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L’actualité des médias n°73 (décembre 2009 - 4 février 2010)

par William Salama,

Grèves et inquiétudes pour 2010 dans la presse écrite. Épidémie du « haut de gamme » dans les « féminins ». Braderie et conflits à France Télévisions. TF1 à un tournant, etc.

I. Presse écrite

1. Impression et distribution

 Grève chez Presstalis (ex. NMPP). Les NMPP ont commencé la nouvelle année avec un nouveau nom, Presstalis, et une nouvelle grève - contre son plan « Défi 2010 »,- initiée par le Syndicat Général du Livre et de la communication écrite (SGLCE), protestant « contre la mise en place prévue en janvier du plan d’économie de Presstalis et particulièrement le non-renouvellement de certains contrats à durée déterminé pour des personnels chargés d’assurer la transition de certaines tâches.  »

 Grève à l’imprimerie du Monde . Appelée par la CGT, une grève a empêché le quotidien de paraître, exprimant « l’inquiétude quant à l’avenir de l’imprimerie d’Ivry pour laquelle le Monde cherche un nouvel investisseur. » (Newsletter de CB News, 7 janvier).

  Action directe contre Direct Matin . Dans la nuit du 3 février, « 150 000 exemplaires de Direct Matin ont été détruits par un groupe d’une quarantaine de personnes  » dans les locaux de l’imprimerie Brodard Graphique à Coulommiers (Seine-et-Marne). Selon la Newsletter CB News du 4 février « de source proche du dossier [sic], il s’agirait de militants du syndicat du Livre qui refusent que ce journal soit imprimé sur le site de Brodard Graphique ». Direct Matin «  était auparavant imprimé par Le Monde Imprimerie, dont le contrat a été dénoncé en juillet par le groupe Bolloré ».

2. Presse quotidienne

 Le groupe Le Monde en phase de recapitalisation. Comme l’écrit, l’explique et l’illustre Backchich.info (20 janvier), « l’année s’annonce difficile pour le quotidien du soir qui devra solder l’héritage Colombani et tenir tête à Lagardère. » En résumé, « un budget 2010 en déficit d’environ 15 millions d’euros, soit un montant comparable aux pertes attendues pour 2009 » (Le Figaro du 13 janvier), auquel s‘ajoute un prêt de 25 millions d’euros remboursable avant 2011 qui le menacerait d’un « dépôt de bilan » (selon Bakchich), et le pousse à chercher des plans de recapitalisation qui s’apparentent à des sauvetages, comme le sont les cessions d’actifs en voie de dépréciation (dont Télérama)... Dernières rumeurs en date, la vente son site participatif Le Post qui « a perdu 1,3 million d’euros l’an dernier  » à Lagardère, lequel « détient 34 % du Monde Interactif, la filiale du groupe Le Monde qui possède Le Post  » (Les Échos, 18 janvier). Ou bien celle de son imprimerie à « un groupe espagnol. De quoi motiver les troupes de la CGT du livre pour bloquer la parution du journal deux jours durant. ».

  Le Parisien en couleur malgré la grise mine. En attendant pour mars un prochain comité d’entreprise (qui assiéra le plan social) initialement prévu en décembre (mais repoussé par la pression syndicale), une nouvelle formule est sortie le 26 janvier tout en couleur.

  La Tribune en plan d’économie drastique sur fond d’ «  impréparation  ». Au jour du lancement d’une nouvelle formule tabloïd (4 janvier), les journalistes du service édition de La Tribune dénoncent « les conditions scandaleuses dans lesquelles se fait la mise en place de la nouvelle formule », affirmant que « jamais un tel niveau d’impréparation n’était à ce point imaginable » faisant courir un « risque mortel à notre journal déjà bien mal en point  » (Communiqué, 4 janvier). La Tribune a annoncé 14 millions d’euros de pertes pour 2009 et un « plan d’économie drastique » pour 2010 (Les Échos, 7 janvier).

  Les Échos se plaignent aussi de leur management. Le 13 janvier, deux tiers des journalistes des Échos « ont décidé de voter la grève par 90 voix pour et 23 contre. » Motifs : un grand nombre de départs au service secrétariat de rédaction substitué à la mise en place d’un nouveau système d’édition (Eidos), et, à l’instar de leur confrère de La Tribune, une dent contre « "un management autiste" et une façon de devoir "toujours faire plus avec moins"  ». Il s’agissait de la « première grève au sein du quotidien économique depuis la reprise par Bernard Arnault en 2007 » relève la Newsletter de CB News (14 janvier).

