I. Une peu d’histoire
Le groupe allemand, un des groupes de médias les plus importants dans le monde, tire son origine dans une imprimerie située à Gütersloh, où se trouve encore son siège social.
En 1835 l’imprimerie se double d’une maison d’édition spécialisée dans les ouvrages religieux, puis elle s’étend, modestement, dans la presse.
Au cours des années 1920 la branche édition se développe au-delà du livre religieux, et la maison collaborera activement avec le pouvoir nazi (avec notamment des livres diffusés aux soldats), du moins jusqu’en 1944, où elle est fermée par les autorités.
C’est après la deuxième guerre mondiale que cette entreprise familiale va connaître une croissance exceptionnelle, grâce, en premier lieu, au succès de son club de livres fondé en 1950 sous le nom de Bertelsmann Leserer, et qui compte 1 million d’abonnés dès 1954. Cette formule à succès s’étendra en Espagne, et plus tard en France en 1970 (France-Loisirs), puis en Belgique, en Suisse et au Québec, en Italie, au Portugal, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne...
Le développement du groupe est passé par le processus classique de diversification et d’internationalisation, avec son cortège de fusions et d’acquisitions.
Les principales étapes de la croissance intéressent le disque (création d’Ariola en 1958), le cinéma (rachat de la fameuse société allemande UFA en 1964, dont les salles seront revendues une dizaine d’années plus tard), l’édition de livres (maison C. Bertelsmann, puis rachat de Goldmann en 1977, de Bantam Books en 1980, etc.), et la presse : rachat de Gruner & Jahr, éditeur des célèbres magazines Stern, Brigitte, Capital, où Bertelsmann est majoritaire depuis 1973 - puis création en France de Prisma Presse en 1978 et extension aux Etats-Unis et en Europe centrale.
La télévision est devenue un objectif essentiel dans les années 1980 avec la fusion de sa filiale UFA et de la Compagnie luxembourgeoise de télévision, puis la création de chaînes privées en Allemagne à partir de 1984. Enfin les pratiques dites de convergence ont débouché sur d’importants investissements dans le multimédia et Internet.
II. Le groupe
– Voir : Le site web du groupe
Bertelsmann est le premier groupe européen de communication et le quatrième au niveau mondial.
Son principal actionnaire, la Fondation Bertelsmann a été créée en 1977 par M. Reinhard Mohn, descendant de la famille Bertelsmann. Reinhard Mohn et sa famille ont transféré l’essentiel de leur portefeuille de titres Bertelsmann à la Fondation.
Le groupe voit ainsi son capital protégé et s’assure une totale indépendance. Reinhard Mohn est actuellement président du conseil de surveillance de Bertelsmann.
Le groupe est présent dans tous les secteurs de la communication : édition de livres et de disques, imprimerie, presse, radio, télévision, multimédia.
Voir Groupe Prisma
Source de l’organigramme : sur le site du groupe Prisma
Bertelsmann emploie 82 162 collaborateurs dans plus de 58 pays.
En 2000-2001, le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 20 milliards d’euros et un résultat net de 968 millions d’euros.
II. Les principales activités
Bertelsmann est ainsi devenue une des principales multinationales de la communication, le troisième groupe, probablement, après AOL-Time Warner et Vivendi Universal, et le premier groupe européen. Ses activités se sont développées dans 5 directions : la musique, l’audiovisuel, l’édition de livres, la presse, et Internet.
– la musique : BMG (Bertelsmann Music Group), qui a racheté RCA Records à General Electric en 1986, fait partie aujourd’hui de l’oligopole du disque avec Warner, Universal, Sony et EMI. BMG se vante de posséder 200 labels répartis dans 42 pays : Arista, BMG-Ariola, Milan, RCA et RCA Victor, Jive, Windham Hill, Nashville, Ricordi, etc.
– l’audiovisuel : Bertelsmann détient aujourd’hui les deux tiers de RTL Group, le reste relevant du groupe britannique Pearson. Les chaînes RTL couvrent l’Allemagne et d’autres pays comme ceux du Benelux et la Hongrie, mais Bertelsmann dispose d’autres chaînes privées, comme Vox en Allemagne, ou Channel 5 en Grande-Bretagne. La fusion de la CLT-UFA avec Pearson TV en a fait un des plus importants fournisseurs de programmes. RTL Group est également très actif dans la radio, dans 14 pays européens.
Leader européen en matière de télévision financée par la publicité, le groupe dispose en Allemagne du tiers environ de l’audience des chaînesTV, devant le groupe Kirch, en pleine déconfiture en 2002, et à égalité avec le service public.
En France, au-delà de RTL 9, ses principaux intérêts résident dans la propriété de 48 % de M6, où Suez (qui a reçu les parts de la Lyonnaise des Eaux lors de leur fusion) est devenue minoritaire - et dans les filiales de M6, comme M6 Music, Teva, des sociétés de production, la société de distribution de films en salles SND, et le club de foot-ball professionnel de Bordeaux. M6 détient en outre 34 % de TPS aux cotés de TF1.
