Accueil > Critiques > (...) > Après le scrutin du 29 mai 2005 [Référendum de 2005]

« Messieurs les censeurs », les urnes ont parlé !

Nous publions ci-dessous un texte de Patrick Braouezec, Gérard Filoche, Jacques Nikonoff, et Georges Sarre qui permet, notamment, de comprendre comment Arlette Chabot sélectionne « ses » invités (Acrimed)


« Messieurs les censeurs », les urnes ont parlé !

Chacun a pu mesurer l’extraordinaire propagande du camp du OUI, que, tout au long de cette campagne, la presse écrite, et a fortiori la presse audio-visuelle, a véhiculée. On aurait pu s’attendre, au soir du 29 mai, face au vote franc, massif, sans appel, du peuple français, à ce que ceux qui se croient autorisés à tirer les ficelles des rédactions écrites et audio-visuelles prennent acte du verdict populaire.

C’était sans compter sur l’extraordinaire arrogance de nos élites médiatiques, à moins qu’on ait assisté au réflexe auto-protecteur d’une élite contestée.

C’est une anecdote, mais elle symbolise superbement le détournement des moyens audiovisuels, notamment publics, qui a été fait tout au long de cette campagne au profit du OUI, et pour tenter de dénaturer la réalité du NON. Elle symbolise, au-delà, le déphasage complet des élites médiatiques avec le peuple français, au point que celles-ci soient sourdes au séisme électoral du 29 mai.

Nous étions tous les quatre attendus, depuis longtemps, sur le plateau de France 2 dimanche soir, entre 23h30 et Minuit et demi, pour réagir aux résultats du scrutin référendaire. Tout à la joie de cette magnifique victoire populaire, nous avons à peine prêté attention à la manière dont nous avons été accueillis, et entassés, debout, dans un corridor. Sur le plateau, les oui-ouistes devisent - en substance : « le peuple n’a rien compris, sans doute faudrait-il en changer ».

Comme nous,Vincent Peillon, Christian Paul, Alain Krivine piétinent bientôt dans ce corridor. Hasard ? Nous avons un point commun, au-delà du fait d’avoir tous été invités : c’est que nous sommes tous des représentants du NON de gauche...

L’heure passe. A la faveur des renouvellements de plateau, nous pensons que, enfin, la chaîne publique va nous laisser entrer, d’autant qu’il ne nous paraîtrait pas illégitime que soient interrogés, aussi, quelques vainqueurs ! Erreur ! Nous constatons que les portes s’ouvrent, en effet, mais pour Dominique Voynet, Jean-François Copé ou encore Jean-Marc Ayrault, bien connus pour leur engagement en faveur du NON ! Arlette Laguiller et Christine Boutin, elles, peuvent aussi entrer. La question se pose : correspondent-elles mieux que nous à l’image que la chaîne veut alors donner du NON ?

Parmi nous, certains quittent les locaux de France 2, exprimant à Arlette Chabot leur indignation, et ces élus du peuple essuient une fin de non-recevoir vertement formulée par la Directrice de l’Information de la chaîne publique ! Un autre tente jusqu’au bout d’entrer sur le plateau, en vain, avant d’être invité fermement à partir par la même Arlette Chabot, lorsque l’émission se termine. Seul l’un de nous peut finalement entrer en plateau... mais reste encore à pouvoir y prendre parole, ce qui est une autre paire de manches !

« Messieurs les censeurs », (ou Mesdames) vous avez tout fait, pendant cette campagne, pour discréditer le NON. Vous avez donné la parole à des experts « objectifs », c’est-à-dire, presque tous oui-oui-compatibles. Vous avez survalorisé l’expression du NON de Droite. Vous avez, jusqu’au bout, méprisé les élus du peuple, les responsables politiques et associatifs, dont la campagne a pourtant été couronnée par un vote populaire indiscutable.

« Messieurs les censeurs », même le Président de la République a dit qu’il « prenait acte » de la décision souveraine du peuple français, et, notamment, qu’il prendrait des « décisions » pour une « impulsion nouvelle et forte de l’action gouvernementale ». Certes, nous considérons qu’il y a là loin de la coupe aux lèvres, et nous n’attendons pas grand-chose de ceux qui, hier encore, diabolisaient le NON et mentaient sur le OUI. Mais tout au moins le Président n’a-t-il pas nié jusque dans la forme le verdict des urnes.

Et vous ? Prenez vous acte du vote des Français ? Mesurez vous le désaveu infligé à votre manière de traiter l’information ? Vous sentez vous encore autorisés à choisir entre ceux qui, parmi les élus, les responsables politiques et associatifs, méritent vos bons soins, et ceux qui, comme le peuple français, sont à vos yeux des imbéciles que vous pouvez mépriser sans vergogne ?

Patrick BRAOUEZEC, député de Seine Saint-Denis (PCF)

Gérard FILOCHE, animateur national de la campagne du NON socialiste

Jacques NIKONOFF, Président d’ATTAC France

Georges SARRE, ancien Ministre, Premier Secrétaire du MRC.

 
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