 Bolloré bradera son haut de gamme. Espérons qu’il vole tout de même assez haut… « Le groupe prévoit de lancer avant l’été son quotidien haut de gamme, à un prix de "quelques dizaines de centimes d’euros", a indiqué Yannick Bolloré, directeur du pôle médias. » (Les Échos, 18 janvier).

3. Presse magazine

 Le groupe Express-Roularta prié de négocier. Lancée dans une réorganisation qui pose questions (lire l’Actualité des médias n°72) « l’intersyndicale CFDT-CGT et la CFTC ont décidé de demander à la direction l’ouverture de négociations sur quatre dossiers : l’accord multimédia, les droits d’auteur, les 35 heures, et la gestion prévisionnelle des effectifs ». Autre information : Les Échos du 21 janvier nous apprennent que le groupe a gelé son projet d’un espace payant sur lexpress.fr, jugé « peu rentable » après audit.

  Grazia , féminin haut de gamme , remercie le marketing. La forme du féminin de Mondadori réjouit ses créateurs « "Nous espérons toujours atteindre la rentabilité en année 3", explique Ernesto Mauri.  ». D’ailleurs, « interrogé sur les fluctuations du prix entre 1 euro et 1,50 euro  », le même répond : "C’est une technique marketing comme une autre, nous le faisons en moyenne une fois tous les quatre numéros pour fidéliser le lectorat et augmenter le taux de notoriété". » (Newsletter de CB News, 20 janvier).

 Lagardère répudie Jeune et Jolie pour le « haut de gamme » (encore). Jeune et Jolie a mal vieilli, faisant fuir l’annonceur. Conséquence, le groupe Lagardère a confirmé le 24 décembre dernier l’arrêt de cette publication,pour s‘intéresser aux cibles solvables. Lagardère qui possède Elle souhaite en effet et à tout prix empêcher Grazia de se développer de trop. De fait, il finalise Be, (et le « teste » sur internet) qui visera une clientèle « CSP + » de 20 à 35 ans. Le « rythme des recrutements (30 personnes environ à ce jour) s’est nettement accéléré », de même que la rédaction « accueillera aussi certainement du personnel reclassé suite à l’arrêt du mensuel Jeune & Jolie » (Les Échos, 18 janvier).

  Marie-Claire dans le « haut de gamme » (aussi). Le féminin connaît une épidémie de haut de gamme, cf. la sortie imminente d’Envy « le nouvel hebdomadaire féminin haut de gamme du groupe Marie-Claire », annoncé pour 12 février.

  VSD en PSE (Plan Social de « sauvegarde » - sic - de l’Emploi). « VSD s’apprête à faire les frais d’un nouveau plan de sauvegarde de l’emploi, lancé par Prisma Presse, deux mois seulement après la clôture d’un premier plan qui a vu 45 départs dans les services, marketing, publicité et web du groupe. […] Une dizaine de postes (sur une cinquantaine) seraient concernés par ce PSE, qui reposerait sur des départs volontaires. Un comité d’entreprise extraordinaire est semble-t-il prévu pour demain, vendredi 18 décembre. » (Newsletter de CB News, 18 décembre).

  Bakchich.info , boycotté par Val et sauvé du dépôt de bilan. Après un passage devant le tribunal de commerce, Backchich.info bénéficie d’un sursis jusqu’au 31 mars. 3 actionnaires (« il s’agirait d’un fonds d’investissement, d’un industriel et d’un homme d’affaires ancien patron de radio », jdd.fr, 12 janvier) sont donc attendus comme le Messie pour sauver la version papier du journal satirique qui « n’a pas pris ni véritablement réussi à se faire connaître". » Selon Nicolas Beau, le patron, « Nous avons fait une erreur de prix et au moment où on était le plus visibles, c’est à dire au début, nous n’étions pas les meilleurs. » Et comme cette pratique allait de soi, Eletronlibre.info ajoute « des exclusivités du papier moins reprises que celle du web, et une mise à l’écart de France Inter par Philippe Val.  » (jdd.fr)

