Mais d’abord : souvenirs. Nous avons entendu, pendant la campagne présidentielle de 2007, des journalistes politiques, sous couvert d’une critique - nécessaire - de la place réservée aux panélisés de TF1 :
- protester au nom du journalisme idéal (qu’ils incarnent si peu) ;
- se présenter en représentants de l’intérêt général, seuls capables de poser les bonnes questions (qu’ils posent si rarement) ;
- multiplier leurs sarcasmes contre les téléspecteurs invités à figurer sur l’agora cathodique, en leur attribuant un corporatisme étriqué (dont ces mêmes journalistes seraient exempts).
Aveugles sur leurs propres pratiques, sourds aux questions de portée générale posées à partir d’expériences particulières, ils n’avaient rien trouvé de plus convaincant, pour critiquer la démagogie mercantile de TF1 que de lui opposer leurs arguments mensongers et leur pédagogie méprisante. Comme on peut le vérifier en lisant l’article que nous avons consacré à ce grand moment d’auto-célébration : « “J’ai une question à vous poser” : les journalistes politiques et les panélisés de TF1 ».
C’est le même mépris social qu’affiche, quelques semaines plus tard, David Abiker dont on dit qu’il fut critique des médias dans l’émission « Arrêt sur images » [1].
Format mp3 - Durée : 1’ 31" - Téléchargeable ici
Transcription
- Colombe Schneck : - « David Abiker, le meilleur, le pire cette année ? »
- David Abiker : - « Alors je vais commencer par le pire. Pour moi, le pire c’est l’invasion des émissions politiques par les citoyens, en fait. C’est-à-dire la prise de pouvoir des citoyens dans une sphère dont ils étaient traditionnellement exclus, c’est-à-dire les émissions politiques et ça s’est fait pour le pire, en fait. »
- Colombe Schneck :- « Pourquoi ? C’est une idée formidable a priori... »
- David Abiker : - « Mais non, partant du principe que ... » [interrompu]
- Une voix (Eric Naulleau ?) : - « Vous n’aimez pas le peuple, David Abiker. »
- David Abiker : - « Non, absolument pas. [Rires] Je vous le dis avec toute l’affection que j’ai pour le téléspectateur et les auditeurs. Je pense qu’il faut les laisser dans les antichambres des studios. Je pense qu’il ne faut pas les laisser entrer et donc... » [interrompu]
- Colombe Schneck : - « C’est-à-dire que tous ceux qui interviennent par exemple sur "Service public" sur France Inter, tous les mails des auditeurs qu’on lit, ce n’est pas une bonne idée ? »
- David Abiker : - « Non, moi ça m’énerve. Je vous le dis et je le dis aux auditeurs d’Inter... » [interrompu]
- Colombe Schneck : - « C’est dommage parce que j’ai reçu un mail très ... »
- David Abiker : - « Ecrivez pour nous insulter mais très franchement, restez à l’extérieur des studios de télévision parce que, si vous voulez, ça donne un détournement de notion d’intérêt général à la télévision quand vous leur donnez la parole, qui est quand même assez pénible quoi, ces émissions de panel où les gens interviennent pour dire : “Écoutez, ma sœur a un lumbago : que pouvez-vous pour elle ? ” - “Eh bien, je l’emmènerai” ... » [interrompu]
- Une voix (Eric Naulleau ?) : - « C’est un vrai problème. »
- David Abiker : - « Oui, c’est des vrais problèmes. Donc, ça m’a, je veux dire c’est pas un problème fondamental, je veux dire, on peut continuer à vivre avec ça. Moi, ça m’a un peu agacé, j’ai trouvé que là les journalistes politiques cédaient un peu la place et ne prenaient pas vraiment nécessairement leurs responsabilités. Et moi, je préfère quand c’est des journalistes politiques qui posent les questions. »
Ingénieur du son : Ricar - Transcription : Jamel