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EN BREF

Cécile Duflot agressée par Elkabbach et autres chiens de garde ? « Aucun problème », dit le CSA

par Julien Salingue,

Le 15 mars 2015, Cécile Duflot était l’invitée du « Grand rendez-vous » d’Europe 1 (avec Le Monde et i>Télé). Durant près d’une heure, elle a été soumise à un véritable interrogatoire de la part de Jean-Pierre Elkabbach et de ses compères Michaël Darmon et Arnaud Leparmentier, que nous avions alors patiemment décrypté. Une « leçon d’interrogatoire », écrivions-nous alors, reposant sur quatre principales règles : « Poser des questions et empêcher de répondre », « Asséner des affirmations sans permettre de les contredire », « Afficher un méprisable mépris », « Cumuler les règles précédentes ».

Julien Bayou, pour Europe Écologie Les Verts, avait même adressé une lettre de protestation auprès du CSA [1], qui a finalement rendu, le 26 juin dernier, un « avis » particulièrement éclairé. En résumé : circulez, y’a rien à voir.

Avant de revenir sur cet avis, rafraichissons-nous la mémoire avec la vidéo que nous avions alors réalisée :




Et avec notre commentaire :

Le pire dans ce procès, c’est sa virulence, voire sa violence. Cécile Duflot est coupée sans cesse. Julien Bayou, porte-parole d’Europe-Ecologie-Les Verts (…) a relevé – nous n’avons pas vérifié le chiffre – que Cécile Duflot a été coupée 140 fois, soit en moyenne toutes les vingt secondes. Cécile Duflot est confrontée à des affirmations péremptoires auxquelles elle n’a pas le loisir de répondre. Et, pour couronner le tout, elle doit faire face à des sarcasmes agressifs et à des mises en cause personnelles, dont le sexisme est à peine dissimulé.

Qu’en pense le CSA ? Dans son avis rendu le vendredi 26 juin, les « sages » font preuve d’une grande… sagesse : «  [Le CSA] n’a relevé aucun manquement manifeste aux règles en vigueur, notamment celles concernant le respect des droits des femmes ». Donc, tout va bien. Et de poursuivre :

S’agissant de l’absence de parité parmi les journalistes de l’émission, la composition des animateurs d’une émission relève en principe de la liberté éditoriale du diffuseur. Toutefois, le Conseil est très attentif à la juste représentation des femmes et des hommes. (…) S’agissant du manque allégué d’impartialité des journalistes, le Conseil a constaté que l’échange entre Mme Duflot et les journalistes était vif – ce que l’invitée a pu souligner pendant l’émission – mais sans volonté caractérisée de dénigrement.
Enfin, s’agissant des interruptions des trois journalistes en plateau, si elles ont été effectivement nombreuses, le Conseil a relevé que Mme Duflot avait néanmoins pu s’exprimer pour développer ses arguments.

C’est tout ? C’est tout.

Le CSA considère donc que lorsque des intervieweurs n’ont de cesse d’invectiver, interrompre, mépriser, maltraiter une invitée, celle-ci n’est pas empêchée de « développer ses arguments ». Le CSA estime en outre que lorsqu’une femme subit les assauts concertés de trois hommes qui n’hésitent pas à hurler pour l’interrompre, il n’y a rien de sexiste. En résumé, le CSA considère que les chiens de garde sont seuls maîtres dans leur chenil et les encourage, par cet avis, à continuer à se comporter en meute.

Lorsqu’il ne rend pas des avis un peu plus réfléchis mais totalement inutiles, le CSA avalise ainsi les comportements les plus intolérables. Alors, à quoi sert le CSA ? À rien [2].

Julien Salingue

 
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Notes

[1Comme nous l’écrivions dans un article consacré aux suites de l’interrogatoire de Cécile Duflot, «  la protestation d’Europe Écologie Les Verts, dans son principe sinon dans chacun de ses détails, était parfaitement légitime. Ce n’est en rien défendre les positions politiques de Cécile Duflot que de le souligner. Comme nous devons souligner que ces protestations, quand elles émanent de forces politiques et syndicales, seraient plus audibles et plus crédibles si elles ne concernaient pas exclusivement les mauvais traitements réservés à leurs représentants. Sans doute ne peut-on être que réservé quand ces protestations sont adressées au CSA, tant il est vrai que ce n’est pas le rôle de cet organisme fantoche d’intervenir sur toutes les pratiques journalistiques : on a toutes les raisons de penser que sa dépendance le rend a priori suspect, alors que ce pourrait être le rôle d’un "Conseil de la presse", pour peu qu’il réponde à certaines conditions. En son absence et faute de mieux, reste le CSA… »

[2Ce dont on pourra se convaincre encore un peu plus en consultant nos articles évoquant le CSA. Voir également notre proposition de constitution d’un véritable « Conseil de la presse ».

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