la Maison Blanche, on apprend qu’il est dans une forme olympique, qu’il a perdu deux kilos, il a un rythme cardiaque qui est de 56 battements par minute, alors, c’est parfait, et une acuité visuelle de 20/20. Seul petit problème, il souffre de reflux gastriques et il est un petit peu accro aux gommes nicotiniques, mais ça, c’est le stress.

- Isabelle Saporta : Le reflux gastrique, c’est moins glamour que le reste hein, je ne sais pas ce que vous en pensez...

- Thomas Thouroude : Alors on peut ajouter enfin que pour clore son meeting, Hillary Clinton a choisi une chanson de James Brown, c’est « I feel good », et on précise quand même, et c’est ça qui est terrible, c’est que elle qui a été victime d’une pneumonie, et ben James Brown, lui, il est mort... d’une pneumonie. Je ne sais pas si c’était un très bon choix de sa part.

 
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Notes

[1À moins qu’il ne s’agisse des initiales de l’animateur de l’émission ? Nous n’osons le croire…

[2Voir plus bas.

[3Le Retour du Chat, Casterman, Bruxelles, 2002 (1987), p. 15.

[4La journaliste Isabelle Saporta est ainsi alternativement présentée comme « spécialiste des questions de société », « spécialiste des questions de vie quotidienne », « spécialiste de l’alimentation », etc. Beaucoup de « spécialités », en somme, et une maîtrise toute relative, en définitive, des sujets sur lesquels elle nous « éclaire ».

[5Sur la page du journaliste, nous n’avons trouvé aucun article consacré au PCF. Mais peut-être avons-nous mal cherché...

[6Tout en reconnaissant le potentiel arbitraire de cette catégorisation, précisons que nous entendons par « politique française » des sujets comme : « Y a-t-il enfin quelqu’un pour sauver Calais ? » (5/9/16), « Affaire Bygmalion : Sarkozy pourra-t-il être candidat ? » (5/9/16), ou encore « Faut-il rendre obligatoire le service militaire ? » (7/9/16). Des questions telles que « À quoi ça sert d’être bon en orthographe ? » (7/9/16), « Faut-il être riche et en bonne santé pour avoir une bonne mutuelle ? » (9/9/16), « Y a-t-il encore un agriculteur heureux ? » (14/9/16), nous semblent quant à elles relever des « sujets de société ». La dernière rubrique comporte des thèmes comme « Génial ! Le panda est sauvé » (15/9/16), « Le prix Goncourt est-il truqué ? » (15/9/16) et « Au fait, c’est qui Ben-Hur ? » (8/9/16).

[7Soit, si l’on ne retient que la durée des « débats », 39 % pour la « politique française », contre 33 % pour les sujets de société, et 28 % pour ceux de la troisième catégorie.

[8Info-spectacle en bon français.

[9Sur dix émissions, cette rubrique de « sous-politique » occupe tout de même 38 minutes de temps d’antenne.

[10Une retranscription de l’intégralité de cette mémorable séquence est disponible en annexe.

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