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Les médias et les quartiers populaires

... Stigmatisations, dissimulations.

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Vus à travers le prisme des médias dominants, les quartiers populaires et leurs habitants subissent bien des déformations. Dissimulation et stigmatisation sont leur lot quotidien. Quand ces habitants ne sont pas tout simplement invisibles et privés d’accès à la parole publique, ils sont caricaturés avec désinvolture et souvent mépris. C’est à peine s’ils sont invités à témoigner de leur misère sociale (et de quelques réussites données pour exemplaires…). A de trop rares exceptions près, la contribution médiatique à la diffusion de l’équation aux relents xénophobes entre « banlieue », « immigration » et « délinquance » en est la manifestation la plus flagrante de la stigmatisation. Mais la diffusion de stéréotypes ou d’euphémismes, qu’il s’agisse de notions ou de représentations (des « quartiers sensibles » à la présentation abusivement homogène de la « banlieue ») doit aussi être prise en compte. Les révoltes de 2005 ont révélé les biais ordinaires d’un traitement médiatique centré sur les manifestations spectaculaires, aux dépens d’une mise en perspective des causes profondes, et d’un sens critique plus que retenu à l’égard de leur gestion gouvernementale. L’insistance du discours médiatique à diffuser une vision strictement territoriale, centrée sur les « quartiers », les « cités » et autres « violences urbaines », participe subrepticement d’une dépolitisation de la question sociale. En dépit de leur diversité, la plupart des médias diffusent une représentation tellement partielle et partiale des quartiers et des classes populaires que celle-ci renforce, en les justifiant ou en les banalisant, les formes d’injustice ou de discrimination dont elles sont par ailleurs l’objet.