Que serait un coup de force présidentiel sans un service après-vente médiatique ? Non contents d’avoir « joué le jeu macroniste et accompagné, durant l’été, sa trop longue "décantation" de la situation politique », ainsi que le documentait Arrêt sur images, les médias dominants tiennent la gauche pour responsable de l’issue d’une élection dont elle s’est fait dérober le résultat.
Au moyen d’une inversion orwellienne du réel dont ils sont désormais les acteurs coutumiers, les éditocrates relèguent au second plan le fait politique majeur de la conjoncture actuelle – l’alliance du bloc bourgeois et du bloc d’extrême droite – pour mieux reprocher au Nouveau Front populaire son « inflexibilité ». Et surtout, ne lui pardonnent pas d’avoir enterré le retour de Bernard Cazeneuve, la « gauche » de droite dont ils rêvent et qu’ils cherchent, inlassablement, à remettre en selle.
Stéphane Vernay, rédacteur en chef délégué de Ouest-France, résume dans l’édito de Une (6/09) – « La droite l’emporte grâce à la gauche » – le leitmotiv journalistique :
[La gauche] dénonce à nouveau, avec force, "le vol de l’élection" du 7 juillet. En oubliant de dire sa part de responsabilité dans ce dénouement, auquel la stratégie du "programme, tout le programme et rien que le programme" imposée par Jean-Luc Mélenchon à ses partenaires a largement contribué. Une alliance à gauche, entre sociaux-démocrates, écologistes, centre et droite modérée, était à portée avec un Bernard Cazeneuve Premier ministre. L’intransigeance d’une partie de la gauche en a décidé autrement. Celle-là même qui rêve d’obtenir la destitution du Président et cherche à mobiliser la rue. Mais n’est-ce pas là – et rien que là – qu’elle voulait arriver, au mépris des intérêts même de ceux qu’elle prétend défendre et du pays ?
Services public et privé confondus, la très grande majorité du PAF est à l’unisson.
Pauline Perrenot