Les années 2003-2004 sont celles d’un recentrage sur les activités-clés : livre, presse, télévision. Le groupe a mis un terme à la quasi-totalité de ses activités de commerce en ligne, considérablement réduit sa présence dans le secteur Internet (qui lui aura coûté fort cher), cherché une solution pour son secteur musical en déclin. Et, pour réduire sa dette, il a procédé à des ventes de filiales et même de biens immobiliers (immeuble Random House à New York).
Internet -. Les pertes du groupe dans Internet sont estimées à 880 millions d’euros. Napster est abandonné et les activités de commerce électronique pratiquement abandonnées (librairie en ligne BOL, CDnow - et retrait de barnesandnoble.com aux Etats-Unis). Dans le secteur des portails et services Internet : cession des parts dans AOL Europe et désengagement progressif de Lycos. Lycos a été repris par Terra, filiale de l’opérateur téléphonique espagnol Telefonica [1]. Bertelsmann conserve 18,4% de Lycos-Europe, toujours présidé par un membre de la famille propriétaire de Bertelsmann, Christoph Mohn, qui détient à titre personnel 11,1% face aux 29,5 % appartenant à Terra.
Musique -. La fusion, très contestée par les indépendants, entre BMG (Bertelsmann Music Group) et l’américano-japonais Sony Music est la principale nouvelle de l’année dans le secteur de l’édition musicale. Bien que leurs ventes déclinent, Ce sont ainsi deux des cinq majors mondiales, aux ventes déclinantes mais aux fortes positions, qui fusionnent, avec l’accord (à la surprise générale) des autorités de Bruxelles en juillet dernier.
Livre et presse -. Les activités centrales du groupe (avec la télévision) ont connu en 2003-2004 un nouveau sursaut. Au terme de longues discussions avec l’office allemand anti-cartel, Bertelsmann a pu racheter pour le compte de sa filiale Random House le groupe d’édition UHL (Ullstein, Heyne, List) qui appartenait au groupe Kirch déclaré en faillite en mars 2002. Mais les maisons acquises représentant 11% du marché allemand, mais surtout une part du livre de poche qui aurait porté Bertelsmann à 40% de ce marché, n’a été autorisée que sous la condition que le groupe fasse des cessions de manière à ne détenir que 30%. D’où l’annonce, en juillet 2004 de la vente de plusieurs éditeurs au groupe suédois Bonnier.
Bertelsmann s’était auparavant désengagé de l’édition technique, professionnelle et médicale, dans lequel il avait investi notamment en rachetant le département spécialisé du groupe Springer en 1999. La filiale dite Bertelsmann-Springer a été cédée aux fonds d’investissement britanniques Cinven et Candover Investments. Bertelsmann en a obtenu 1,05 milliard d’euros. Les acheteurs, qui avaient déjà repris Kluwer Academic Publishers au groupe Wolters Kluwer, ont ainsi créé une nouvelle entité, Springer-KAP.
Comme d’autres groupes de presse allemands, Bertelsmann a des projets en Europe centrale et orientale (ex-pays socialistes). De nouveaux titres ont été lancés en Allemagne et en France. Prisma Presse a notamment révolutionné le petit monde très rentable des magazines de télévision en lançant en avril 2004 (avec un budget publicitaires considérable) deux bi-mensuels TV Grandes chaînes, et Tele2semaines, qui semblent avoir conquis de larges parts de marché.
Télévision -. Si la chaîne du câble et du satellite RTL9 n’a plus rien de commun avec RTL Group (elle a été rachetée par le français AB Sat), la filiale TV de Bertelsmann a amélioré ses positions dans M6, dont le groupe Suez se désengage rapidement. M6, qui, dit-on, est la chaîne hertzienne française la plus rentable, a repris les parts de Suez dans Paris Première (janvier 2004). M6 et sa filiale M6 Music seront présentes dans la télévision numérique terrestre, en chaînes gratuites ; simultanément le CSA a retenu sa filiale TF6 ainsi que Paris Première sur le réseau payant de la TNT. D’autre part M6 mise sur le téléachat, rachetant en mars dernier la filiale spécialisée de Canal Plus.
D.S.