– le livre : la position de Bertelsmann s’est renforcée simultanément en Allemagne et aux Etats-Unis, qui sont devenus le premier marché du pôle-édition du groupe depuis l’acquisition de Random House en 1998, qui a fusionné avec les maisons déjà détenues (Bantam, Doubleday, Ballantine, Pantheon) et qui est très présent en Grande-Bretagne. En Allemagne le groupe dispose de C. Bertelsmann, Karl Blessing, Goldmann, Siedler - et tente en 2003 de reprendre...
Au printemps 2003, le groupe a cédé à un fonds d’investissement britannique sa filiale spécialisée dans l’édition scientifique et professionnelle.
Dans le domaine de la diffusion, la formule club a été une des sources de la prospérité de Bertelsmann, dont la filiale allemande se nomme aujourd’hui tout simplement « Der Club ». D’après la maison-mère, tous ses clubs compteraient quarante millions d’abonnés dans le monde. Le dernier-né serait Book Club of China. En France, France-Loisirs a été fondé en 1970 à parité avec les Presses de la Cité dont les parts, au terme d’une série d’acquisitions sont revenues à Vivendi-Universal, qui les a cédées à Bertelsmann en 2001. Malgré une baisse importante par rapport aux années 1980, France Loisirs compte 3,5 millions d’abonnés, et a élargi ses ventes au disque et à la vidéo.
Bertelsmann a tenté de relancer la diffusion du livre à l’âge du commerce électronique, avec Bertelsmann on line (BOL - en France Books on line) mais des résultats décevants ; le site français, filiale de France-Loisirs, a cessé ses activités en 2002.
– la presse : l’expansion du groupe s’est appuyée sur la prospérité des magazines édités par Grüner & Jahr, dont plusieurs titres ont été adaptés dans plusieurs pays (Capital, Geo, presse féminine, presse parentale). Les titres G & J sont parmi les magazines allemands les plus diffusés : Stern, Geo, Eltern, Schöner Wohnen, Essen und Trinken, Brigitte. Le groupe co-édite le National Geographic, ainsi que plusieurs éditions européennes du Financial Times (avec Pearson) et des quotidiens allemands, dont deux à Berlin.
La presse Bertelsmann est présente au total dans 14 pays avec 120 titres, notamment dans plusieurs anciens pays socialistes et aux Etats-Unis (Child, Family Circle, Parents, Parents Expecting a Baby, Inc., Fitness, Fast Company). L’ensemble représenterait 11 000 emplois dans le monde.
– Internet : Bertelsmann, traditionnellement prudent dans ses stratégies, n’a pas résisté devant les brillantes perspectives de la bulle Internet, créant le fameux portail Lycos. Associé au lancement d’AOL Europe, le groupe s’en est retiré à l’époque de la fusion d’AOL avec son concurrent Time-Warner en réalisant des gains substantiels - ce qui n’a pas été le cas des ses autres activités du secteur. Lycos a racheté Comundo (né en Allemagne), Caramail, Tripod, le suédois Spraynet, et Multimania. Bertelsmann a d’autre part racheté Napster afin de transformer le fameux système d’échange sur le Web - mais les résultats se font attendre.
III. En France
Prisma Presse, fondée en 1978 et dirigée par Axel Ganz, filiale française de G & J, est le deuxième groupe de presse magazine en France, revendiquant 270 millions de magazines par an (cf. site) et 18,3 % de parts de marché sur le secteur.
Chiffre d’affaires brut en 2002 : 531 millions d’€, dont 30% apportés par la publicité, et 1 753 700 abonnés au 31-12-2002.
En France, Bertelsmann est présent dans plusieurs sociétés :-
- France Loisirs,
- Setradis,
- les Encyclopédies Bordas,
- les Code Rousseau,
- BMG-France,
- la CLT/UFA,
- RTL,
- M6,
- Prisma Presse : Voir le Groupe Prisma
Les titres, avec date de création et tirage OJD (diffusion totale payante 2002) se répartissent tout d’abord entre presse féminine, presse « people », presse documentaire, avec des mensuels ou des hebdomadaires consacrés à l’économie, la TV, la cuisine, et un titre généraliste (VSD) :
- Geo (1979) - 389 383 exemplaires
- Ca m’intéresse (1981) - 236 994 ex.
- Capital (1991) - 375 317 ex.
- Management (1995) - 92 689 ex.
- Prima (1982) - 699 437 ex.
- Femme actuelle (1984) - 1 416 769 ex.
- Gala (1993) - 302 022 ex.
- Voici (1987) - 573 349 ex.
- Télé-Loisirs (1986) - 2 002 168 ex.
- Guide cuisine (1989) - 135 127 ex.
- Cuisine actuelle (1989) - 167 400 ex.
- Cuisine gourmande (1994) - 88 626 ex.
- VSD (racheté en 1996 devant le tribunal de commerce) - 228 728 ex.
- Femme (1999) - n.c.
- National Geographic, édition française, en co-édition à 50% (1999) - 228 991 ex.
- Geo Ado (2002)<
- Shopping (2003)
S’y ajoutent des suppléments et des hors-série, ainsi qu’une collection de guides touristiques co-édités par Gallimard. Quelques déconvenues dans ce brillant tableau : Allo (1998), disparu en moins d’un an, et Web Magazine, né en 1999, interrompu en 2002.
– Lire la suite : « Bertelsmann : recentrages de 2003-2004 » à dater du 26 août.