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L’actualité des médias n°56 (5 février - 15 mars 2007)

par William Salama,

La transhumance vers le Net et le numérique - Petites et grandes manœuvres dans la presse écrite et l’audiovisuel.

I. La transhumance vers le Net et le numérique

- « Le spectre d’"un monde sans journalistes" » [1] Dématérialisation de la presse, explosion des sites d’informations parallèles, alternatifs, blogs en folie, rentabilité de la machine médiatique destructrice d’emplois, défiance envers les médias : tous ces phénomènes diluent le journaliste et l’esprit du journalisme professionnels, au point que les « Assises internationales du journalisme  » qui se sont tenues du 8 au 9 mars à Lille et Arras, se sont posées notamment cette question : « Un monde sans journalisme ? » [2]. Un spectre menaçant ou une anticipation mercantile ?

- Internet inspirateur. « L’audience Internet mondiale a progressé de 10 % en janvier sur un an, selon les données du cabinet Comscore  » (Les Echos, 7 mars), et les recettes publicitaires « de 3,7% en 2006 selon l’étude IREP / France Pub » d’après la Newsletter de CB News du 9 mars qui précise « qu’internet et la presse gratuite d’information affichent les progressions les plus importantes  » (+45% et +23%) [3]. Du côté de l’audiovisuel, savoir que «  L’Europe [est] terre d’élection de la télévision par Internet », (Le Figaro, 2 mars) suffit pour comprendre cette transhumance forcée ou fortement conseillée vers le monde numérique : « rachat en série de sites Internet par la presse française  » (Les Echos du 27 février).

- TF1 bien sur tous supports. Eurosport (groupe TF1) s’est associé à Yahoo « pour créer un site communautaire européen d’information sportive en ligne, qui sera lancé courant 2007 » (Stratégies Newsletter, 22 février). Il s’agit de « créer une audience captive et hautement attractive au niveau européen pour les annonceurs" » (Laurent-Eric Le Lay, Pdg d’Eurosport, Newsletter de CB News du 21 février).

On ne le relaye jamais assez : « TF1 Publicité cherche la complémentarité avec Internet  », (La Tribune, 5 mars). La régie publicitaire de TF1 a ainsi pris sous sa coupe 7 sites de commerce afin de« pouvoir couvrir 44 % des internautes actifs avec près de 10 millions de visiteurs uniques mensuels » (Stratégies Newsletter, 28 février).

- L’Afp se télévise. L’Agence France-Presse officiellement lancé AFPTV International, renforçant son service vidéo en français et en anglais pour « accélérer son développement multimédia » (Newsletter de CB News, 13 février).

- NRJ multiplie ses webradios. NRJ a annoncé le 13 février qu’il allait passer de « 15 webradios [...] à une quarantaine d’ici à la fin 2007 » (Stratégies Newsletter 14 février). A 600 000 par unité, cela fait du monde au balcon des annonceurs.

- RTL pêche un tiers de ses revenus en ligne. « Plus du tiers du chiffre d’affaires provient aujourd’hui de la vente de contenus et de la diversification », indiquent Les Echos du 9 mars au sujet du groupe RTL qui « veut profiter de la révolution numérique ».

- Le groupe Tests tente NextRadioTV. Le groupe NextRadioTV, est en « négociations exclusives » avec le fonds d’investissement Aprovia pour le rachat du groupe Tests [4], pour 80 millions d’euros. Un beau pur-sang : « 71 millions d’euros de chiffre d’affaires pour un résultat d’exploitation positif de 5 millions d’euros ». Son but : « d’importantes synergies entre NextRadioTV (RMC, BFM, BFM TV) et le groupe Tests à travers la promotion sur les antennes et le développement des activités Internet » (Stratégies Newsletter, 20 février).

- Les propriétaires de 20 Minutes décident de vendre des voitures. Spir Communication (50 % de 20 Minutes) et son concurrent partenaire Schibsted (50 % autres de 20 Minutes) ont décidé de rapprocher leurs « filiales respectives Caradisiac et Schibsted Classified France  ». Si les autorités françaises de la concurrence le veulent bien, cette fusion pourrait être effective en juin et créerait sur Internet un « géant dans le monde de l’automobile » (Tarif Média, 1er mars).

