Accueil > Critiques > (...) > Le mouvement des intermittents du spectacle

FR3 et les intermittents : autocensure (SNJ-CGT)

Sous le titre « Autocensure à la rédaction nationale », le SNJ-CGT de FR3 communique…

Autocensure à la rédaction nationale

Voici comment un sujet sur les intermittents ne sera jamais diffusé sur notre antenne :

Samedi 18 octobre - Des intermittents pénètrent sur le plateau de Star Academy pour lire un message concernant leurs revendications. Des vigiles, travaillant pour Endemol, frappent des intermittents qui n’ont pu accéder aux studios. Il y aura 6 blessés, et TF1 porte plainte contre 4 manifestants. Un intermittent filme les échauffourées….

Jeudi 23 octobre - Après quelques hésitations, les intermittents acceptent de confier leurs images à un rédacteur des infos géné et à un JRI, en vue de diffuser un sujet sur ce qui s’est réellement passé. L’encadrement est au courant et signe les feuilles de tournage pour compléter le sujet. Une interview d’un des témoins, blessé et mis en examen, est tournée dans une salle de montage.

Vendredi 24 octobre - L’encadrement demande au rédacteur de travailler sur un autre sujet. Celui-ci persévère et complète le sujet en interviewant l’avocate de trois des mis en examens. TF1 est contactée mais refuse de répondre. Un sujet de 2 minutes sera finalement monté. Ce n’est qu’à 19 heures que le chef de service visionne le sujet et demande de le compléter par une réaction de Endemol. Le rédacteur en chef du week-end n’a pas visionné le sujet et invoque une actualité chargée. Le directeur adjoint de l’info annonce qu’il n’est pas question de passer ce sujet car « une procédure est en cours… ». Le sujet ne sera pas diffusé.

Samedi 25 et Dimanche 26 - Le rédacteur en chef du week-end refuse de diffuser le sujet et invoque toujours une actualité chargée. Il ajoute qu’il n’est pas commanditaire de ce sujet et qu’il ne veut pas diffuser les « reliquats » de la semaine !
Ces mêmes images sont censurées sur canal +. La Cinquième diffuse quelques extraits dans l’émission « Arrêt sur images ». L’argument de la procédure en cours invoqué plus haut ne tient pas.

Lundi 27 octobre - L’AFP annonce que les intermittents manifesteront devant l’unedic le jeudi 30. Le rédacteur en chef du 19/20 dit que le sujet pourrait être diffusé à cette occasion à condition qu’il soit réactualisé et qu’on y intègre une réaction d’Endemol, . Quelques images de la manif pourraient être tournées et montées en off pour lancer le sujet

Jeudi 30 octobre - Le sujet est bien inscrit sur le conducteur du 19/20. Le rédacteur en chef demande qu’on mette dans le même sujet les images de violence à la Star Ac et les images des intermittents qui manifestent. Le rédacteur des infos géné qui a suivi le dossier est en vacances. Le sujet est confié à un rédacteur du service économie. Celui-ci pense que l’affaire avec TF1 n’est plus d’actualité. Il décide de ne parler que de la manifestation et de la plainte auprès du TGI sur la validité du protocole. A aucun moment, ce rédacteur ne sera en contact ni avec son chef de service, ni avec les rédacteurs en chef du 19/20. Le sujet sera définitivement « trappé » et seules 3 images de la manifestations seront diffusées en off.

Les téléspectateurs ne verront jamais les images des intermittents frappés par des vigiles travaillant pour TF1, alors que nous aurions pu être les premiers à les diffuser. Ce document n’est certes pas d’une première importance, et cette affaire peut paraître anecdotique. Mais elle révèle à quel point la question des intermittents a du mal à trouver sa place dans nos journaux. Peut être parce qu’il ne faut pas faire de tort à TF1, notre futur partenaire de la chaîne d’infos internationale…
Tout le monde jure qu’il n’y a pas eu volonté de censure, mais alors, pourquoi ne pas s’être donné les moyens de diffuser ces images ? Pourquoi tout le monde s’est-il refilé cette patate chaude et pourquoi l’équipe n’a-t-elle jamais trouvé de soutien de la part de l’encadrement ? Il s’agit bien d’un manque de courage, d’un manque de franchise et d’une autocensure généralisée pour un sujet qui dérange.
Quant aux intermittents, la prochaine fois, ils feraient bien de demander conseil à madame Chirac pour qu’enfin ils puissent s’exprimer sur notre antenne !

Paris, le 1 novembre 2003

 
Acrimed est une association qui tient à son indépendance. Nous ne recourons ni à la publicité ni aux subventions. Vous pouvez nous soutenir en faisant un don ou en adhérant à l’association.

A la une

Nathalie Saint-Cricq dans Libération : une « pointure » et beaucoup de cirage

« Nathalie Saint-Cricq vote », et Libération vote Saint-Cricq.