4. Presse régionale

  Sud-Ouest en manque de fonds. Presse News (14 décembre) révèle que plombé « par la situation très déficitaire de sa filiale de presse gratuite d’annonces » Le conseil de surveillance de Sud-Ouest a donc mandaté « le président du directoire, Pierre Jeantet pour trouver rapidement entre 30 et 50 M€. Le Groupe Sud-Ouest est endetté à hauteur de 100 M€ et pourrait donc faire entrer un actionnaire minoritaire ou vendre des actifs. » Sud-Ouest est détenu à 80% par la famille Lemoine (Socibog) et à 20% par ses salariés.

 La PQR satisfaite de son chiffre d’affaires. Selon Jacques Hardoin, directeur général de La Voix du Nord et président de la commission publicité du SPQR (syndicat de la presse quotidienne régionale), malgré la profusion d’informations gratuites sur Internet, « les journaux continuent de se vendre en région ». Se vendre ? Jacques Hardoin ne parle en l’occurrence, que des annonceurs : « Ayant atteint 950 millions d’euros, le chiffre d’affaires publicitaire des quotidiens régionaux a essentiellement souffert de la fuite des petites annonces sur le Web. [Le chiffre d’affaires] provenant de la publicité locale (53 % du total en 2009) s’est, lui, contracté de 7 %, à 501 millions d’euros. Seule bonne nouvelle, la publicité dite « extra-locale » s’est développée, ayant progressé de 2 %. Mais elle ne représente que 17 % du total. » (Les Échos, 18 janvier).

 Grève contre la précarité au Journal de Saône-et-Loire. « Ce jeudi 10 décembre, la rédaction du Journal de Saône-et-Loire s’est mise en grève contre la politique de précarisation de l’emploi conduite par la direction, aux ordres de l’actionnaire Crédit Mutuel, véritable décideur du groupe Ebra », indique un communiqué du Syndicat national des journalistes (SNJ). Ce mouvement a lieu en pleine restructuration. « Depuis la dernière clause de cession et le passage au nouvel outil informatique, six postes pérennes, dans les agences locales, sont ainsi occupés par des journalistes en contrat à durée déterminée (CDD) qui arrive à expiration au 31 décembre. Certains de ces journalistes sont en poste depuis dix-huit mois. [...] Les salariés du Journal de Saône-et-Loire ont exigé de la direction qu’elle contacte le décideur de fait, pour qu’il rompe avec cette politique indigne d’une entreprise se targuant d’agir selon « une éthique mutualiste ». Les revendications des salariés en lutte sont simples : transformation des six CDD en contrats de travail à durée indéterminée (CDI) et engagement ferme du remplacement poste pour poste, en CDI, des départs en clause de cession qui devraient intervenir en 2010, si la Haute Autorité de la concurrence donne son aval au rachat du pôle Rhône-Alpes du groupe Ebra par le Crédit Mutuel. [...] Voulant privilégier la négociation, les salariés ont décidé de suspendre leur mouvement jusqu’au 16 décembre. »

5. À l’étranger

 La diffusion des quotidiens américains en baisse de 10%. « Entre avril et septembre 2009, les quotidiens américains ont diffusé près de 4 millions d’exemplaires en moins par jour. En cause : la migration des lecteurs vers les sites en ligne. [...] La chute de sa diffusion s’est encore accélérée entre avril et septembre 2009. Sur cette période, les quotidiens américains ont diffusé 30,39 millions d’exemplaires par jour en moyenne, contre 34 millions pendant le semestre équivalent en 2008 (-10,6%). [...] Seul le Wall Street Journal, quotidien économique, gagne des lecteurs parmi les 25 plus grands titres du pays (+0,61% à 2,02 millions). Il est devenu le plus diffusé en semaine, dépassant USA Today (-17,05% à 1,9 million), du groupe Gannett. Le San Francisco Chronicle a subi le plus grand effondrement de diffusion : -25,82% à 251.782, le New York Times s’en tirant en revanche moins mal que beaucoup d’autres avec une diffusion réduite de 7,28% à 927.851 exemplaires, gardant la troisième place. » (Libération, 26 octobre 2009)