- 20 Minutes en nouvelle version. Le gratuit envisage « le lancement d’une nouvelle version de son site Internet en mars  ». (Presse News, 1er mars).

- Le Figaro enrichit son site. Le site du Figaro s’est enrichi « de deux quotidiens en ligne, www.leFigaro.fr/bourse et www.leFigaro.fr/patrimoine, avec un accès aux contenus entièrement gratuit  » (Stratégies Newsletter, 23 février).

- Prisma Presse joue la carte des grilles TV. Prisma Presse a racheté « programme-tv.net, qui revendique la position de leader des sites français de recherche des programmes télés » (plus d’1,2 million de visiteurs uniques en janvier 2007) » (Newsletter de CB News, 23 février).

- Le Point invente le sondage en temps réel. Ridicule en terme d’audience (et donc de revenus publicitaires) comparé à ceux du Nouvel Observateur et de L’Express, Le Point a refondu son site et propose depuis le 1er mars « à minuit, du lundi au samedi, le premier baromètre électoral en continu  » (Stratégies Newsletter, 1er mars). Au passage, notons qu’il est créé en partenariat par Ipsos avec le constructeur informatique Dell. La démocratie d’opinion se mue en démocratie électronique en temps réel et l’on s’en vante : « Ipsos invente le baromètre électoral en continu » (Libération, 28 février).

- Lagardère dématérialise Première. Première n’est plus en sursis (lire plus bas "le Plan Lagardère Active Média en action") mais relancé (« la dernière chance ») depuis le 5 mars, avec « une nouvelle formule et un nouveau site [...] qui se veut culturel au sens large » et, pour ce qui est de la publicité, « une campagne de 1,5 million d’euros  » (Stratégies Newsletter 22 février).

- Le Dauphiné libéré a aussi un site "Présidentielle". Il « vient d’ouvrir un site, www.quelcandidat.com, consacré à l’élection présidentielle, qui fait "interagir" les informations des journalistes et celles des utilisateurs (Stratégies Newsletter, 20 février).

- Le rapport qui voue la presse au numérique et à la concentration. Le bon gros rapport - « La presse au défi du numérique » » - de Marc Tessier, ancien président de France Télévisions, actuellement DG de Netgem Média Services -, remis le 19 février au ministre de la Culture ne voit comme salut pour la presse écrite que de la projeter dans la Toile, et d’accroître sa concentration qui dégagerait plus de rentabilité afin que les journaux puissent se moderniser : « La presse incitée à se concentrer face au numérique », (La Tribune du 20 février). Comme le mouvement de dématérialisation est lancé («  le numérique bouscule l’édition des journaux  », Le Monde, 14 février), celui de la concentration devrait l’accompagner. « La presse au défi du numérique » propose en outre deux idées dans l’air du temps. L’une propose de rémunérer les « journalistes-citoyens » (à définir ...) et l’autre envisage de créer un « label » pour les sites d’information, «  pour indiquer qu’un site suit, pour la production de ses contenus, des règles précises de déontologie et de contenu  » (Messieurs les censeurs, bonsoir ?).

II. Tous médias

1. Presse écrite

- Le Figaro et L’Express pour les embauches (des autres). Le Figaro (Dassault-Socpresse) se maque avec L’Express (Roularta) pour « lancer un supplément d’offres d’emploi papier baptisé "Réussir", qui sera diffusé à "plus de 800.000 ex [et] touchera plus de 3 millions de lecteurs" pour offrir "la plateforme d’offres d’emploi print la plus puissante de la presse française » (CB News, 27 février).

