Dans Sur la télévision, paru en 1996, ouvrage qui fit date et valut aussi à son auteur bien des inimitiés médiatiques, Pierre Bourdieu jugeait délétères l’influence de la télévision et « l’emprise du journalisme » sur les champs culturels et intellectuels, ainsi que sur le débat public. En toute logique, les apparitions audiovisuelles de Bourdieu, furent donc, tout au long de sa carrière, extrêmement rares [1].
Nul besoin d’être un spécialiste de son œuvre, un grand sociologue, ni même un expert de la vie académique et intellectuelle pour savoir à quel point Bourdieu était critique vis-à-vis des logiques du fonctionnement médiatique et méfiant à l’égard du journalisme dominant. N’importe quel étudiant qui s’intéresse un tant soit peu à la vie intellectuelle en France et à son histoire récente sait que Bourdieu goûtait fort peu les plateaux de télévision.
N’importe quel étudiant, mais pas l’auguste Natacha Polony, qui est pourtant une vedette de l’éditocratie, désormais directrice de la rédaction de Marianne – après avoir travaillé au Figaro, à Europe 1, sur France 2, France 3, Canal +, Paris Première, LCI, France Inter et Sud Radio –, et qui a réussi à se faire passer pour une intellectuelle dans le monde journalistique, particulièrement versée dans le débat d’idées [2]…. Comme le relève Sébastien Fontenelle, voilà ce qu’écrivait Polony dans son journal le 12 octobre :
Une contrevérité et un contresens absolu ! Qu’une des éditocrates les plus en vue s’avère d’une telle ignorance et projette sa propre frénésie de médiatisation sur ceux dont elle parle, jusqu’à en dire n’importe quoi, n’est pas très surprenant. Cela n’en demeure pas moins désespérant !
Blaise Magnin