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Libération à Grenoble : enquête ou publi-reportage ?

24 avril 2004, Le journal Libération fait paraître une édition spéciale de 16 pages dédiée uniquement à la ville de Grenoble : « Grenoble l’enviée ». Dans quel contexte ? Avec quel contenu ?

Un contexte particulier
Grenoble est une ville très polluée, et la décision du maire de Grenoble de construire un grand stade de football en détruisant une partie de son principal parc en centre ville, a déclenché une opposition sans précédent contre la municipalité, opposition largement médiatisée lorsque des Écocitoyens ont occupé les arbres du parc pendant plus de 100 jours cet hiver pour empêcher leur abattage.

- 28 mars 2004. L’expulsion violente des Écocitoyens par les CRS en février a eu des répercussions sur les élections cantonales:Jean-Paul Giraud, N°2 du Conseil Général, conseiller municipal de Grenoble est battu sur le canton du stade par Olivier Bertrand, jeune candidat vert, opposant au stade.
- 31 mars 2004. Le permis de construire du stade est suspendu par le tribunal administratif.

C’est dans ce contexte très chaud que, une semaine plus tard (la date du 8 avril est donnée dans le corps de l’article), le journaliste de Libération commence son enquête (qui paraîtra le 28 avril)

Envoyé spécial dans un café
Présentation : « Installé pendant trois jours dans le plus ancien café de Grenoble, notre envoyé spécial a rencontré les tribus qui s’y croisent. Portrait sur le vif d’une ville de brassage »

Suit alors une description élogieuse de la ville de Grenoble et surtout de la politique municipale. Dans son café, ce journaliste croisera par hasard Alain Pilaud adjoint au maire chargé des sports, et Jérôme Safar adjoint au maire chargé de la culture dont il dressera des portraits flatteurs.

Vient ensuite la page politique où l’on encense l’ancien maire Hubert Dubedout, père spirituel du maire actuel Michel Destot. Il est l’inventeur de la démocratie participative, une pratique neuve à l’époque : l’écoute du citoyen. La parole est donnée au maire et à ses adjoints, M.Destot en profite pour traiter les Écologistes de « gauchistes peints en Vert », sans préciser que c’est grâce à eux qu’il a été élu maire de justesse.

On ne peut que constater l’immense décalage entre ce reportage et la réalité à Grenoble. En seize pages il n’y a pas un mot sur le parc Paul Mistral si ce n’est ce passage : « Il évoque les heurts entre écologistes et socialistes, qui gèrent ensemble la ville et se sont rudement affrontés ces derniers mois au sujet du stade que le PS voudrait bâtir en centre ville »

Pas un mot non plus sur les milliers d’habitant qui, deux mois plus tôt, ont manifesté leurs oppositions pacifiquement face aux CRS qui ont chargé faisant plusieurs blessés hospitalisés. Et surtout, pas un mot sur le vote Vert de 54% des électeurs dans le plus gros canton de Grenoble la semaine précédente ! Tout ceci est très dommageable pour l’image d’un journal qui par ailleurs a été l’un des premiers à informer sur le mouvement des Écocitoyens à Grenoble, il faut le souligner.

Signé : un Grenoblois.

 
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