- Le Bild français doit s’imprimer en France. Les effectifs des imprimeries qui fabriquent les journaux souffrent aussi de la baisse de la diffusion au profit de la numérisation. Dans ce contexte, la Filpac-CGT (Fédération des travailleurs des Industries du Livre, du Papier et de la Communication Cgt) ) « "s’étonne" de ne pas avoir été contactée par les équipes d’Axel Springer, qui travaillent sur la création [...] d’un nouveau quotidien, inspiré du Bild allemand  ». Il rappelle opportunément qu’en France, « la fabrication des quotidiens nationaux répond à des règles "conventionnelles" qui doivent être respectées "par l’ensemble des quotidiens, qu’ils soient payants, gratuits ou propriété de groupes étrangers"  » (Newsletter de CB News, 19 février). Un rappel utile, en effet... Robin Leproux, le président d’Axel Springer France ayant plutôt annoncé dans un entretien au Figaro daté du 10 février que son « Bild à la française » serait lancé au deuxième trimestre 2007, à un prix de dumping « vendu 0,50 euro ». Il exigeait, qui plus est, une « amélioration de la distribution pour atteindre ses objectifs de 500 000 exemplaires ».

- Colombani en campagne. Jean-Marie Colombani a fait part de son intention de briguer un nouveau mandat de six ans, « alors que le conseil de surveillance débat d’une réforme des règles de gouvernance du groupe ». A savoir : un « élargissement du directoire de trois à cinq personnes », les « fonctions de président du directoire et de directeur de la publication seraient dissociées » et « le droit de veto dont dispose la Société des rédacteurs du Monde sur la nomination du patron du groupe serait réformé. Mais ce dernier point ne s’appliquerait que dans six ans » (Stratégies Newsletter 15 février). Dans la foulée de Bild menaçant de casser le marché (lire plus haut), il promet « d’engager une réflexion sur un quotidien bon marché. » (La Tribune du 12 mars).

- Metro engrange et 20 Minutes engage. Le marché bien rempli des gratuits (avec dernièrement le Direct-Soir de Bolloré, Matin Plus du même avec Le Monde) qui écume et ratisse celui de la publicité est dominé par Metro (et de TF1, son actionnaire). Ce marché a augmenté en France de 23 % sa distribution en 2006 (636 371 exemplaires selon l’OJD), et affiche à l’international « un bénéfice de 2,1 millions d’euros pour 2006, avec un chiffre d’affaires en hausse de 36 % à 37,4 millions d’euros » (Presse News, 1er mars). 20 Minutes «  envisage maintenant d’atteindre l’équilibre en 2007, en conservant un plan ambitieux de 30 nouvelles embauches au cours du premier semestre 2007  » (Presse News, 1er mars). C’est à relever.

- Vincent Bolloré convertit aux gratuits. Le 6 février, Bolloré lançait son gratuit Matin plus, en partenariat capitalistique et éditorial avec le groupe Le Monde. Il « prévoit 52 millions d’euros de pertes avant d’atteindre l’équilibre » (Les Echos, 7 février) et projette déjà de « sortir prochainement une édition locale à Quimper sous le nom de Bretagne Plus » (Stratégies Newsletter du 7 février). Toujours selon Stratégies Newsletter du 8 février, « l’homme d’affaires réfléchit au lancement d’un mensuel gratuit pour les femmes en 2007 ».

_ - Vincent Bolloré regarde Les Echos . Il « serait intéressé » par l’influent Les Echos - influent dans le landernau des décideurs « si le journal économique était mis en vente par Pearson, selon des propos rapportés - sans citation directe - par le Financial Times » mais « exclut, toujours selon le Financial Times, de prendre une participation dans Le Monde » (Stratégies Newsletter, 6 mars).

- Les «  emmerdements  » de Dassault. C’est évidemment invérifiable et cela ne sort qu’aujourd’hui, en février 2007. « Les journaux, ce ne sont que des emmerdements » aurait lancé Serge Dassault, alors propriétaire de L’Express, à Denis Jeambar, alors ancien directeur de cette publication, qui rapporte ses propos (du 8 février). Dassault avait tenté de le dissuader de publier les caricatures de Mahomet (février 2006) au motif que « Jacques Chirac devait se rendre en Arabie Saoudite quinze jours plus tard. ».

- Voici Axel Ganz dans les chroniques judiciaires. Après « avoir été mis en examen le 29 janvier pour "abus de bien social" » Axel Ganz, l’ancien patron du groupe Prisma, a été entendu par une « juge parisienne chargée d’une enquête sur des rémunérations suspectes de reportages "exclusifs" pour le magazine people Voici » (Newsletter de CB News du 7 mars).

