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Tribune

Recrutement oligarchique à France Culture

Nous publions ci-dessous, sous forme de « Tribune », une lettre ouverte parue le 9 juin 2006 sur le site « Défense de France Culture » (Acrimed)

Monsieur le Directeur de France Culture,

Nous sommes très peinés d’apprendre que vous souhaiteriez pour votre grille de rentrée, non seulement réduire encore un peu plus les si réputées Nuits de France Culture, mais aussi confier une émission de cinéma à une personnalité proche du Parti Socialiste qui :

- n’a pas de diplômes dans le domaine du cinéma
- n’a publié aucun livre sur le cinéma
- n’est critique dans aucune revue, webzine ou fanzine de cinéma

Pour compléter ce CV quelque peu étrange, on peut noter que la dite recrue a déclaré dans l’émission Le Pudding sur Radio Nova avoir le sentiment d’être restée "une gourdasse" (27/11/2005) et dans le magazine Elle se sentir proche du personnage de bandes dessinées "Bécassine" (21/11/2005), ce qui ne paraît pas être l’idéal pour France Culture.

De plus, cette personne a déjà des revenus très élevés dans le monde de l’édition et de la télévision alors que de nombreux spécialistes du cinéma vivent aujourd’hui dans la précarité en éditant d’ailleurs des fanzines papier ou web bien plus érudits que la France Culture d’aujourd’hui.

Cela ne nous semble donc pas le bon profil pour un recrutement républicain avec de l’argent public. Compte tenu de l’exigence du service public France Culture, peut-être faudrait-il songer à adopter le recrutement par CV anonyme et/ou concours.

La vocation démocratique de France Culture a été pendant de longues années d’être une université populaire qui proposait de l’excellence accessible à tous les curieux par un simple transistor. Une vocation d’excellence d’autant plus nécessaire à l’heure où certains se désolent de voir 0% de fils d’ouvriers parmi les littéraires de l’Ecole Normale Supérieure. Sans vouloir vexer personne en particulier, on a d’ailleurs souvent l’impression à l’écoute de France Culture en 2006 que les 5% de fils d’ouvriers chassés de Normale Sup par l’évolution de la société ont été remplacés par 5% de normaliens pas très... euh, comment dire... inspirés.

Céder sur la qualité des contenus, privilégier le tout venant pour plaire au grand public, comme la grille le démontre chaque jour un peu plus, revient à faire double emploi avec France Inter. Hier encore le 7-9 a été le théâtre d’une conversation de bistrot, ponctuée de jingles, sur le thème plutôt rebattu du football. Ce n’est pas le moindre des paradoxes que deux ou trois normaliens fussent présents pour débiter ces platitudes. D’ailleurs l’animateur du 7-9, très généraliste, va partir sur France Inter. Fils de diplomate, proche de Jack Lang, ce jeune bourgeois socialiste admirateur de Jean Luc Delarue, va paraît-il être remplacé par un autre jeune bourgeois socialiste proche de la Miterrandie, sans qu’on puisse vraiment espérer une amélioration de cette tranche horaire, à moins que vous ne rétablissiez le documentaire de 8h qui a fait l’âge d’or de France Culture.

Septembre 2006 - mai 2007, est-ce vraiment le bon moment pour que des gens étiquetés socialistes s’emploient à dégrader encore un peu plus les contenus de l’ex chaîne du savoir pour tous au lieu de tenter de rétablir son excellence ?

Bien cordialement
DDFC

Lettre ouverte publiée le 9 juin 2006

 
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