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Stéphane Paoli, contrôleur d’antenne sur France Inter

« Radiocom c’est vous » , sur France Inter, permet aux auditeurs de poser en direct des questions à l’invité du journal de 8 heures. Il faut s’armer de patience pour espérer atteindre le standard... et ruser pour espérer voir sa question retenue. Ce jeudi matin 10 juin 2004 sur France Inter, un auditeur a réussi à passer les barrages pour mettre Stéphane Paoli dans ses petits souliers. Extrait du dialogue...

Stéphane Paoli lance Charles, qui appelle de Nancy.

- Charles. « Comme vous êtes un grand démocrate, je vous demande de me redonner la parole après que vous m’ayez répondu afin que je puisse dire si les réponses apportées me paraissent acceptables ou pas, convaincantes ou pas...

- Stéphane Paoli. D’accord.

- Charles. Jean-Paul Cluzel vient de virer Jean-Luc Hees pour le remplacer par Gilles Schneider. Gilles Schneider est un ancien d’Europe 1, Olivier de Rincquesen est aussi un ancien d’Europe 1, Pascale Clark vient aussi d’Europe 1, Stéphane Bern est un ancien d’Europe 1, Stéphane Paoli, vous-même, êtes également un ancien d’Europe 1 et Europe 1 appartient à Lagardère, un marchand d’armes. Europe 1 compte parmi ses employées Isabelle Juppé. Isabelle Juppé est la femme d’Alain Juppé. Alain et Isabelle Juppé ont une fille. Et qui c’est-y qui est le parrain de la fi-fille ? C’est Jean-Paul Cluzel. Et la boucle est bouclée. On comprend mieux pourquoi lors du journal de 19 heures du jeudi 27 mai, il a fallu attendre 19 heures 11, la deuxième partie, pour que soit traitée l’énorme manifestation des gaziers et électriciens qui a rassemblé plus de 80 000 personnes dans les rues de Paris. Je vous demande à vous et au parrain si vous n’avez pas honte de participer à la destruction du service public de l’information ? N’oubliez pas que vous vous êtes engagé devant des centaines de milliers d’auditeurs à me redonner la parole.

- Stéphane Paoli. Ah, la pépinière Europe 1 ! (...) Oui, elle a occupé à une époque un champ important dans l’espace médiatique. Parce que sa qualité était reconnue... Ce qui se passe ici. Un nouveau président est arrivé. Il a été désigné par le CSA. Ça n’est pas la première fois que des enjeux politiques interviennent dans des choix. C’est comme ça qu’a toujours fonctionné ce système-là. C’est comme ça aussi que le CSA est quelquefois, mais pas toujours, dans une forme de dépendance à l’égard du pouvoir politique. Jean-Paul Cluzel arrive ici, il demande à Jean-Luc Hees de quitter son poste, et il le fait dans des conditions qui ont posé toutes sortes de questions dans cette maison. Nous en avons fait l’écho à l’antenne. J’ai publiquement et à plusieurs reprises apporté mon soutien à Jean-Luc Hees, qui a été un très grand directeur de France Inter, qui nous a permis pendant plus de cinq ans de travailler dans une totale liberté (...) »
Maintenant, une nouvelle équipe arrive. Un journaliste, ce n’est pas quelqu’un qui fait des hypothèses ou qui s’interroge sur des choses non encore vérifiables. C’est sur les faits que nous allons juger si nous pouvons continuer ou pas dans le même espace de liberté. Bienvenue à ceux qui arrivent ! Qu’ils nous permettent de travailler comme nous avons toujours travaillé jusqu’ici (...). Bertrand Vannier, directeur de la rédaction, va vous dire un mot (...)

- Bertrand Vannier. Je n’ai jamais travaillé à Europe 1. S’il fallait citer tous les journalistes qui ont travaillé sur France Inter et qui travaillent sur d’autres médias... On ne va pas soupçonner France Inter de prendre le pouvoir dans l’ensemble des médias de France ? Oui, Europe 1 a été une grande école (...).

- Stéphane Paoli. La grande école aujourd’hui, c’est peut-être France Inter ?

- Bertrand Vannier. Jean-Luc Hees est un ami. Si nous sommes amis, c’est que nous croyons à la même forme de journalisme. Ma fidélité n’est pas à un homme, mais à France Inter. Si un jour France Inter changeait, je ne serais plus à France Inter et France Inter ne changera pas tant que nous serons à France Inter. »

C’est beau comme de l’antique ! La question a été noyée sous un flot de paroles et de flagorneries sans rapport avec elle. Quand vient le moment de « l’échange » :

- Stéphane Paoli. « Voilà, Charles. Puisqu’on tient parole aussi à France Inter... mais pas trop longtemps puisqu’il faut passer à d’autres questions. Vous avez à nouveau la parole. »

C’était promis ! Retour au début :

- Charles. « Comme vous êtes un grand démocrate, je vous demande de me redonner la parole après que vous m’ayez répondu afin que je puisse dire si les réponses apportées me paraissent acceptables ou pas, convaincantes ou pas... (...) N’oubliez pas que vous vous êtes engagé devant des centaines de milliers d’auditeurs à me redonner la parole.

- Stéphane Paoli. D’accord. »

C’était promis, mais ce sera très court :

- Charles. « Les réponses que vous donnez sont des réponses qui sont complètement à côté de la plaque. Parce que vous ne répondez pas sur les points majeurs que j’ai mis en évidence...

- Stéphane Paoli (interrompant brutalement son interlocuteur). Non, Charles. Je suis navré mais ma responsabilité c’est qu’il faut un pilote dans un avion. Le pilote ce matin, c’est moi. On vous a longuement répondu. Vous avez posé une question. Vous vous faites votre opinion comme vous le souhaitez, bien entendu, mais il faut vraiment que nous passions à autre chose. Qui est en ligne ? Karim peut-être ? Bienvenue... »

Manifestement, le pilote est assis dans la tour de contrôle.

Michel Davesnes

Lire Stéphane Paoli, co-propriétaire de France Inter.

 
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