Après l’ouverture de son bureau parisien d’informations générales, le Crédit Mutuel, propriétaires de neuf quotidiens régionaux dans l’est de la France [1], vient de trouver une nouvelle façon de mutualiser, encore plus, les rédactions.
C’est désormais Le Dauphiné Libéré qui est chargé de produire les brèves nationales et internationales pour tous les sites internet du groupe. Argument avancé : le bureau parisien n’est pas (encore) en mesure de le faire. Mais c’est bien une économie sur les abonnements AFP qui est visée.
Si cette organisation « sauve » très provisoirement une partie du service des IG au Dauphiné Libéré, elle est dangereuse pour l’emploi et la pluralité de l’information. Elle illustre bien la volonté du groupe de réduire le nombre de journalistes partout où il le peut. Elle montre aussi que sa seule ambition rédactionnelle est de produire la même information standardisée sans souci de l’identité de chaque titre.
En privant les rédactions des moyens de porter à la connaissance de leurs lecteurs les infos qu’elles jugent pertinentes, on atteint à leur indépendance, au pluralisme et à la liberté d’informer. Cette démarche purement économique va à l’encontre de ce qui a toujours fait la force de la PQR : la proximité avec son lecteur. Le traitement, et le choix même des infos publiées, ne peut être le même, que l’on habite Lyon, Grenoble ou Strasbourg. Chaque bassin de vie à ses spécificités, ses centres d’intérêts liés à son histoire, sa culture... Ce que propose le Crédit Mutuel, au delà de la mutualisation des rédactions, c’est l’uniformisation de l’information.
Alors que le Crédit Mutuel ne cesse de se glorifier de ses résultats exceptionnels, il investit de moins en moins dans ses journaux. Sa seule ambition n’est-elle que de les transformer en outils de communication pour développer son influence économique ?
Première organisation de la profession, le Syndicat national des journalistes, majoritaire dans la plupart des rédactions du groupe, dénonce avec fermeté cette volonté de rechercher par tous les moyens à commercialiser une information low-cost, qui ne peut qu’affaiblir la presse régionale, sur le papier comme sur internet.
Paris, vendredi 8 mars 2013