II. Audiovisuel

1. Télévisions

 3 heures 34 d’écrans. « Les Français ont regardé la télévision autant de temps en 2009 qu’en 2008, avec une durée moyenne d’écoute de 3h24 minutes par jour entre le 1er janvier et le 28 décembre dernier, selon les chiffres de Médiamétrie repris par le Syndicat national de la publicité télévisée (SNPTV)  » (Newsletter de CB News4 janvier)

 France Télévisions en statut unique. Comme prévu par le législateur, le groupe France Télévisions a muté en entreprise unique le lundi 4 janvier 2010. « Ce nouveau statut signifie que le groupe public aux 11 000 salariés répartis dans une quarantaine de sociétés doit fonctionner de manière transversale, avec des directions communes aux différentes chaînes. » Ce qui ne se fait toujours pas dans l’harmonie la plus rêvée : « Il reste maintenant 5 mois à la direction et aux syndicats de France Télévisions pour s’accorder sur une nouvelle convention collective unique. » (Newsletter de CB News, 5 janvier). Déjà, La CGT, luttant pour le « "maintien de tous les acquis sociaux" dans le cadre de la renégociation de la convention collective et de la réorganisation du groupe a envahi le 21 janvier temporairement les locaux où se déroulaient des négociations. […] a prévenu [qu’elle, la CGT] n’hésitera pas "à bloquer les retransmissions de JO de Vancouver si la direction reste campée sur ses positions". » Le SNJ, la CFDT, Sud, CFE-CGC, Unsa et SITR ont déposé « un préavis de grève le 28 janvier, date d’un comité central d’entreprise sur la réforme, et dans le cadre d’un référendum interne sur ce sujet. » (Newsletter de CB News20 janvier). Face au manque de dialogue, les élus des salariés ont quitté ce comité central. Et le conflit s’aggrave : voir ci-dessous « Dernières minutes »)

 Privatisation et braderie de France Télévisions Publicité. L’ouverture du capital de la régie publicitaire de France Télévisions a été avalisée par le conseil d’administration du groupe par 70% des voix au bénéfice de Lov-Publicis. Exit NextRadioTV ou Lagardère Active… Les Échos du 18 janvier l’avait prédit : Le ministère de l’Économie et des Finances qui soutenait « l’offre de Financière LOV, la société holding de Stéphane Courbit, allié pour l’occasion à Publicis », alors que France Télévisions penchait « en faveur du consortium emmené par Hi-media » a eu gain de cause. Pour dossier jugé comme « "l’offre la mieux disante sur la base des critères d’évaluation définis dans le cadre de la procédure : le projet industriel, le critère social, le prix de cession", » -. (communiqué de France Télévisions, d’après la Newsletter de CB News du 4 février). Seuls les deux représentants des salariés et un autre administrateur se sont abstenus. Le SNRT-CGT et le SNJ-CGT protestent (3 février) : « Au-delà du scandale d’une privatisation bâclée, de l’abandon de l’intérêt général, on notera qu’il n’y a aucune garantie sur un plan social en outre-mer, avec 65 emplois sur la sellette qui font vivre des centaines de personnes ! (Description de l’offre de Lov-Publicis concernant les engagements sociaux – "Lov-Publicis s’engage à ne pas mettre en œuvre de plan de sauvegarde de l’emploi (dit "plan social") en France métropolitaine pendant une période minimum de 3 ans commençant à compter de la clôture des comptes servant de comptes de référence, soit à compter du 1er janvier 2010") »

 La CGT de France 3 en action à France Télévisions. Suite à « un mouvement de grève local de la CGT Rhône-Alpes-Auvergne, […] la 2e opération de délocalisation de l’antenne en région par la chaîne qui souhaitait en faire un rendez-vous trimestriel » a été annulée par la direction. Selon, Daniel Hugon, délégué syndical CGT, 1er syndicat à France Télévisions, à France 3 : « Il y avait urgence car on venait d’apprendre que la direction prévoyait des enregistrements le 20 pour contourner la grève du 21  ». Laquelle dénonçait « la réforme de la télé publique et ses incidences [sociales – ndr] sur les antennes régionales » (Le Progrès, 16 janvier).

