Les larmes de crocodile versées sur le score du Front National (25%) et sur le taux de l’abstention (56%) aux Européennes ne peuvent cacher les responsabilités des politiques d’austérité appliquées par les gouvernements successifs, de droite comme de gauche et, parallèlement, le rôle des médias dominants.
Bon nombre d’éditeurs des médias, dont ceux du service public, ont joué les apprentis sorciers en ouvrant les colonnes de leurs titres et en tendant micros et caméras à Marine Le Pen sans aucune contradiction. Cette démesure, pointée par les temps de parole relevés par le CSA, a contribué à dédiaboliser le FN. Sous prétexte du manque d’intérêt du public pour les élections européennes, ces mêmes médias ont banni les débats sur l’enjeu des élections du mois de mai, laissant la désinformation s’installer.
Parallèlement, la course à l’audimat, la recherche de l’info choc, la surexposition des faits divers, la stigmatisation des populations de banlieue ou des Roms, l’obsession des questions de sécurité ont alimenté des débats sans lien avec l’enjeu de ces élections, occultant l’existence de projets politiques alternatifs. C’est sur ce fond que le parti de la haine déploie ses mots d’ordre xénophobes et d’exclusion, souvent malheureusement relayés par des partis de gouvernement.
Le scrutin passé, la vraie nature du FN est revenue au galop : Philippe Martel, chef de cabinet de la fille de Jean Marie Le Pen, a clairement craché sa haine des journalistes dans une interview au Point. « On va vous marcher dessus, on va vous rentrer dans le lard, il faut vous écraser », a rugi violemment Martel.
Pour le SNJ-CGT, la bataille sur les contenus de l’information est inséparable de la lutte pour le pluralisme. Ce n’est qu’à cette condition que le fossé croissant entre les médias et les citoyens pourra être comblé.
C’est pourquoi il faut rappeler la responsabilité sociale et citoyenne du journaliste. Aujourd’hui, les journalistes avec les lecteurs, les auditeurs, les internautes et les téléspectateurs, doivent combattre le retour des idées de haine.
Le comité national du SNJ-CGT décide de consacrer le dossier du prochain numéro de son magazine Témoins à cette question et mettra en ligne une rubrique sur la lutte contre l’extrême-droite sur son site. Il demande à la direction de la CGT de mettre cette question au cœur de son combat. Il appelle l’ensemble de ses membres et sympathisants à participer à la manifestation antifasciste le samedi 7 juin.
Montreuil, le 04 juin 2014