Dans quelques semaines, le Parlement risque d’examiner un projet de loi qui modifie en profondeur le statut de l’Agence France-Presse et la met en danger.
Malgré l’opposition des organisations représentatives du personnel, cette réforme vise à transformer l’AFP, troisième agence mondiale et la seule non anglo-saxonne, en une société anonyme à capitaux publics.
L’intersyndicale toutes catégories de l’AFP demande le retrait de ce projet qui met en péril l’indépendance de l’agence en organisant une mainmise de l’Etat, contrairement au statut actuel tel qu’énoncé dans son article 2.
Elle entend attirer l’attention sur les dangers qu’il y aurait à décréter que l’Etat-actionnaire finance désormais l’AFP par des augmentations de capital, au gré des humeurs des pouvoirs publics, a fortiori au moment où le financement actionnarial montre ses limites dans bien des domaines économiques.
Ce projet de loi introduirait la confusion dans la mesure où le capital de notre agence mondiale serait détenu à 100% par l’Etat français, alors que 60% de ses recettes proviennent désormais de clients privés, notamment à l’international.
Il menace l’AFP à double titre : l’agence risque une étatisation immédiate suivie d’une privatisation (exemples de France Telecom, GDF...), ce qui en tout état de cause mettrait en danger son indépendance tant rédactionnelle qu’économique.
L’intersyndicale toutes catégories demande que, après l’abandon du projet de réforme, soit organisée une table ronde pour examiner les moyens permettant à l’AFP de financer ses missions dans le cadre de son statut d’indépendance.
Elle regrette que la Commission des Affaires culturelles de l’Assemblée nationale n’ait pas souscrit à l’initiative d’un de ses membres de mettre en place une mission parlementaire chargée de réfléchir à l’avenir de l’Agence et à son financement pérenne.
Elle prend acte, toutefois, que sa présidente, Mme Michèle Tabarot, a proposé des auditions pour travailler « en amont » du projet, et veut croire qu’en cette occasion, les parlementaires entendront la voix des personnels, comme avaient su le faire les auteurs du statut de 1957.
Intersyndicale CGT, CFDT, SNJ, FO, SUD, CGC