Un sondage de BVA pour Le Monde et France Inter pose aux Français la question : "Etes-vous pour ou contre l’adoption d’une constitution européenne ?"
A cette question, 72% répondent "pour", 21% "contre", et 7% sont "sans opinion" (compte tenu de l’absence quasi-totale de débat sur ce sujet, on pourrait se demander pourquoi seulement 7% sont sans opinion, mais ce n’est pas le propos).
Et voici comment Le Monde traite ces résultats.
Tout d’abord le gros titre : "Europe : la Constitution et le référendum plébiscités" (quelle Constitution ?)
Puis les sous-titres : "74% des Français se prononcent pour un référendum, 72% pour la constitution" (laquelle ??)
Puis le texte de 1ère page qui apporte la réponse tant désirée (au sens où l’on a été mis en condition de vouloir à la fois UNE réponse et LA réponse) pour ceux qui n’auraient pas déjà compris :
"Selon un sondage BVA pour Le Monde et France Inter, 74% des personnes interrogées souhaitent que le chef de l’état soumette à référendum le projet de constitution européenne préparé par Valéry Giscard d’Estaing, contre 22% qui y sont opposés. Et 72% des Français sont favorables à l’adoption de cette constitution...". (C’est moi qui ai souligné)
Même affirmation biaisée dans le sous-titre de la page 7 où Le Monde repasse une couche (qui montre bien qu’il n’y a pas ambiguïté dans les intentions) en indiquant que "une forte majorité (72%) des Français se dit favorable à l’adoption [du projet préparé par M. Giscard d’Estaing]"
Il faut aller fouiller le 3e paragraphe de l’article de la page 7, qui analyse le sondage, pour trouver enfin une certaine rigueur statistique et journalistique :
"L’enquête de BVA conclut que 72% des Français sont favorables à l’adoption d’ une [ouf ! on finissait par se demander s’il y avait eu une faute de frappe dans la question !] constitution européenne".
Mais dans tout l’article, l’ambiguïté est entretenue sur l’adoption de LA ou d’UNE constitution européenne, laissant entendre : 1. qu’il en faut une ; 2. que c’est celle de Giscard qu’il nous faut.
Un bel unanimisme est tellement rassurant dans un pays qui se pose des questions sur son identité, son "déclin" éventuel, surtout quand le porteur du projet est français et ancien président de la république de surcroît...
Ainsi se prépare un débat biaisé entre "pro" et "anti" européens, selon que vous serez pour CETTE constitution ou contre."
Pierre