- La Voix du Nord recomposée. Aude Jacques-Ruettard, petite-fille d’Hersant, (sans aucun lien capitalistique avec le groupe éponyme, sauf, disons, l’amour du papier) a racheté « 20% de ses parts au travers de son holding luxembourgeois AJR Participations » au groupe La Voix du Nord « détenue majoritairement par le groupe belge Rossel  », et y sera accueillie « comme membre actif tant de son conseil d’administration que de son comité de réflexion stratégique mensuel » (Newsletter de CB News 7 février). Et dans la même période, « la rédaction dénonce "la charge de travail" », (Libération, 8 février).

- Le plan Lagardère Active Média en action. Bien qu’en « croissance de 0,9 % à 8,091 milliards d’euros » (Le Figaro du 9 février), « dès janvier, le groupe Lagardère avait annoncé son intention de fermer ses titres non rentables et de réduire de 7 à 10 % ses effectifs dans le monde. » Voilà donc Top Famille (co-détenu avec Le Monde) ; premier à disparaître mais pas ses « 15 salariés en CDI et une vingtaine de pigistes. Un plan social a été négocié avec la direction et le personnel entend désormais se battre pour faire respecter l’obligation légale de "reclassement" de tous les salariés » (La Croix du 19 février).

Autre cession : Lagardère Active Médias a vendu Automobiles classiques à Thierry Taittinger, pour « le million d’euros » (Stratégies Newsletter, 19 février). Mais, le 15 mars, on apprend que le groupe Lagardère va « prendre "le contrôle exclusif" de la société SPF [Société de Presse Féminine], qui édite le supplément hebdomadaire Version Femina, détenu jusqu’à présent à 50/50 avec la Socpresse » (Newsletter de CB News du 15 mars). Soit un investissement sur le 2e hebdomadaire français « avec une diffusion France payée de 3 655 045 ex. (OJD 2006) et une audience de 10,259 millions de lecteurs (AEPM 2006) ». (Newsletter de CB News du 15 mars).

- Distributions (1) : Clash aux NMPP. Les NMPP (en perte), détenues à 49 % par Lagardère (et à 51 % par les patrons de presse) sont en « crise ouverte » (Les Echos) après que son conseil de gérance (8 membres) a « voté la suspension de la redevance annuelle de 17 millions d’euros  » qu’elle verse à Hachette (Le Figaro du 8 mars). Motif : Lagardère ne veut plus mettre un kopek. Plus trivialement, chacun se passe cette patate chaude : « la responsabilité des uns et des autres face au plan de modernisation [...] estimé entre 100 et 150 millions d’euros  », et, destiné notamment « à enrayer la fermeture des points de vente de journaux  » (Stratégies Newsletter, 7 février). Cette « décision pourrait précipiter le départ du groupe Lagardère des messageries », ce qui l’arrangerait, soit dit en passant... (Stratégies Newsletter 8 mars). Dans Le Monde du 14 mars, Lagardère a estimé que les frondeurs du conseil « "n’ont pas autorité" à suspendre la redevance due à Hachette  » et, dit avoir « "construit un modèle, qui peut passer par une réduction de la redevance, un financement venant d’un autre investisseur et une aide de l’Etat" ».

- Distribution (2). Résistances des salariés. Le 29 février, « des salariés des NMPP ont observé des débrayages à l’appel de la CGT, pour dénoncer "le non respect des engagements de la direction" » sur le plan 2004-2007 (Newsletter de CB News 28 février). Et le lancement de Matin plus (détenu à 30% par Le Monde, avec la vocation d’être une propriété à parité des deux actionnaires) a provoqué la colère du Syndicat national de la librairie et de la presse qui a appelé mardi 6 février les marchands de journaux parisiens à boycotter Le Monde.