 À France 24, un « plan social qui ne dit pas son nom ». : Les syndicats CFDT, CFE-CGC, SNJ, CFTC, SNJ-CGT et SNRT-CGT de France 24 ont dénoncé le 7 janvier un "plan social qui ne dit pas son nom" envisagé au sein de la chaîne publique française d’information internationale, la direction ayant "unilatéralement décidé de fermer sa régie publicitaire France 24 Advertising et de confier son activité à une société extérieure, afin d’augmenter ses revenus propres. »Ladite direction évoquerait pour l’instant un « projet d’externalisation de cette régie ». Dix salariés concernés sont « "menacés d’un licenciement", soulignent les syndicats. » (Newsletter de CB News8 janvier).

 TF1 se mutile pour la TNT. Elle n’en voulait pas à son lancement, mais aujourd’hui accepte toutes les concessions (ou « engagements substantiels » dit Le Figaro [1] pour acquérir NT1 et TMC. En effet, « l’Autorité de la concurrence a constaté qu’avec près de 50 % de parts de marché, le groupe TF1 gardait une position dominante qui ne pourrait être que renforcée par cette acquisition. » (Le Figaro, 28 janvier). Des concessions qui sont certainement un investissement sur l’avenir, les deux chaînes étant des aspiratrices à annonceurs. Ce qui explique la mauvaise humeur de NRJ et de M6, concurrentes revêches.

 TF1, épinglée par l’Inspection du Travail, réorganise sa direction. Nonce Paolini a reçu une sympathique carte de vœux, fin décembre : « Compte tenu de la diminution importante de vos effectifs depuis quelques mois, je suis très surprise que vous n’ayez pas respecté les obligations qui s’imposent à vous en matière de licenciement économique (individuel ou collectif), ni mis en œuvre la procédure obligatoire en cas de licenciement collectif pour motif économique.  » Pan… la chaîne se voit ainsi épinglée par l’Inspection du Travail, comme le révèle Bakchich (30 décembre 2009) : « Et l’inspectrice d’évoquer même la "souffrance au travail" de salariés que l’on croyait protégés : "Une telle réduction d’effectifs (300 salariés sur l’année), associée à la mise en place de nouvelles organisations du travail, ne peut qu’engendrer des risques psychosociaux." ». Réaction ? Le 7 janvier, « Le PDG de TF1 a annoncé un remaniement de son état-major, qui se traduit par plusieurs promotions ou réaffectations au sein de la direction générale du groupe. ». À savoir : « organisation et marketing Groupe », « Information du groupe, avec la mission de "poursuivre les réformes engagées au sein des différentes rédactions », « développement de transversalités entre l’antenne, les activités commerciales et le on line ») (Newsletter de CB News7 janvier).

 TF1 va nous faire jouer. Deux annonces en une semaine lucrative. Primo, la chaîne de Bouygues « a annoncé hier la signature d’un partenariat d’une durée de 3 ans avec La Française des Jeux. L’accord se traduit d’une part par la mise à disposition sur le site tf1.fr d’un espace dédié à l’offre de La Française des Jeux (jeux de loterie, paris sportifs, poker), qui intègrera également des contenus exclusifs TF1 ainsi que des pronostics des "figures" de la chaîne. » (CB News, 3 février). Enfin, « le rachat des 50% qu’il ne détenait pas encore dans la société SPS, présente sur le marché des jeux et paris sportifs en ligne sur internet via la marque Eurosportbet  » (Les Echos du 3 février).

 Guerre punitive avec arme publicitaire. Chroniques du capitalisme … « Depuis un mois, Canal+ a suspendu tous ses investissements publicitaires sur les antennes de NRJ et NextRadioTV ». Soit « 3 millions d’euros en 2009 sur les différentes antennes de NRJ et 700.000 euros sur celles de NextRadioTV ». Officiellement, ces victimes pensent « payer le prix des contentieux juridiques déclenchés par ces derniers pour défendre la place de leurs chaînes dans les offres du groupe de télévision payante. » (Les Échos, 21 janvier).

