Le syndicalisme n’est pas l’ennemi des Français
Quand une interview sur une chaîne de France Télévisions transpire la haine du syndicalisme, il y a un grave problème.
Invité dans « Midi Politique » le 18 octobre sur France Info pour parler des grèves en cours, un délégué Sud Rail SNCF a eu droit à une interview punchline, à charge… on se serait cru sur CNews ou BFM Business ! :
« Vous bloquez les départs en vacances… »
« Vous gagnez 3.000 euros nets par mois, c’est un gros salaire… »
« Vous ne payez pas les billets SNCF, c’est un privilège… »
« La vie des Français ne vous intéresse pas… »
« Au moment de la réforme des retraites… allez-vous à nouveau empêcher les Français de partir en vacances à Noël… »
Le tout sur un ton agressif, plutôt que pugnace.
On aimerait que nos présentateurs soient aussi offensifs face aux patrons de grands groupes qui émargent à plusieurs millions d’euros par an ou face aux membres du gouvernement qui défilent sur nos plateaux.
Démago, partisane, menée à deux contre un, cette interview à charge sous-entend qu’un bon travailleur est un travailleur pauvre, qu’un ouvrier à 3.000€ n’a qu’à bosser sans rien dire, que la grève n’est pas un mode de revendication légitime. Bref, que les patrons ont tous les droits et qu’il faut tout accepter pour ne pas déranger la vie quotidienne des Français.
Petit rappel : c’est parce qu’il y a eu des grèves que les congés payés existent ! Et dans notre beau pays où le dialogue social reste un oxymore, la grève est toujours le dernier moyen de se faire entendre face à des directions pingres et bornées.
La CGT réfute ce journalisme qui met en avant « l’opinion publique » pour se payer un syndicaliste. Mener une interview sur le service public nécessite pugnacité et respect. Rien d’autre.
Paris, le 24 octobre 2022.