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Les DNA pour une constitution européenne et très chrétienne

par Stanislas,

Dans son éditorial du 23 octobre, Jean-Claude Kiefer disserte sur la manière dont il faut —ou non— faire explicitement référence à la religion chrétienne dans la future Constitution de l’Union Européenne. Il ne se gêne pas pour souhaiter un alignement de la France sur les positions favorables à cette référence ; le caractère concordataire de l’Alsace n’y est probablement pas étranger...

Et notre éditorialiste de commencer son article, citant Silvio Berlusconi évoquant « la tradition chrétienne » de l’Europe, que plusieurs Etats (Italie et Pologne en tête) veulent voir explicitement rappelée dans la Constitution de l’Union Européenne au nom d’un ambigu « rappel aux origines ». D’ailleurs, « A priori, ils n’ont pas tort. Les cathédrales, les églises, les noms de lieux soulignent des siècles d’histoire chrétienne. »

Cependant, Jean-Claude Kiefer en convient, cela ne va pas sans mal, car d’autres pays, dont la France, s’y opposent fermement, se situant dans une autre logique : « D’autres courants de pensée, humanistes et rationalistes, nés quelquefois par réaction au christianisme temporel, ont tout autant contribué à l’« européanité ». »

Thèse, antithèse : un peu scolaire, mais voyons la suite : « Mais pourquoi vouloir gommer l’Histoire au nom de la « laïcité » que prône la France, comme si « laïcité » était, dans toutes les cultures, synonyme de « neutralité » ? » Curieux, en passant, de constater que la « neutralité » semble être un mal en soi.

« Dans la Conférence intergouvernementale en cours, Paris est aussi intransigeant sur cette « laïcité » que l’est Varsovie pour la référence au christianisme. Certes, on peut comprendre les positions françaises, surtout à un moment où, sur fond de voile islamique, l’Etat exhorte au respect des « valeurs républicaines ». » On peut comprendre la position de la France, mais Jean-Claude Kiefer nous déconseille visiblement de l’approuver.

Le cas allemand est donc convoqué à l’appui de cette thèse : « Un problème similaire se pose outre-Rhin. Les Länder doivent se prononcer sur le port du voile à l’école pour, vraisemblablement, l’interdire... tout en maintenant les crucifix dans les salles de classe, au nom de concordats avec le Vatican et d’accords signés avec les Eglises réformées. L’Allemagne, sans le clamer haut et fort, revendique aussi ses racines ! » Facile de faire dire à l’Allemagne ce que justement elle se garde de « clamer haut et fort ». En tous cas, le Concordat est pour Jean-Claude Kiefer le modèle à suivre, d’autant que la France l’a maintenu dans les deux départements Alsaciens et dans celui de la Moselle au retour de ceux-ci dans la République en 1918. Cette solution serait-elle le compromis dont tout le monde devrait s’inspirer ?

De toute évidence, oui, d’autant que la situation de blocage ne peut pas durer : « Que la négociation sur la Constitution puisse ne pas aboutir en raison d’une querelle « historique » semble inconcevable. Sans doute s’acheminera-t-on vers un compromis citant, d’une façon ou d’une autre, les deux « traditions », chrétienne et laïque. Que l’on sache, toutefois, que la Constitution de l’Union européenne aura valeur supranationale. Elle s’imposera aux Etats signataires et pourra être invoquée au nom de telle ou telle cause. Avec des conséquences encore imprévisibles, car le débat sur la place de la religion dans la société est loin d’être terminé. Même s’il concerne de moins en moins le christianisme... »
Curieuse logique, qui voudrait qu’on fige dans un texte constitutionnel une référence au religieux, alors que justement, « le débat sur la place de la religion dans la société est loin d’être terminé » et que l’islam est le grand absent de ces tractations entre pays « chrétiens »...

Beaucoup de contorsions pour tenter de remettre en cause la laïcité. Les Dernières Nouvelles d’Alsace, quotidien des diocèses ? Pas vraiment, pas complètement ...

Stanislas

 
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