Le 6 mars dans son édito sur LCI, Jean-Michel Aphatie était catégorique : il ne fallait pas annuler le premier tour des élections municipales :
… annuler des élections, ce qui, de mémoire, ne s’est jamais produit, serait un signal très négatif envoyé à une société déjà très secouée par le coronavirus […] Les élections ne vont pas se dérouler dans de bonnes conditions, l’abstention risque d’être importante, mais pour autant il n’est pas imaginable ni conseillé de les annuler, c’est une contradiction devant laquelle nous place le coronavirus.
Mais la vérité du 6 mars n’est pas celle 16 mars. La preuve : dans son nouvel édito sur LCI, Aphatie Jean-Michel fustige ceux qui affirmaient… qu’il ne fallait pas annuler le premier tour des élections (à l’instar d’un célèbre éditorialiste dont nous tairons le nom) :
Avant le premier tour, il y a avait des gens, les responsables politiques qui disaient : "Surtout il ne faut pas annuler les élections, ce serait un signal très négatif qui serait envoyé." […] Évidemment, même le premier tour n’aurait pas dû être organisé, on pressentait une abstention importante qui pourrait fausser les résultats. Rien que ça aurait dû conduire à l’annulation du premier tour.
Autre exemple : le 27 février, Jean-Michel Aphatie appelait, toujours sur LCI, à « éviter les querelles inutiles » s’agissant de la crise du coronavirus. Commentant l’organisation par Emmanuel Macron d’une réunion rassemblant tous les partis politiques : « le problème est suffisamment important pour se lancer dans des querelles complètement stériles et inutiles ».
Pourtant le 14 mars sur France 5, c’est un Aphatie Jean-Michel plutôt « querelleur » qui s’en prend aux médecins :
Ce qui a trompé les responsables politiques, ce sont les médecins qui ont dit « ce n’est pas plus grave que la grippe » ou « La grippe tue plus que le coronavirus » ; […] Les médecins ont dit « on ne va pas en faire trop quand-même » et ils nous ont amenés, je trouve, dans le mur.
Une querelle bien « utile » alors que tout le personnel médical est mobilisé pour faire face à l’épidémie. Un médecin n’a d’ailleurs pas manqué de lui répondre vertement.
Ces volte-faces de Jean-Michel Aphatie illustrent la grande inconstance de certains éditocrates et commentateurs en vue, omniprésents sur les plateaux, multipliant les prises de position à l’emporte-pièce. En temps normal, leur captation de la parole publique pose un problème démocratique. En période de crise, l’indécence de leurs imprécations approximatives saute d’autant plus aux yeux.
Jean Pérès et Frédéric Lemaire