Une banque qui appartient à ses clients, ça change vraiment tout ?
Après avoir officiellement acquis en 2011 le groupe L’Est Républicain, le Crédit Mutuel est devenu le premier éditeur français de presse quotidienne régionale.
Aujourd’hui à la tête d’un empire dont la mission est d’informer les citoyens, sa responsabilité dépasse de loin la seule gestion des comptes d’exploitation de ces entreprises. Il doit assurer la pérennité de chacun des titres, et garantir un pluralisme qui ne soit pas de façade, en Alsace comme dans les Vosges, en Bourgogne comme dans le Territoire de Belfort.
Aujourd’hui, le Syndicat national des journalistes, majoritaire dans la plupart de ces journaux et première organisation de la profession, ne peut que déplorer une réalité bien différente. La banque fédérative du Crédit Mutuel a engagé une importante opération de concentration, au mépris de l’indépendance éditoriale de chaque journal, et en contradiction avec les engagements pris il y a dix-huit mois devant l’Autorité de la concurrence, pour le maintien du pluralisme dans l’est de la France.
Après avoir réduit jusqu’à l’étranglement les effectifs rédactionnels des journaux acquis en 2009-2010 (Le Progrès, Le Journal de Saône-et-Loire, Le Bien public et Le Dauphiné libéré), elle supprime aujourd’hui une centaine d’emplois de journalistes en ne remplaçant pas les départs aux Dernières Nouvelles d’Alsace, à L’Est républicain et à Vosges-Matin.
Parallèlement, le Crédit Mutuel a décidé de créer un bureau d’informations générales multi-titres à Paris, provoquant ainsi la fermeture des services d’informations générales propres à chaque journal, porteurs de leur identité éditoriale.
Cette négation du pluralisme de la presse s’accompagne d’entraves répétées à l’exercice de mandats syndicaux et de représentation des personnels, ainsi que d’attaques contre le fonctionnement des instances paritaires de la profession de journaliste, notamment la Commission nationale qui délivre la carte de presse.
Première organisation de la profession, le SNJ désapprouve fortement ce comportement patronal indigne des valeurs mutualistes que la banque prétend par ailleurs cultiver, au point d’avoir fait de la spécificité de son modèle coopératif son principal argument publicitaire.
Le SNJ entend mettre en oeuvre tous moyens pour faire échec à ces attaques contre le pluralisme et la qualité de l’information, indispensables à toute démocratie.
Paris,
vendredi 15 février 2013