Jeudi 21 juillet 2016, 14h57 : la chaîne d’information i-Télé est la première à l’annoncer :
Aussitôt les réseaux sociaux (et les médias concurrents) s’affolent. Une nouvelle comportant le mot « terroriste » est en effet, comme chacun le sait, potentiellement créatrice de « buzz ».
Mais l’affolement ne fait pas bon ménage avec l’information et, dans de telles circonstances, le journalisme de l’instantanéité a tendance à se saisir du moindre détail qui, quand bien même il ne signifierait rien, peut « accrocher » et générer du clic et/ou de l’audimat.
C’est ainsi que, dans le cas des perquisitions d’Argenteuil, nous avons rapidement été informés de ceci [1] :
Etc.
Le « spécialiste police-justice » d’i-Télé, Jean-Michel Decugis, confirme oralement, à l’antenne, cette information essentielle (15h30) :
Il s’agit d’un pavillon situé à proximité de la mosquée dite Assalam.
C’est ainsi qu’en quelques dizaines de minutes, grâce à la caution apportée par nombre de « grands médias », un amalgame (pas très) subtil aura donc été, une fois de plus, diffusé : islam = terrorisme.
Quel est, en effet, l’intérêt de la précision selon laquelle les perquisitions auraient lieu « à proximité » ou « près » d’une mosquée ? S’agit-il d’une simple précision géographique ? Nous avons du mal à y croire. Car dans ce cas, pourquoi ne pas annoncer que les perquisitions ont eu lieu « à proximité d’une boulangerie » ou « à proximité d’une supérette » ?
On l’aura compris : quelles que soient les intentions des médias et des journalistes qui ont cru utile de préciser qu’une mosquée était sise à proximité de l’opération de police, ils ont repris à leur compte et contribué à renforcer l’amalgame entre musulmans et terroristes, pour le plus grand plaisir de l’extrême-droite [2].
À l’heure où ces lignes sont écrites, aucun lien n’a été établi entre la mosquée et les perquisitions. Ce lien sera-t-il établi ? Nous n’en savons rien, pas plus que les journalistes et les médias qui se sont empressés de diffuser cette « information ». Cette dernière a même disparu des « unes » et des bandeaux des chaînes d’information en continu, les autorités ayant annoncé que les perquisitions n’avaient rien donné.
Mais, serait-on tenté de dire, le mal est fait. Une fois de plus, la course au « buzz », au clic et à l’audimat [3], à laquelle s’ajoute malheureusement une intégration des amalgames par les journalistes eux-mêmes, aura fait des ravages.
Une énième bavure médiatique qui nous rappelle à quel point la précipitation est non seulement mortifère pour l’information mais aussi responsable de la perpétuation, voire de l’amplification, de dangereux amalgames.
Julien Salingue
Annexe : l’extrême-droite se régale.
Etc.