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Sortie de Médiacritiques n°47 : Journalisme de préfecture, journalisme politique et autocritique médiatique

par Acrimed,

Le Médiacritiques n°47 sortira de l’imprimerie le 1er juillet. À commander dès maintenant sur notre site ou à retrouver bientôt en librairie. Et surtout, abonnez-vous !


Le journalisme politique jouit d’un prestige symbolique certain dans le champ journalistique. Dans l’entre-soi et le conformisme, l’élite de la profession façonne l’agenda médiatique en prétendant « décrypter » les stratégies de communication, interpréter des sondages d’opinion, et finalement délimiter le périmètre du politiquement acceptable. Si l’inanité d’un tel journalisme n’est pas nouvelle – et les partis pris de ses têtes d’affiche, proverbiaux –, la construction de « l’actualité politique » des derniers mois a offert d’édifiants exemples en matière de pluralisme éditorial... À gauche, d’abord : considéré comme une figure éminemment « respectable » par les chefferies médiatiques, Bernard Cazeneuve est promu comme le chantre d’une « gauche de gouvernement », acceptable et républicaine. Ses velléités de « refondation » font l’événement (médiatique) et les louanges pleuvent à mesure que s’abat l’opprobre à l’encontre de Jean-Luc Mélenchon, bouc-émissaire devant l’éternel de l’éditocratie triomphante. Cette même éditocratie qui, après avoir vilipendé de concert la stratégie de la gauche parlementaire pendant l’examen de la réforme des retraites, se paya soudainement de mots complaisants pour légitimer l’obstruction de la majorité présidentielle face à la proposition de loi qui visait à abroger la réforme. Cette même éditocratie qui, dans le même temps, décréta unanimement Marine Le Pen « grande gagnante » de la séquence sociale, sur la foi de quelques sondages et à la faveur d’une stratégie de communication reçue 5 sur 5.

Pendant que les journalistes politiques spéculent et dissertent en toute mondanité et bien loin du « terrain », le traitement des mouvements sociaux est de plus en plus délégué à des rubricards « police-justice », branchés en continu sur leurs sources policières. « La police vous parle tous les soirs à 20h » pouvait-on lire en mai 1968. La police vous parle tous les jours, à toute heure, transpose Fred Sochard en Une de ce numéro. Le paroxysme fut sans doute atteint sur BFM-TV lors de la manifestation contre la méga-bassine à Sainte-Soline, où, comme ailleurs, le journalisme de préfecture a pris ses aises.

Au contraire de ces genres journalistiques en vogue, la critique des médias occupe une place à la fois marginale et subalterne dans le paysage médiatique. Placée dans les mains des médiateurs, elle est vidée de sa substance et sert avant tout à défendre les journalistes et leurs productions. Un entre-soi qui ne se manifeste jamais mieux que lors des cérémonies d’autoconsécration médiatique, au cours desquelles des journalistes distinguent d’autres journalistes : lauréats et jury entretiennent ainsi, un pour tous et tous pour un, leur capital social et symbolique.

Malgré tout, les contestations existent. Dans les rédactions, des journalistes protestent contre leurs chefferies et la ligne éditoriale qu’elles imposent ; en dehors, la critique se multiplie et se diversifie ; et dans les marges, de jeunes journalistes s’organisent, à l’instar d’une association tout récemment constituée pour lutter contre le racisme dans les rédactions et dénoncer le traitement médiatique du racisme. Parce que la question médiatique est une question politique, et puisque le rapport de forces existe, aussi déséquilibré soit-il, il s’agit encore et toujours… d’y prendre part. C’est le sens de l’orientation que s’est fixée Acrimed, réunie en assemblée générale le 10 juin : actualiser et affiner les propositions que porte l’association pour enrayer la marchandisation et la financiarisation de l’information. Transformer radicalement le mode de propriété des médias, renforcer un service public de l’information, démocratiser l’organisation des rédactions... : autant de perspectives ayant vocation à être appropriées le plus largement possible par notre camp social et par les forces associatives, médiatiques, syndicales et politiques désireuses de lutter contre l’ordre établi.



Ce numéro ne sera pas plus diffusé en kiosques que les précédents. Vous pourrez cependant le trouver dans quelques rares – mais d’autant plus précieuses – librairies listées ici, ainsi que sur notre boutique en ligne.

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