- Distribution (3). Plus de kiosques à Paris. Sous le titre prémonitoire « La distribution au bord de la crise de nerf » CB News du 5 février écrivait : « A Paris et dans les grandes villes, les kiosques ont plutôt tendance à fermer qu’à ouvrir ». Œuvrant contre ce tarissement, Jean-Paul Abonnenc, directeur général de l’AAP (filiale à 49 % d’Hachette et à 51 % des NMPP, qui gère la concession de service public du Conseil de Paris pour la gestion des kiosques parisiens, déclarait à L’Humanité (le 10 mai 2006) vouloir « inverser la tendance », et, à Presse News (le 3 mars 2007) : « nous avons inversé la tendance ». Soit un gain à Paris de 32 emplacements en activité » ... Il veut la légion d’honneur ?

2. Radios et télévisions

- Le plan Lagardère Active Média en action (bis). Côté ondes, Europe 1 tangue, car le même groupe Lagardère, sa maison mère, « envisage de réduire les effectifs de la station dans le cadre de son plan d’économies ». Un « projet "mal vécu" par les salariés », qui ont convoqué une « assemblée générale du personnel  » avec « menace de grève [...] brandie » et obtenu une « négociation sur le sujet des effectifs de la radio  » (Newsletter de CB News 23 février).

- Vincent Bolloré devient un fournisseur de programmes. Son groupe Euro Media (SFP, VCF, 130 millions de chiffre d’affaires, 350 salariés) a annoncé « avoir signé une lettre d’intention de fusion avec le groupe européen UBF Media Group. Ce rapprochement permettrait de créer l’un des premiers prestataires techniques audiovisuels européens » (Stratégies Newsletter, 28 février).

- Patrick Le Lay prévient qu’il part dans deux ans. Patrick Le Lay (« Pdg emblématique », écrit l’AFP le 21 février) se hâte lentement de partir en retraite (car dans deux ans) pour confier les destinées « du temps de cerveaux disponible des téléspectateurs » à Nonce Paolini (directeur général de Bouygues Telecom) qui s’occupait aussi très bien des euros disponibles des jeunes accrocs du téléphone portable.

En effet, bien qu’il s’agisse « d’un retrait progressif de la direction opérationnelle du groupe TF1  » et « même s’il est prévu qu’il reste à la présidence pendant encore deux ans », ce faux départ crée l’événement médiatique et les hommages pleuvent comme s’il était mort (« Vingt ans à la tête de la première chaîne d’Europe », Le Figaro, 21 février).
Derrière le changement de personne, des choix stratégiques. Mais ce tapage ne vient que confirmer la nouvelle stratégie (proche de celle de Lagardère) : « TF 1 entre dans une nouvelle ère » (Le Figaro, 23 février) ; « nous devons renforcer la part de voix de TF1 sur tous les supports et toutes les cibles, a martelé Patrick Le Lay. Cela implique que l’on sécurise les droits sur la totalité des plateformes de diffusion.  » (Le Figaro du 22 février). Et ainsi faire progresser de « de 6% à 8% ses recettes publicitaires en 2007 » (Investir Hebdo, 21 février). Mais surtout : « Bouygues Telecom et TF1 appelés à travailler davantage ensemble » (Le Figaro, 1 mars).

- Financement des chaînes publiques : des miettes et sous conditions. Des Contrats d’objectifs prêts à être signés... Jérôme Clément, PDG d’Arte France, a promis « une moyenne de 3,5% de part d’audience par an en diffusion analogique (3,3% en 2006) et de 2,5% en TNT (1,5% aujourd’hui)  » à l’Etat qui s’est « engagé à une progression annuelle de 5% sur le budget de programmes  » entre 2007-2011 (Stratégies Newsletter, 2 mars). Et Patrick de Carolis, président de France Télévisions, a obtenu une hausse annuelle de son budget de 3 millions d’euros et « se félicite d’avoir obtenu un « financement pérenne » qui lui permettra notamment de se développer dans la haute définition et de garantir son soutien à la création de 20 millions d’euros par an » (Stratégies Newsletter, 6 mars).

