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Présidentielle de 2002 : Le Monde, les faux prophètes et leurs clients

Le Monde a publié un article très intéressant de Thomas Ferenczi qui mériterait d’être cité entièrement et qui doit être lu jusqu’à la fin pour en saisir toute la portée.

Extraits :

« Le résultat du premier tour de l’élection présidentielle constitue-t-il "une formidable défaite pour les instituts de sondage", comme l’a déclaré M. Sarkozy [...] ?

La vérité est que les intentions de vote mesurées par les instituts de sondage depuis le début de l’année sont assez différentes du résultat final [...]

Faut-il en conclure que les sondeurs se sont trompés ? A cette accusation, ceux-ci opposent plusieurs arguments.

Le premier, classique, est que les sondages préélectoraux ne sont pas des prévisions, mais, selon l’expression traditionnelle, des photographies instantanées de l’opinion. Il se trouve, ajoutent-ils, que depuis 1958 les anticipations des sondeurs se sont globalement vérifiées le jour du scrutin. Ces succès ne doivent pas conduire à les apprécier selon un tel critère.

Le deuxième argument, non moins classique, consiste à souligner la marge d’erreur des sondages, qui est de 2 % à 3 % pour des échantillons de 1 000 personnes [...]

Troisième argument : jamais le nombre d’indécis, c’est-à-dire de personnes qui, tout en choisissant un candidat, affirmaient pouvoir encore changer d’avis, n’a été aussi important, augmentant même au cours de la dernière semaine[...]

Quatrième argument : les instituts ne se sont pas trompés sur les évolutions [...]

Que retenir de cette polémique ? D’abord que les instituts de sondage se sont heurtés à des difficultés techniques inattendues, que révèlent certaines incertitudes liées aux redressements et aux méthodes d’entretien [...]

La deuxième leçon de l’ "échec" des sondages est que la mobilité de l’électorat rend de plus en plus aléatoire le recours aux enquêtes d’opinion comme instrument de prévision. Cette utilisation a toujours été abusive, comme le répètent les sondeurs, mais elle trouvait jusqu’à présent un semblant de justification dans la relative adéquation entre les intentions de vote et les résultats réels [...]

Enfin, au-delà des effets supposés des sondages sur le vote du corps électoral, il reste que leur multiplication tend à transformer la campagne en compétition sportive, le débat politique passant au second plan tandis que se renforce la personnalisation du système. De ce point de vue, c’est la responsabilité des médias, autant et plus que celle des sondeurs, qui se trouve engagée. »

Bien vu... Seulement voilà : cet article de Thomas Ferenczi est paru - sous le titre " Les sondeurs, faux prophètes " dans l’édition du Monde du 25 avril... 1995.

Deux questions simples d’Acrimed : Ces dérives à répétition sont-elles seulement dues à des « fautes professionnelles » ou bien celles-ci s’expliquent-elles par des causes plus profondes ? La critique professionnelle de la profession est-elle suffisante ?

 
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