François Fillon (Le Figaro, 3 février) commence avec une apparente retenue : « nous ne ferons pas semblant de les écouter [ les syndicats, ndrl] et nous cherchons sincèrement à aller aussi loin que possible dans le rapprochement des points de vue ». Mais sa précaution dans la formulation se brise sous la violente réalité : « Il n’y aura pas de négociation ». Pourquoi ? « la réforme des retraites est faite ». Limpide... D’ailleurs Fillon toujours dans Le Figaro, souligne que sa conviction sur ce « débat sémantique - concertation ou négociation - est dernière nous ». On l’a compris, la messe est dite.
A propos de la manifestation du 1er févier dont « une telle unanimité interpelle », Le Figaro Economie (1er février 2003) ne peut s’empêcher de mettre en boîte les velléités syndicales avec leur « paravent des fausses révolutions ». Même condescendance, sous la plume de Philippe Mudry dans La Tribune (édito du 3 février) avec cette sympathique pensée sur les « baudruches démagogiques ».
La contestation est morte, Raffarin l’a euthanasiée
Si tous, à quelques exceptions près, reconnaissent un succès incontestable de l’unité syndicale, peut chaut à Raffarin - au contraire : « J’ai entendu les manifestants qui disent qu’il faut sauver la répartition, eh bien, je signe avec eux la pétition » communique-t-il le front plissé et l’œil mouillé au JT de TF1 ( 20 h00, le 3 février). L’idée vaporisée est que les syndicats unis qui ont défilé en masse, et de manière « incontournable » (L’Humanité, 3 février), n’ encombrent pas le gouvernement. En effet, il faut y voir « une manifestation non pas contre mais pour » (dixit l’inénarrable Jean-Marc Sylvestre, le 31 janvier dans sa chronique sur France Inter). Les Echos (3 février) la trouve même « rassurante » !
Autrement dit, s’ils ne marchent pas avec le gouvernement les syndicats seront les seuls responsables à faire capoter la réforme. Ailleurs « les sondeurs estiment que les mentalités ont évolué depuis 1995 » (Le Figaro, 4 février). Mais pas de panique : Fillon est « persuadé de leur capacité d’évolution » (Le Figaro, 3 février). Mudry dans La Tribune (3 février) est moins optimiste : il indique que les syndicats pourraient être tentés de « pousser des idées qui ne feraient que charger une barque déjà prête à sombrer ». Mais il se montre très péremptoire sur la capacité « à trancher, quand les points de blocages ne seront plus dépassables ».
Dans ces conditions, on comprend 5 sur 5 Phillipe Mudry lorsqu’il chavire de bonheur : « aujourd’hui, il est permis d’espérer ».