Dans son éditorial intitulé « Quand les syndicats allemands entrent en crise », Alain Howiller évoque la situation particulière de l’Allemagne, qui n’a pas encore fini de « digérer » sa réunification.
Il commence par un rapide mais honnête résumé de la récente histoire économique allemande, et rend compte du constat qui a poussé le puissant syndicat allemand de la métallurgie, IG-Metall, à entamer un mouvement social dur dans la partie orientale du pays, mouvement qui vient d’échouer : les écarts de salaire et de durée du travail entre l’Ouest et l’Est du pays constituent selon l’IG-Metall « des disparités qui [...] ne se justifient pas ». Jusque là, le ton est sinon bienveillant, du moins neutre.
C’est plus loin que, subrepticement, un premier détail fait tiquer : « Le chancelier Schröder avait condamné un mouvement qu’il jugeait irresponsable[...]. L’appel à la réforme nécessaire soutenu notamment sur le plan fiscal par le SPD et la CDU-CSU ont pesé sur la situation » [1]. Tout est dans le « LA réforme », qui sous-entend l’absence d’alternative : rengaine connue.
Suivent des considérations politico-syndicalo-tactiques sur le prochain congrès du syndicat, prédit comme difficile face à ce qui est considéré comme un gros revers pour le mouvement syndical allemand pourtant réputé puissant. Admettons.
Arrivé là, on se dit qu’on a peut-être sous les yeux un papier sans réelle saveur, certes, mais pas scandaleux non plus. Seulement, la fin vient réveiller le lecteur attentif : « L’échec illustre certes la crise que le syndicalisme du « miracle économique d’hier » vit aujourd’hui : il montre aussi que dans une situation difficile, les Allemands entendent réagir en acceptant des réformes (impôts, retraites, modernisation de l’appareil d’Etat) qu’on refuse ailleurs. »
Français, Européens, prenez-en de la graine : faites comme les Allemands, eux sont raisonnables ! Acceptez ce que vos gouvernants vous proposent, c’est pour votre bien !
Stanislas