C’en est trop. Le projet de transformation de Libération, qui entrainera le départ de près de 100 salariés du quotidien et qui met en péril la survie du titre, ne passera pas. Et c’est le directeur de Libération, Laurent Joffrin en personne, qui le fait savoir :
Les budgets se réduisent, les moyens s’amenuisent, les journalistes dignes de ce nom commencent à coûter trop cher. Si rien ne change, l’avenir est tracé : les médias seront de moins en moins capables d’entretenir des rédactions nombreuses, expérimentées et talentueuses. Le modèle low cost deviendra la norme, qui réunira sur un même plateau des rédactions multimédias peu nombreuses et travaillant très vite, par téléphone ou sur internet, incapables de dégager du temps pour enquêter en profondeur, ou de payer des spécialistes dont l’expertise acquise au fil de longues années les rend à même de contester les informations que diffusent les pouvoirs, économique ou politique.
Voilà qui est bien dit. On espère que les actionnaires du journal entendront le message et que le projet de transformation de Libération, dont nous avons évoqué les conséquences désastreuses ici, sera immédiatement revu.
À moins que… À moins que ces tonitruantes déclarations de Laurent Joffrin ne concernent pas la saignée dont est victime le quotidien. Ce qui est fort probable, car elles datent de… 2009 : on peut en effet les trouver à la page 41 du misérable pamphlet Média-Paranoïa (dont nous avions rendu compte sur notre site).
Rien à voir donc avec les événements en cours à Libération, où Laurent Joffrin, qui met en place sans rechigner la « réforme » voulue par les actionnaires, pourra continuer, comme il sait si bien le faire, de « contester les informations que diffusent les pouvoirs, économique ou politique ».
Julien Salingue