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RFI : Déménagement avant fusion avec France 24 (communiqué intersyndical)

« Le 11 avril, le CA de RFI a voté par 13 voix pour et une voix contre (celle de l’intersyndicale qui représente la majorité des salariés) en faveur du principe du déménagement de RFI à Issy-les-Moulineaux, déménagement qui ouvre la voie à la fusion entre RFI, France 24 et MCD. » (RFI Riposte). Nous publions ci-dessous, sous son titre original, un communiqué de l’Intersyndicale (FO, SNJ, SNJ-CGT, SNRT-CGT) diffusé avant le vote. (Acrimed)

Tant qu’il n’est question que de détruire,
toutes les ambitions s’allient aisément (Jules Verne)



Le Conseil d’administration de l’AEF doit entériner aujourd’hui le déménagement de RFI aux côtés de France 24, avant leur fusion.

Si la CNN à la française est sur le point de se mettre en place, pourquoi ceci déplait ils tant aux premiers intéressés, aux salariés de RFI, le « fleuron » de l’AEF ? Si les salariés de l’entreprise ont voté à 92% contre le déménagement, c’est qu’ils sont bien placés pour constater que le projet tel qu’il est parti, est condamné à l’échec.

Au-delà du scandale des salaires des deux dirigeants et leur guerre ouverte par voie de presse, ce qui inquiète les salariés de RFI est le démantèlement programmé de leur radio sous couvert d’une prétendue « modernité » et « d’incroyables synergies ».

Synergie ? Est-ce une mise en commun de moyens pour aboutir à un même but ? Quel but ? Celui de faire des économies ? Le premier plan social à RFI, qui s’est soldé en 2009 par la suppression de 206 postes, a coûté à l’Etat 41,2 millions d’euros. Combien coûtera le deuxième plan social en cours au sein de l’Audiovisuel extérieur de la France ? Et quand viendra le troisième puisque le deuxième continue de supprimer des postes à la production ?

Lancée en décembre 2006, France 24, avec Alain de Pouzilhac à sa tête, dispose aujourd’hui d’un effectif de 445 salariés. Comment expliquer que le PDG de la holding AEF ait engagé deux plans sociaux successifs à RFI tout en continuant les embauches à France 24 ? Où sont les synergies ? Mais pourquoi ne pas mettre en commun les moyens des deux chaînes de télévision de l’AEF, c’est-à-dire France 24 et TV5 Monde ? Où est la logique ?

Faire croire que le journaliste peut faire le même travail pour la radio, la télévision et pour internet, et gagner du temps, c’est ne pas connaître le métier ; c’est oublier qu’il y a un « public-cible » ; c’est entraîner une perte de réactivité et un appauvrissement des contenus.

A RFI les antennes, en français et en langues s’appauvrissent. Après avoir supprimé six langues pour en développer d’autres dans le cadre du Plan global de modernisation, le constat est désastreux. Pour preuve : les émissions en anglais qui devaient passer à 13 heures de diffusion se sont vues réduites à 2 heures de production rediffusées. Où est le développement ?

Le projet de déménagement de RFI à Issy-les-Moulineaux, à l’ordre du jour du Conseil d’administration de l’AEF, est lui aussi préjudiciable du point de vue financier. Le coût du mètre carré est supérieur à celui payé aujourd’hui par RFI dans le XVIe arrondissement de Paris. Une épave bonne à démolir avec de nombreux contentieux non réglés entre le bailleur Crédit Suisse Asset Management et l’actuel locataire. Une location qui deviendra un cauchemar et un gouffre financier pour l’Etat actionnaire.

Le gouvernement et les élus de la Nation ont été informés des défaillances de ce projet. Aujourd’hui, alors qu’il n’existe pas de COM (Contrat d’objectifs et de moyens) signé avec l’Etat actionnaire, alors qu’une Mission parlementaire se penche sur les dysfonctionnements de l’AEF, alors que le Premier ministre a diligenté une enquête de l’Inspection générale des finances, pourquoi seront actés en Conseil d’administration le choix du déménagement et de la fusion ? Alors au nom des salariés, l’intersyndicale de RFI demande quels avantages le pouvoir politique peut-il viser en accélérant la réalisation du projet malgré les aberrations évidentes ?

Le démantèlement de RFI s’inscrit dans le cadre de l’atteinte portée aux services publics et notamment à l’audiovisuel public.

Paris, le 11 avril 2011


 Voir également ici même : « RFI : Résistance nécessaire, résistance exemplaire (entretien avec Julio Feo, délégué syndical) »

 
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