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Quand le débat médiatique s’enflamme

Exercices de contrition et/ou d’absolution (1)

De la critique des médias dans les médias

(1) De la critique des médias dans les médias (2) Censure ordinaire et censure extraordinaire (3) Exercices d’auto-absolution


Première version : 12 mai 2002. Dernière mise à jour : 17 mai 2002

La critique des médias dans les médias semble obéir à un rituel immuable. Comme tout rituel, celui-ci peut être décomposé en un ensemble d’actes : les actes de célébration, les actes de contrition, les actes d’absolution.

Quand les actes se chevauchent, cela s’appelle un débat : entre ceux qui chantent leur propre louange et ceux qui concèdent quelques excès, avant que tout ne recommence, sans grand changement, à une autre occasion.

Quand le débat s’empare de tous les médias, cela devient " le débat du moment ", avant qu’un autre débat chasse le précédent, tous problèmes irrésolus, toute amnésie bue jusqu’à la lie en guise d’absolution.

Sans doute, nombre de journalistes s’engagent-ils dans ces discussions avec la ferme volonté que cela change. Ils parviennent parfois à obtenir - pour un temps au moins - des "progrès" significatifs. Jusqu’à la prochaine bourrasque ...

Exercice obligé : le "débat" sur le rôle de la télévision à l’occasion des élections présidentielles. Pourquoi mettre des guillemets à ce "débat" ? Parce que son orchestration - médiatique, précisément - invente de faux problèmes pour éluder les vrais.

Comme il est évident que la télévision n’est pas, par elle-même, responsable des résultats électoraux du Front National, à quoi bon se demander si la télévision en est responsable ?

Comme il est évident que ce n’est pas l’ampleur quantitative prise dans les médias par le " thème de l’insécurité " qui explique, par elle-même, la " sensibilité de l’opinion " aux atteintes aux biens et aux personnes, à quoi bon se demander si c’est le nombre qui fait le matraquage ?

Le matraquage est indissociable de la mise en forme du " problème " et de sa mise en spectacle. Et de la place qui lui est accordée par rapport aux formes de l’insécurité sociale (chômage, précarité) dont il est largement la conséquence.

(On peut lire par exemple quelques phrases de Loïc Wacquant qui valent mieux sur ce sujet, que des centaines d’articles)

Aucun média d’importance n’échappe au "débat" du moment - débat médiatiquement construit et orchestré. Citons en vrac (avant d’y revenir ultérieurement)...

Aperçu provisoire des articles parus depuis le 5 mai

(avec Alain)

 Dans Télérama du 2 mai, puis dans Télérama du 8 mai, sous le titre, cette fois :

" Montrées du doigt après les résultats du premier tour, les chaînes de télé se remettent en question.

L’insécurité zappée des JT "

 Dans Le Nouvel Observateur du 9 mai,

Françoise Giroud consacre une partie de sa chronique à la télévision. Titre de la chronique :

" La machine à décerveler "

Marie-France Etchegoin propose une enquête :

" Coupables, levez le doigt ! "

Et cette enquête commence ainsi :

" Le Pen : la faute aux médias ? Presse écrite, radio, mais surtout télévision : les journalistes portent-ils une responsabilité dans le séisme politique du premier tour ? Certains le nient. D’autres en conviennent. "

 Dans Marianne du 6-12 mai, deux pages : une courte introduction d’une colonne et deux entretiens (avec David Pujadas et Denis Muzet, de l’Observatoire du débat public), sous le titre

" Insécurité

La faute à la télé, vraiment ? "

La suite (2) Censure ordinaire et censure extraordinaire

 
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