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L’année 2008 commence très mal à La Marseillaise (SNJ-CGT et Filpac-CGT)

Nous publions ci-dessous un communiqué du SNJ-CGT La Marseillaise et de la Filpac-CGT,.

Après le mouvement de grève du 11 octobre, on aurait pu penser que la direction de La Marseillaise allait mieux prendre en compte les exigences sociales de ses salariés. C’est en tout cas ce que pouvait laissait penser l’accord trouvé le soir de la grève et les promesses appuyées de la direction générale : « l’augmentation des salaires est une question importante, nous allons la prendre en considération » ; « le dialogue social doit être amélioré dans l’entreprise, nous allons changer certaines choses », etc., etc…

Trois mois après cette grève, force est de constater que tout continue comme avant. Alors même que les salariés grévistes avaient expliqué à la direction, par le biais de leurs représentants syndicaux, que le mouvement n’était que suspendu et qu’il serait relancé si les promesses n’étaient pas tenues. Dans la foulée, aucun accord de sortie de grève n’a pu être signé, la direction s’entêtant à vouloir nous prendre pour des enfants avec cette formulation (« un engagement écrit de la Direction (cette lettre le spécifie) sur le rattrapage de la Convention collective au cours des prochains exercices, en fonction de la situation financière et des résultats de gestion de l’entreprise » ) qui devait tout d’un coup remplacer notre revendication d’« un engagement écrit de la direction sur le rattrapage de la convention collective au cours des trois prochains exercices, ce plan étant révisable en fonction de la situation financière ». Résultat des courses, Henri Cabel, le directeur administratif et financier, a annoncé au Comité d’entreprise organisé le 27 décembre que le budget 2008 ne prévoit d’appliquer que deux fois 1% d’augmentation de salaire. Il a également indiqué que « les départs à la retraite ne seront pas remplacés ». Pour tenter de faire passer ces deux belles pilules, le directeur administratif et financier a ensuite précisé : « nous allons voir au fur et à mesure en fonction des résultats, en fonction de tout cela et avec une rentabilité meilleure sur le concours de boules. (…) L’essentiel est la bataille de la diffusion du journal pour essayer de la développer, c’est notre raison d’exister ». Comme toujours, « nous allons voir »

Si nous sommes heureux d’entendre le directeur administratif et financier se préoccuper de la diffusion du journal, nous souhaitons aussi depuis longtemps que la direction dépasse le simple stade du discours abstrait. Le directeur général des ventes doit présenter le plus rapidement possible une stratégie de développement des ventes digne de ce nom. Et le directeur administratif et financier doit intégrer dans ses budgets le coût de la mise en conformité avec le droit, de la même manière qu’il y intègre les augmentations du prix du papier ou de l’électricité. Nous avons la faiblesse de penser que l’on ne vend pas un bon journal en utilisant une masse salariale déjà usée jusqu’à la corde comme variable d’ajustement. C’est pourtant tout ce que nous propose notre direction qui fait travailler depuis des années des personnes sous-payées dans des conditions de sous-effectifs insupportables. Du côté de la direction, il n’y a rien de nouveau, donc, depuis la grève du 11 octobre : juste une tentative d’officialisation de l’existant. Histoire de faire porter le chapeau aux organisations syndicales qui ont l’outrecuidance de demander à l’entreprise de se mettre en conformité avec le droit. La ficelle est grosse. Mais l’ensemble des salariés de La Marseillaise le savent, à commencer par ceux de Manosque ou d’Arles qui tiennent une agence à un salarié et demi au mépris de leur santé : la direction a toujours recouru à l’argument misérabiliste pour ne pas embaucher de personnels, ne pas remplacer les arrêts de travail et supprimer des postes.

A l’inverse, du côté des salariés, des choses ont changé. Plus ou moins isolés jusqu’ici, ils se sont rassemblés et ont échangé, quitte à prêter un peu le flanc aux discours culpabilisants et anti-syndicalistes qui affirment que « La Marseillaise n’est pas une entreprise comme les autres » et que ses personnels forment une grande famille (à cet égard, l’affaire Houda Benallal est particulièrement éclairante). Ils ont décidé de voir, s’il était possible de changer cet équilibre budgétaire de l’entreprise qui repose aujourd’hui sur le sens sacrificiel des salariés. Ils ont vite pu constater que la bataille pour la transparence financière n’était pas une mince affaire dans notre entreprise. Etrangement. Car la tabou sur les chiffres de vente ne peut tout expliquer dans cette opacité volontaire. A commencer par l’absence de détails matériels sur le montant du budget des services extérieurs qui s’élève à 5,35 M€. Au final, le mépris que la direction générale a jeté à la figure des représentants syndicaux SNJ-CGT, en juin dernier, lors de la première réunion de négociations (« si vous allez aux prud’hommes, ne revenez plus ici ou vous allez prendre des coups de bâtons ») a fini d’en révolter plus d’un(e).

Après le 11 octobre 2007, la direction aurait pu jouer le jeu de la concertation et de la négociation, en acceptant d’enclencher un plan de rattrapage des conventions collectives sur trois ans révisable en fonction de la santé financière ; et en associant les représentants du personnel à la gestion financière de l’entreprise. D’autant plus que le SNJ-CGT et la Filpac-CGT de La Marseillaise auraient pu se comporter comme des syndicats lambda en demandant l’application immédiate des conventions collectives, puisqu’il reste de la responsabilité morale de la direction d’appliquer les conventions collectives de l’entreprise et de s’en donner les moyens.

Aujourd’hui, la direction préfère bloquer sur la transparence financière et le contrôle de gestion, promettre une aggravation du sous-effectifs chronique, envisager deux fois 1% d’augmentation et juger « superfaitatoires » les revendications de la Filpac-CGT pourtant acceptées en bloc le soir de la grève. Elle préfère ne plus fixer aucune date de réunion de négociation et menacer deux ouvriers de l’imprimerie qui n’ont pas voulu faire tout seul le travail de deux personnes. C’est son choix. Mais il ne correspond ni à l’accord qui se profilait le 11 octobre, ni à ce que les salariés peuvent attendre d’une entreprise de presse comme La Marseillaise. A cet égard, nous ne pouvons que regretter le lourd silence des membres du comité de direction qui n’ont pas accepté d’organiser la réunion de médiation demandée, ni même de répondre à notre demande. Chacun en tirera ses conclusions... Mais une chose est sûre : le vent revendicatif qui s’est levé pour le plus grand bien de l’entreprise ne retombera pas dans un souffle de mépris.


Nicolas Ethève, secrétaire général du SNJ-CGT La Marseillaise et
Frédéric Luzi, secrétaire général de la Filpac-CGT

 
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