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Un article de "L’Express" (16/11/2000)

"Révélations sur un délit d’initié"

L’article dont nous publions ici de larges extraits est paru dans L’Express le 16 novembre 2000. Nous n’avons pas voulu en priver nos lecteurs, pour qu’ils puissent enquêter avec nous sur l’identité du journaliste et de l’écrivain mis en cause (Acrimed).

Une poignée de petits malins ont réalisé une plus-value de 20% sur l’action Promodès. Le juge Courroye enquête

Un journaliste économique [1] réputé, un écrivain aussi brillant que célèbre, un cadre supérieur de la Société générale, des dirigeants de Carrefour et quelques particuliers : ils sont une dizaine à être soupçonnés d’avoir commis un délit d’initié à l’occasion de la fusion Carrefour-Promodès, officialisée le 30 août 1999.
C’est ce que révèle la Commission des opérations de Bourse (COB) dans un rapport - dont L’Express a eu connaissance - transmis en juillet dernier au parquet de Paris. Du coup, celui-ci a ouvert, au début d’août, une information judiciaire contre X pour délit d’initié, complicité et recel, confiée au juge Philippe Courroye. Le magistrat, qui a l’habitude de mener ses enquêtes au cordeau, n’a pas encore procédé à des mises en examen.
Une certitude, pourtant : une poignée de petits malins ont raflé, quelques jours avant la fusion Carrefour-Promodès, plusieurs milliers d’actions Promodès. En achetant ces titres - à environ 700 euros (4 600 F) l’unité - entre le 25 et le 27 août 1999, pour les revendre les 30 et 31 août autour de 840 euros l’unité, ces bienheureux ont réalisé une plus-value de quelque 20%.
Plusieurs dirigeants de Carrefour - via une assistante de direction - auraient ainsi ramassé 6 650 titres Promodès, leur permettant de dégager, en un temps record, un bénéfice global de plus de 6 millions de francs. L’écrivain qui aurait, pour sa part, raflé un peu plus de 1 000 titres, aurait engrangé une plus-value supérieure à 1 million de francs. Quant au confrère, il a visiblement manqué d’audace : n’ayant acheté que 25 actions, il a dû se contenter d’un gain de 25 000 F, pour une mise de fonds initiale de 139 400 F. (...)
Dans la dernière semaine d’août 1999, les accords sont finalisés dans le plus grand secret. Aux termes de ceux-ci, la fusion s’effectuera sous la forme d’une offre publique d’échange (OPE) lancée par Carrefour sur Promodès. La nouvelle doit être rendue publique au début de septembre. Patatras ! Le 28 août, Le Figaro révèle l’OPE. Du coup, en toute hâte, les états-majors des deux groupes sont contraints d’annoncer leur union le 30 août.
Dès le 3 septembre, la COB, inquiète des mouvements tout à fait inhabituels qui ont eu lieu sur le titre Promodès les 25, 26 et surtout 27 août - où 120 000 actions ont été échangées - diligente une enquête. Ses conclusions ? Des délits d’initié ont bien été commis dans les jours précédant l’annonce du rapprochement Carrefour-Promodès.
Ainsi, ce cadre supérieur de la Société générale, gérant de fonds communs de placement (FCP), a raflé 1 700 actions Promodès pour quelques-uns de ses clients. Il les a cédées trois jours plus tard, permettant à ces derniers de réaliser un gain total de plus de 1,5 million de francs. Il n’a pas non plus oublié l’un de ses clients célèbres, l’écrivain flamboyant pour le compte de qui il ramasse 400 actions Promodès. Résultat : une plus-value de 62 400 euros (environ 400 000 francs). Dans la foulée, notre auteur, via une société de gestion dont il est l’animateur, rafle encore plus de 600 titres. Et réalise une nouvelle plus-value, cette fois de 102 990 euros (plus de 650 000 francs). Certains dirigeants de Carrefour et le journaliste - pour des broutilles, certes - on l’a vu, ne sont pas en reste. (...)

Gilles Gaetner "

 
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Notes

[1Tous les passages soulignés dans cette page le sont par Acrimed.

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