 Publicité ? oui mais … générique. Admirons la belle gymnastique du CSA : « Le Conseil supérieur de l’Audiovisuel a publié le 4 janvier sur son site une définition précise, adoptée le 20 octobre dernier, de la publicité générique, seule forme de communication autorisée – avec les messages d’intérêt général et le parrainage – sur les chaînes publiques entre 20 heures et 6 heures du matin. L’instance qualifie donc de publicité générique les messages publicitaires assurant la promotion d’une catégorie de produits, dès lors qu’ils n’assurent pas la promotion d’une entreprise commerciale ; les messages de promotion d’appellations d’origine et de labels et les messages de promotion des attraits touristiques d’un département, d’une région ou d’un pays. » (Newsletter de CB News, 6 janvier).

3. Radios

 La grève à Radio France pendant la trêve. France Inter et quelques unes de ses sœurs se sont tues le 21 décembre après le débrayage des techniciens de remplacement de Radio France. Ces derniers « ont mis fin à leur mouvement le 24 décembre dernier. […] Les syndicats CGT, Sud et CFDT ont signé un accord qui comprend, selon Sud, une hausse de "90 euros bruts pour toutes les personnes justifiant d’un an d’ancienneté" au sein de la "brigade de renfort", c’est-à-dire 48 collaborateurs chargés toute l’année du remplacement des techniciens permanents pour les congés, les maladies, etc. » (Newsletter de CB News4 janvier).

 Philippe Val, dans toute sa splendeur. Une rencontre s’est tenue, le 14 janvier ente la société des journalistes (SDJ) de France Inter et son directeur Philippe Val. « Le rendez-vous avait été pris suite au changement, qu’elle qualifiait de "brutal", des horaires de la tranche matinale d’information début janvier. » (Newsletter de CB News15 janvier). Si cela vous avait échappé, lire les tracts syndicaux à ce sujet

 Les radios de Lagardère inquiètes pour l’emploi. Lagardère Active étudie « "un ajustement" de ses réseaux locaux de radios », ce qui pour le SNJ-CGT annonce « une réorganisation à Virgin Radio et RFM qui entraînerait la suppression d’une quarantaine de postes. » (Newsletter de CB News, 8 janvier), « soit près du quart des effectifs en régions. » Vingt-cinq stations seraient visées par ce « dégazage sauvage », « au motif qu’elles ne sont pas rentables » (SNJ, 16 décembre 2009)

 RTL, première radio de France, va licencier. Dans un entretien au Figaro (7 janvier), Christopher Baldelli, le président du directoire annonce en personne un « ensemble d’actions de réduction des coûts engagé à RTL, qui va notamment déboucher sur des suppressions de postes, [et qui] va se chiffrer à 20 millions d’euros sur trois ans »

 Combat de crabes dans le panier RNT. Audition au Sénat du groupe d’étude « Médias et nouvelles technologie" » : « Sans surprise, gros opérateurs et radios indépendantes se sont écharpés à propos des seuils anti-concentration que les groupes qui possèdent 3 stations et plus souhaitent relever. » La question « divise l’ensemble du marché est l’avenir de la RNT représentants de l’ensemble du marché de la radio dans le but de réfléchir à l’avenir de ce média. » (Newsletter de CB news du 18 janvier) Le CSA, quant à lui, devrait rendre ses conclusions sur le sujet au printemps (Eldoradio, 28 janvier).

4. À l’étranger

 Plus le droit de zapper les pubs en Belgique. Depuis le 19 décembre, le placement de produit est autorisé de manière très vaste sur les télévisions de la Communauté francophone de Belgique. Seuls les journaux télévisés et les émissions pour enfants y échappent. Deux jours avant, le CSA français a rendu ses conclusions sur le sujet avant que le gouvernement ne se prononce, préconisant de n’autoriser le placement de produit que dans les clips et les fictions. (Consoloisirs, 13 janvier 2010)

* Dernières informations, dernière minutes :

 Eyadea (agence Gamma) dépose le bilan. Le fonds d’investissement Green Recovery, propriétaire de la société Eyadea (acquise auprès d’Hachette Fillipachi), a annoncé sa cessation de paiement mardi en comité d’entreprise. Libération (28 janvier 2010) rappelle : « Une partie du groupe Eyedea Presse (qui coiffe le fonds iconographique Stills et Gamma) avait déjà été placée en redressement judiciaire avec une période d’observation de six mois le 30 juillet 2009 par le tribunal de commerce de Paris. Dans le cadre du plan de continuation, 25 licenciements avaient été prononcés en septembre sur les 56 emplois. […] Une audience sur la cessation de paiement du groupe Eyedea doit se tenir mardi 2 février au tribunal de commerce. »

