Claude Perdriel avait déjà bien mérité la gratitude du pouvoir lors du quinquennat de François Hollande, en participant activement au licenciement d’Aude Lancelin de l’Obs, pour des raisons strictement politiques qu’il a lui-même clairement exprimées : la journaliste était jugée trop peu sociale-démocrate au goût des actionnaires [1]. Mais c’est au cours de la campagne pour la dernière élection présidentielle qu’il a donné toute la mesure de son obédience, à la Macronie cette fois. Directement, en déclarant sa flamme à Emmanuel Macron – ce qui est parfaitement son droit ; mais aussi par l’intermédiaire de magazines dont il est propriétaire, instrumentalisant ainsi ces titres de presse ainsi que leurs équipes rédactionnelles.
C’est le magazine scientifique Sciences et Avenir, propriété de Perdriel, qui avait le premier versé dans la Macron-célébration sous la forme d’un entretien privilégié dont aucun autre candidat n’aura bénéficié, ni avant, ni après celui-là. Autre magazine aux mains de Perdriel, Challenges avait également fait la promotion du candidat, au point que la société des journalistes du magazine se soit émue de la ligne éditoriale du journal dans cette campagne, jugée trop favorable à Emmanuel Macron. Quelques jours après les protestations de la rédaction de Challenges, c’est la revue L’Histoire, autre possession du multimillionnaire, qui offrait au seul candidat Macron un entretien de quatre pages.
Bouquet final avec « l’événement » organisé conjointement par Sciences et avenir et Challenges à la gloire des start-up avec pour invité vedette…Emmanuel Macron. Comme l’écrivait alors Acrimed : « on savoure ce petit four offert par une presse qui a le sens des " événements ", à dix jours du premier tour de l’élection présidentielle. » Sans oublier bien évidemment L’Obs, dont Claude Perdriel est encore actionnaire pour un tiers des parts, avec ses « une » enthousiastes pour le candidat Macron, tandis que Matthieu Croissandeau, son directeur de la rédaction écrivait à propos du futur président : « Il a su, mieux que personne dans cette campagne, incarner à la fois un projet, un élan, un espoir de renouvellement et une volonté de rassemblement. » [2]
Difficile de dire si Claude Perdriel a contribué au « rayonnement de la France » comme l’indique le site dédié à la Légion d’honneur, mais pour ce qui est de celui de la Macronie, le doute n’est pas permis.
Jean Pérès