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Macron, Nemo le labrador et France Inter…

par Maxime Friot, Pauline Perrenot,

C’est le principe d’une brève de journal d’information : impossible de faire le tour d’une question en 1 minute quarante secondes. Mais de quelle question parle-t-on ? Rouages plus ou moins conscients des stratégies de communication des politiques, les journalistes semblent se rassurer en n’hésitant pas à les dénoncer comme telles. Au risque de passer son temps... à commenter la communication, et à l’entretenir, précisément, au détriment de « la question ». Exemple avec France Inter.

Journal de 8 heures, 4 octobre 2021 [1]. Où il semble (à première vue) être question de la cause animale :

Florence Paracuellos : Même les animaux, il faut s’y intéresser quand on fait campagne. Ce qu’Emmanuel Macron a bien compris, qui souhaite l’adoption d’une loi contre les maltraitances avant la fin du quinquennat et qui visitera un refuge aujourd’hui en cette journée mondiale des animaux. Il est attendu à Gray en Haute-Saône. Le président, Maxence Lambrecq, ne veut pas laisser cette cause de plus en plus populaire à ses adversaires.

Maxence Lambrecq : Cocher toutes les cases, n’en oublier aucune. Saviez-vous que 0,02 % du plan de relance était consacré à la cause animale ? 20 millions d’euros pour aider, entre autres, à rénover 300 refuges. Emmanuel Macron sait bien qu’il n’a pas rempli toutes ses promesses de 2017, que les associations de défense des animaux jugent insuffisante la loi en cours de discussion. Elle prévoit l’interdiction de la vente de chiens et chats en animalerie, des sanctions plus lourdes en cas d’abandon, la fin des animaux sauvages dans les cirques itinérants, les delphinariums, mais rien sur l’élevage intensif, le broyage des poussins ou la chasse à courre. L’observatoire de l’association L214 donne à Emmanuel Macron la note de 2,5/20.

D’emblée, le point de vue est celui de la nécessaire conquête des voix, public par public, « cause » par « cause ». Triées par « popularité », ces « causes » sont l’enjeu de luttes entre « adversaires », qui cherchent à « cocher des cases ».

Quelques chiffres donc, quelques bons et mauvais points, et il faut faire en sorte de garder l’attention de l’auditeur jusqu’au bout. C’est alors que Maxence Lambrecq, chef adjoint du service politique de France Inter, fait preuve de toute l’étendue de son talent :

Mais l’image est tout aussi importante, lui qui a adopté il y a quatre ans un labrador noir, Nemo, ne veut pas laisser ce sujet à celle qui a passé son diplôme d’éleveuse de chats. [Son : Marine Le Pen : « Allez viens ! Viens ma puce. Les animaux, nous les aimons. »] Marine Le Pen et ses chats, Emmanuel Macron et son chien. Fou rire en pleine réunion à l’Élysée quand soudain, Nemo urine contre une cheminée. [Son : Rires. Emmanuel Macron : « Vous avez déclenché chez mon chien un comportement totalement inhabituel. »] Des séquences qui font la joie des réseaux sociaux et rendent le politique plus proche, plus sympathique, l’idéal en campagne.

Du journalisme, ça ?



Maxime Friot et Pauline Perrenot


Post scriptum : Maxence Lambrecq peut envisager un poste à Paris Match. Il y sera sûrement bien reçu :


 
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Notes

[1Sur le lien, à partir de 1h12.

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