- Loi sur la télévision du futur : adoptée. Le 22 février, le Parlement a adopté définitivement le texte sur la télévision du futur, et plus tard le Conseil constitutionnel n’a pas jugé recevable le recours des socialistes sur l’attribution d’une chaîne « bonus » à TF1, M6 et Canal Plus. Leur grief était tout de même assez pertinent, jugeant que ce bonus entravait « "le « principe d’égalité et le principe de pluralisme ». Mais selon l’instance, l’attribution d’une chaîne numérique supplémentaire à ces malheureux TF1 et M6 ne constitue pas une « "compensation manifestement disproportionnée" » - [sic]. De fait, notre Conseil constitutionnel a déclaré conforme à la Constitution la loi relative à la « modernisation audiovisuelle et à la télévision du futur », (Newsletter de CB News 1er mars).

- Télévision mobile personnelle (TMP) . La télévision mobile personnelle va être lancée et on piaffe d’impatience. Elle « devrait être mise en place avant la coupe du monde de rugby, qui se déroulera en France en octobre 2007 ». Le CSA procédant « aux appels à candidatures réservés aux seuls éditeurs de services de télévision  » puis à « la constitution des multiplexes auxquels seront associés les opérateurs télécoms » (Les Echos du 5 février).

- Toujours plus. Le groupement TNT [5], veut plus de terrains de jeux. Il a demandé par écrit au CSA de « créer un groupe de travail sur l’extension de la couverture de la TNT "au-delà des 115 émetteurs déjà choisis"  » (CB News, 27 février). De son côté, NRJ présente son projet pour la TNT francilienne sur les quatre fréquences « en association avec Telif, qui rassemble sept chaînes locales d’Ile-de-France  ». Enfin, dans une synthèse de ses consultations sur les modalités techniques de lancement de la radio numérique, le CSA insiste aussi sur le « large consensus » pour « lancer à brève échéance la radio numérique » (Stratégies Newsletter, 12 février). Les batailles territoriales débuteront ensuite.

- Canal + au « service de la nation ». Le groupe Canal Plus a enregistré « une hausse de 20% de son résultat net consolidé à 42,4 millions d’euros, contre 35 millions d’euros en 2005, pour un CA en progression de 100 millions d’euros (+7% par rapport à 2005) » (Newsletter de CB News 8 mars) et va lancer « un programme d’économies visant les coûts de programmes et les autres coûts d’exploitation  » (Les Echos, 4 février). Mais « Il a aussi a annoncé le lancement de "TNTSAT", un mini-bouquet diffusé à partir du 15 juin via le satellite Astra proposant un accès libre aux 18 chaînes gratuites. (...) Une disposition qui permettra à 100% des Français de les recevoir en particulier dans les zones non couvertes par la TNT, conformément au souhait du gouvernement  » (Newsletter de CB News 8 mars). Canal + ose, en arguant qu’il « rend service à la nation » (CB News, 12 mars). Un sacrifice qui va lui permettre d’attirer le pauvre téléspectateur sur ses autres offres payantes ?

- La Tour Eiffel garde TDF. TDF [6] a conservé la jouissance de « l’exploitation du site de la Tour Eiffel » après un appel d’offre de la Ville de Paris selon les règles d’une « vraie mise en concurrence ». Towercast (NRJ Group), qui y croyait, a demandé la suspension mais le « juge des référés du tribunal administratif de Paris, a prononcé un "non-lieu" [...] qui valide le contrat conclu entre la Ville et TDF » (Newsletter de CB News 7 mars).

 
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Notes

[1Titre d’un article du Monde du 11 mars : « Le spectre d’" un monde sans journalistes "  »

[2Hervé Bourges, président de l’Union internationale de la presse francophone, ancien président du CSA et de France Télévisions, s’est notamment insurgé contre les émissions de débat sans journalistes [Le Monde du 11 mars, article cité

[3La télévision 4,5%, les quotidiens nationaux + 3,5%, la radio + 1,5% et la presse magazine -1%

[401 Net, Micro hebdo (170 000 ex.), L’Ordinateur individuel, 01 Informatique

[5Arte France, Bolloré Média, France Télévisions, Groupe AB, Lagardère Images, i-TELE, LCP-Assemblée nationale, Nextradio TV et NRJ Group

[6Caisse des Dépôts : 24%, les fonds d’investissements : Charterhouse Capital Partners : 14%, Texas Pacific Group : 42% et AXA Private Equity : 18 % , et, le management et les salariés : 2%

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