 Protection des sources  : une loi a minima . La France, régulièrement condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour violation des sources des journalistes vient de se mettre en conformité avec le droit européen en adoptant un texte encadrant gardes à vue, interrogatoires et perquisitions chez des journalistes ou aux sièges d’organes de presse. Cependant, ce texte pose certaines exceptions. Ainsi, « il ne peut être porté atteinte directement ou indirectement au secret des sources que si un impératif prépondérant d’intérêt public le justifie et si les mesures envisagées sont strictement nécessaires et proportionnées au but légitime poursuivi ». Le problème est que la nature de cet «  impératif » n’est pas précisée, ouvrant potentiellement la porte à tous les abus... Néanmoins, le texte prend la peine de préciser que « cette atteinte ne peut en aucun cas consister en une obligation pour le journaliste de révéler ses sources ». Un texte a minima, donc, dont seule l’application permettra de dire s’il s’agit d’une avancée ou d’un brouillard de mots laissant la porte ouverte à l’arbitraire.

 Quel avenir pour les pigistes ? L’intersyndicale des syndicats de journalistes note (27 janvier) : « Réunis le 27 janvier 2010, avec les organisations patronales, les syndicats de journalistes ont unanimement demandé la renégociation du protocole d’étape pigistes, signé en novembre 2008 et partiellement remis en cause par la justice le 3 novembre 2009. Ce texte, signé par trois syndicats sur six, doit être renégocié pour renforcer les bases incontestables des droits légaux, conventionnels et statutaires des journalistes pigistes (plus de 20% des journalistes professionnels). Les organisations patronales ont refusé de reprendre la négociation sur ces bases. Les syndicats de journalistes en ont pris acte, mais se déclarent prêts à rouvrir le dialogue sur cette position commune. »

 Grève à Canal Plus, le 4 février : Grèves des salariés du Centre de Relation Clients de St Denis à l’appel du SNJ-CGT et du SNRT-CGT.

 France Télévision : une déclaration de guerre de la direction. Déclaration des organisations syndicales de France télévisions lors de la séance du 4 février 2010 (CFDT, CFTC, CGC, CGT, FO, SNJ :

« Après avoir pris connaissance de la véritable déclaration de guerre que constituent l’ensemble des textes remis au 29 janvier, contre les salariés du service public et contre ses missions, les organisations syndicales demandent à la direction de renoncer notamment à
- son système de salaires et classification des emplois
la remise en cause des commissions paritaires
- à son dispositif sur le temps de travail, notamment le forfait jour
- sa volonté de détruire le statut de journaliste.

Les organisations syndicales décident de se retrouver ce 5 février pour travailler sur des propositions alternatives communes. Paris, le 4 février 2010, 17H30. »

William Salama (avec Marie-Anne Boutoleau)

 
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Notes

[1« 1/Ces engagements sont pris pour une durée de cinq ans. Ils pourront faire l’objet d’un réexamen à la demande de TF1 et sur décision de l’Autorité, dans le cas où les circonstances de droit ou de fait seraient substantiellement modifiées.- 2/En ce qui concerne les marchés de droits et l’audience, les engagements visent à faciliter la circulation des droits au bénéfice des chaînes concurrentes, afin d’éviter en particulier le gel de certains d’entre eux, et à limiter les possibilités de rediffusion des programmes sur plus de deux chaînes en clair du groupe TF1.- 3/ TF1 s’est de plus engagé à renoncer à toute forme de promotion croisée des programmes des chaînes acquises sur TF1.- 4/ TF1 s’engage notamment à ne pratiquer aucune forme de couplage, de subordination, d’avantage ou de contrepartie entre les espaces publicitaires de la chaîne TF1 et les espaces publicitaires de la chaîne TMC et de la chaîne NT1.- 5/ Le groupe s’engage également à ce que la commercialisation des espaces publicitaires des chaînes TMC et NT1 soit assurée de façon autonome par une autre société que celle qui gère la régie publicitaire de la chaîne TF1.- 6/ Un mandataire indépendant, agréé par l’Autorité de la concurrence, s’assurera de la bonne exécution de l’ensemble de ces engagements. » Le Figaro, 28 janvier

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