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Quand la majorité devient "une partie", la minorité minore (CGT-AFP)

Nous publions un communiqué de la CGT-AFP, sous son titre original (Acrimed).

COMMUNIQUÉ DE LA CGT TOUTES CATEGORIES DE L’AFP

PARIS, 27 mai 2011

Après les grèves qui ne se voient pas puisqu’on n’en parle pas (rappelons ici la phrase devenue culte du directeur de l’Information, Philippe Massonnet, qui avait affirmé lors de la DPJ de février à propos de la grève de 4 heures pour soutenir les précaires votée à l’unanimité, "une grève de quatre heures ne justifie pas une dépêche"), voici maintenant les grèves votées par "une partie" des salariés. Le texte nous aura au moins épargné la formule rebattue et incantatoire "prise en otage" !

La direction n’avait pas non plus jugé nécessaire de faire une dépêche lorsqu’elle avait été condamnée par un tribunal new-yorkais pour le vol de 13 photos sur Twitter, pourtant une première depuis l’apparition des réseaux sociaux.

Pour la rédaction en chef, l’information devient sélective et non exhaustive. La dépêche relatant l’AG, le vote de la motion de défiance et le mouvement de grève de 24 heures à l’Agence est titré : "AFP/Réforme de la gouvernance : motion de défiance d’une partie du personnel" mettant ainsi l’accent principalement sur la seule "réforme de la gouvernance" et sans précision sur l’unanimité de l’assemblée générale, ni sur la majorité écrasante dans les bureaux, exprimées par le personnel, toutes catégories confondues, contre cette réforme et pour la grève.

Le texte affirme que la CGT, qui a appelé à la grève avec SUD, est minoritaire dans la rédaction et que deux autres syndicats n’ayant pas appelé à la grève représentent plus de la moitié des journalistes, en omettant délibérément que la CGT est le premier syndicat de l’AFP toutes catégories et que ce mouvement concerne l’ensemble des salariés.

Plus grave, le commentaire dans l’avant-dernier paragraphe démontre un parti pris évident en occultant le reste non négligeable de la proposition de loi : "Le texte qui amende légèrement la loi de 1957 portant création de l’AFP prévoit principalement une modification de la composition du conseil d’administration de l’Agence et la mise en conformité de sa mission d’intérêt général avec les règles européennes en vigueur".

On dirait que les différentes interventions des représentants du personnel -tous syndicats confondus- n’ont pas été écoutées lors l’assemblée générale d’hier, tout comme n’ont pas été lus non plus la proposition de loi ni l’ensemble des communiqués syndicaux. Une chose est sûre, le PDG et la direction de l’Information ont fait passer leur message. La dépêche ne reprend qu’un seul point de vue.

A aucun moment ne sont exposés les motifs, détaillés par tous les intervenants lors de l’assemblée générale, et les transformations profondes sur le Statut contenus dans cette proposition de loi qui ont conduit au vote massif d’hier :

 mission d’intérêt général indéfinie, renforcement de la mainmise de l’Etat dans le conseil d’administration et dans les modalités de financement tout en inscrivant dans la loi son désengagement financier

 suppression de la commission financère et obligation annuelle pour le PDG de rendre compte à l’Etat

 obligation d’un contrat d’objectifs et de moyens pluriannuel

 contrôle de la Cour des comptes sur l’Agence

 financement public plafonné

et, cerise sur le gâteau, réduction des administrateurs de la presse avec impératif, selon le projet, de "garanties sur le périmètre des missions de l’agence afin de maintenir l’équilibre entre les rôles respectifs de l’AFP, dont la mission première consiste à fournir des informations brutes à ses clients, et les médias diffuseurs et producteurs d’information auprès du public", ce qui reviendrait à inscrire dans le marbre ce dont rêvaient les patrons de presse depuis des années : l’interdiction de diffuser des informations à destination du grand public, tout en bridant le développement de l’AFP.

La dépêche diffusée hier accrédite de façon tendancieuse la thèse de la direction -et des lobbyistes qui l’entourent- selon laquelle "la réforme de la gouvernance" serait seule en jeu dans cette proposition de loi, tout en faisant oublier l’essentiel : l’assèchement des ressources de l’AFP, sa transformation vers une étatisation/privatisation (mission d’intérêt général d’un côté, activités commerciales de l’autre) et la mort au bout.

Elle prouve une fois de plus les dérives rédactionnelles et les pressions mises en oeuvre sur la rédaction par l’actuelle direction de l’Information, aggravées depuis l’arrivée d’Emmanuel Hoog à la tête de l’Agence.

L’unanimité autour de la motion de défiance démontre que le personnel n’est pas dupe et refuse d’être mis devant le fait accompli par les méthodes de gestion "à la hussarde" et autoritaires de la direction.

NDR  : On attend maintenant la dépêche annonçant l’élection du nouveau président de la République le soir du second tour :

"XX élu(e) par une partie des Français".

"Son programme prévoit principalement une légère modification et un aménagement des panneaux annonçant les radars sur les routes et autoroutes et leur mise en conformité avec le Code de la route en vigueur".

 
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