Maîtriser sa communication en publiant des articles à sa propre gloire, ça sert aussi à ça, d’être propriétaire de journaux ! À travers son « bureau parisien d’informations générales », installé dans ses propres locaux, le Crédit Mutuel-CIC s’est ouvert les colonnes de la totalité des titres du groupe EBRA qu’il contrôle, en publiant, vendredi et samedi, dans tous les journaux, des papiers économiques vantant les performances de la banque fédérative [1].
Quel est le sens, et la valeur, de l’information délivrée aux lecteurs, quand il s’agit d’ouvrir les colonnes des journaux pour faire dire au grand banquier papivore, Michel Lucas, que le CIC-Crédit Mutuel « figure parmi les 50 banques les plus sûres du monde » ? Quel est le message, envoyé au grand public, quand le premier éditeur français de presse régionale utilise « ses » journaux comme vecteurs de sa communication ? Avec évidemment la bénédiction des rédactions en chef, le petit doigt sur la couture du pantalon ! Oublions l’information de proximité, ce qui intéresse la banque « qui appartient à ses clients », c’est surtout la proximité avec les lecteurs… et leur portefeuille.
Pour être complets, ces articles auraient pu préciser que le Crédit Mutuel-CIC, actionnaire de neuf journaux de presse quotidienne régionale, affiche des résultats financiers mirobolants, et dans le même temps, asphyxie les rédactions et condamne le pluralisme de l’information.
Première organisation de la profession, majoritaire dans la plupart des rédactions du groupe, le Syndicat national des journalistes condamne fermement cette dérive, illustration parfaite des travers de la concentration de la presse en France, et de ses conséquences sur le pluralisme et la crédibilité des journaux. Parce qu’il est grand temps de sauver l’information, le SNJ milite au plan national pour qu’une loi reconnaisse l’indépendance juridique des rédactions. Afin de donner aux journaux et aux journalistes les moyens de lutter efficacement contre le poids des actionnaires et de certains annonceurs.