(1) De la critique des médias dans les médias (2) Censure ordinaire et censure extraordinaire (3) Exercices d’auto-absolution
A tout seigneur, tout honneur... rendu par Le Monde (daté du 16 mai 2002) qui a offert à Patrick Poivre d’Arvor - privé de toute point de vue sur TF1 pour cause d’ " objectivité " quotidienne - la possibilité de répliquer à Julien Dray. Cela nous a valu une invraisemblable tribune libre qu’il faudra commenter ligne à ligne, tant s’y étale le prêt-à-opiner vengeur du télécrate ordinaire.
Cela s’intitule " Tuons le messager de malheur ! " et mérite que nous y revenions plus tard.
Extrait :
(En gras : c’est nous qui soulignons)
" (...) A mes yeux, tous mes confrères ont bien travaillé. Ils ont rendu compte d’une réalité. Ils ont relevé qu’il y a cinq ans chacun s’indignait d’avoir un chômeur dans son entourage et qu’aujourd’hui on se lamente de connaître un proche victime de vandalisme ou de violences. Mais ils ont aussi montré les milliers d’initiatives de bénévoles, d’associations qui luttent efficacement pour la prévention de la violence. Parce que les journalistes sont aussi des citoyens. Ils ont envie d’une France apaisée.
Quand j’étais petit, monsieur le député, il n’y avait pas de rubrique "insécurité" dans les journaux, mais des faits divers. C’est la même chose. Ce ne sont pas les journalistes qui ont inventé ce terme, mais les technocrates. On ne poussait pas des cris d’orfraie quand on parlait de sauvageons, on disait tout simplement mal élevés ou petites frappes. On ne parlait pas, en se pinçant le nez, d’actes "d’incivilité". On disait paires de baffes, bagarres ou petites saloperies. Et quand un père de famille était lynché parce qu’il avait cru bon de demander des comptes aux courageux qui rackettaient son fils, on n’excusait pas les "jeunes" victimes de la société, on désignait des "voyous" et on avait d’abord une pensée pour la vraie victime. La France n’était pas plus caricaturale qu’aujourd’hui, peut-être un peu moins confuse.
Pourquoi nous voiler la face ? Ces faits-là existent, en quantité plus impressionnante que naguère, nous disent les statistiques. Avant d’en rendre compte, nous nous interrogeons longuement. Nous expurgeons, nous relativisons. Nous n’avons jamais nommé les coupables, parce que rien n’est binaire quand on parle de l’âme d’un peuple. Et que tous les gouvernements se sont heurtés aux mêmes problèmes. A la télévision comme ailleurs, nous nous sommes contentés d’énumérer des faits qu’apparemment il eût fallu cacher et qu’aujourd’hui on amalgame pour faire masse. "
Absout par son confrère, Daniel Bilalian pouvait pousser un soupir de soulagement : il avait bien travaillé. Ce qui nous valut au journal de 13 heures du 16 mai cet avertissement précédent un " sujet sur l’insécurité " (attention propos saisis au vol, exactitude non garantie) :
" Contrairement à ce que disent certains esprits mal informés ou mal intentionnés ", le problème de l’insécurité existe...