Jean-Marc Morandini défend donc le service public ! C’est un « scoop » et l’on pourrait imaginer meilleur défenseur. Il suffit de lire l’article que lui consacre Wikipedia, pour savoir (presque) tout ce qu’il est nécessaire de savoir sur ce géant du journalisme.
Chacune de ses prestations équivaut à la plus vulgaire des émissions de télé-réalité. Il était donc l’un des mieux placés pour parler de celles-ci. Sans doute est-ce la raison qui a poussé à l’inviter pour éructer son opinion lors d’un des « débats » qui a suivi la diffusion du documentaire « Le jeu de la mort » sur France 2 le jour même où Direct Matin publiait le « billet » de défense du service public… contre la CGT.
« Il faut arrêter de casser le service public ! », s’exclame le billettiste qui poursuit non pas par une critique en règle de la politique de Nicolas Sarkozy ou de celle de la direction de France Télévision, mais par une attaque de la CGT et des grévistes : « Et dans le cas présent, c’est la CGT qui, sous prétexte de défendre les intérêts des salariés, est en train de faire un mal fou à France Télévisions. Dimanche dernier, treize régions sur les vingt-quatre de France 3 ont dû fermer leurs antennes et annuler les soirées électorales prévues en les remplaçant par un épisode de Zorro, tandis que les journaux télévisés ont aussi été perturbés. […] »
Du motif de cette grève, les lecteurs de Morandini ne doivent rien savoir : Morandini se charge donc de les taire. « Un coup dur pour la chaîne », dit-il, avant de continuer : « Et voilà qu’hier, la CGT remet ça, cette fois pour dimanche prochain. Le syndicat majoritaire à France Télévisions et trois autres syndicats ont en effet déposé des nouveaux préavis de grève pour le second tour des élections régionales, dimanche prochain. […] » Pourquoi ? Peu importe !
L’essentiel est que Morandini connaît la bonne question : « Si le droit de grève est légitime et ne doit surtout pas être remis en cause, je me demande simplement pourquoi seules ces journées d’élections sont visées. ». Quand un tel défenseur du droit de grève s‘interroge, on est en droit de s’inquiéter. Voici la réponse : « Il s’agit clairement pour la CGT de faire le plus de mal possible au service public. […] ». Cette eau un tantinet boueuse coule de source…
Pour service rendu à la direction de France-Télévisions, Morandini mérite que celle-ci lui confie une émission en prime time, voire le poste d’Arlette Chabot.