Comme chaque année, Nicolas Demorand recevait, le 2 novembre 2018, Dominique Reynié dans sa matinale de France Inter [1]. Lorsqu’il le présente - « politologue, professeur des universités à Sciences Po, directeur général de la Fondation Fondapol » - l’animateur ne signale pas, comme chaque année, que la fondation a été créée avec le soutien financier de l’UMP, puis il omet de préciser, comme chaque année, que son invité fut tête de liste de la formation présidée alors par Nicolas Sarkozy (UMP devenue LR) lors des élections régionales de 2015 en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Une inclinaison à droite qui aurait pu éclairer les auditeurs sur la teneur des analyses de Dominique Reynié, d’autant que ce dernier est un grand habitué des médias [2].
Durant l’entretien, tout en complaisance, Dominique Reynié ne manque pas de critiquer dans la même phrase l’extrême droite de Jair Bolsonaro, Steve Bannon (proche de l’extrême droite et directeur de la campagne présidentielle de Donald Trump), Marine Le Pen et… Jean-Luc Mélenchon [3], sans que Demorand ne trouve à redire. Reynié n’ajoute pas alors à sa liste son ami Laurent Wauquiez, ainsi que le lui fera remarquer plus tard un auditeur.
Lors des questions des auditeurs, justement, quand l’un d’entre eux s’indigne de l’attaque contre Mélenchon, la réponse de Dominique Reynié est implacable : « Mélenchon appartient à la catégorie des populistes. Il s’en réclame d’ailleurs. […] C’est un populisme de gauche. Ils ont en commun une coupure sommaire entre le peuple et les élites, et je définis la différence entre les deux : le populisme de droite ajoute une coupure radicale entre le peuple d’ici et le peuple de l’extérieur. »
Le même auditeur signale aussi que Demorand avait omis de rappeler la candidature de Reynié aux élections régionales de 2015 sous l’étiquette LR. Embarrassé, l’invité précise qu’il avait bien pris sa carte à LR à l’époque mais qu’il ne l’a pas reprise après son échec. [4]
Nicolas Demorand et Dominique Reynié, qui avaient fait ouvertement campagne pour le Traité constitutionnel européen en 2005 sous couvert de journalisme [5], communient dans l’adhésion à l’euro. Ainsi, « si l’euro est fragilisé et chancelle, indique Reynié, il n’y aura plus rien, ce sera la grande vague. S’il saute, on peut vraiment craindre le pire. »
Par la suite, Nicolas Demorand, qui vient d’inviter un menteur caractérisé (au comportement violent [6]), rendu célèbre pour ses manipulations en rafale [7], se désole de « l’impuissance du journalisme : que peut une démocratie quand on n’est plus d’accord sur les faits ? » Une séquence de flagornerie que Demorand conclut en présentant à nouveau Dominique Reynié, militant et propagandiste de droite et auteur d’un livre haineux contre la gauche (Le Vertige social-nationaliste : la Gauche du Non et le référendum de 2005), comme « politologue, professeur des universités à Sciences Po, directeur général de la Fondation Fondapol. » En tout « accord sur les faits », et en toute transparence « démocratique ».
Mathias Reymond (avec la transcription de Serge)
Annexe : La quatrième de couverture du Vertige social-nationaliste : la Gauche du Non et le référendum de 2005 (éditions La Table ronde)