La cause est entendue : l’uranium appauvri n’est peut-être pas aussi inoffensif qu’on l’affirme. C’est dit et fermement dit depuis la mi-décembre. Mais il aura fallu attendre plusieurs semaines avant que l’on voit poindre quelques larmes de compassion pour les populations civiles. Pour 10000 projectiles (avec de l’uranium appauvri) destinés à détruire des chars, quelques dizaines (au plus) de cibles ont été atteintes au Kosovo. Pour combien de malades et de morts dans la population civile du Kosovo et de Serbie ? Le " bilan de santé " des civils mérite peut-être autant d’attention que celui des militaires. Le Monde nous apprend que les civils albanophones du Kosovo s’inquiètent d’autant moins des effets des bombardements sur leur santé qu’ils jugeaient la guerre indispensable. On peut comprendre. Mais cela dispense-t-il de s’interroger sur leur santé. Et sur celle des Serbes ?
Des articles, des enquêtes, des reportages nous ont peut-être échappés. Mais il a fallu attendre longtemps avant que la question de la santé des populations civiles soit évoquée. On a pu voir, enfin, un reportage au journal de 20 heures de France 2. Enfin, la question des maladies consécutives à la Guerre du Golfe au sein de la population irakienne est posée, témoignagge d’une pédiatre irakienne à l’appui. Il est vrai qu’Hussein détenait, lui, des armes chimiques... On a pu voir, dans la semaine du 29 janvier, sur la même chaîne, au même journal, un autre reportage sur les effets éventuels de l’urananium appauvri en Serbie. Une occasion pour le reporter de souligner que le silence, en raison des changements démocratiques intervenus dans ce pays, est enfin levé. Mais silence sur le silence des responsables et des médias occidentaux, sur ce sujet comme sur l’ensemble des effets écologiques et humains de la guerre…