– Dans l’e-mail qu’il a adressé à Jean-Pierre Tailleur le 26 novembre 2002 et qu’il nous a autorisé à reproduire, Alain J. Gaspéritsch explique...
« L’interview concernant votre essai « Bévues de presse : l’information aux yeux bandés » a finalement été censurée. Néanmoins, après négociation avec la rédaction en chef de l’Est-Eclair et Libération Champagne, j’ai pu rédiger une brève note de lecture parue ce jour dans les colonnes Informations générales des deux quotidiens. L’occasion pour moi d’orienter le lecteur vers mon site où est reproduite l’interview dans son intégralité et la genèse chaotique de l’article (hyper-lien en Une). J’ai estimé en effet que la non-parution de l’article, qui correspond à une commande, est une atteinte à votre liberté d’expression et à la liberté d’information. Cela d’autant plus que vous dites bien haut ce que bon nombre de journalistes pensent à part eux, ainsi que j’ai pu le constater.
Devant mon insistance et mon argumentaire, le rédacteur en chef a finalement justifié sa décision de censure en reconnaissant adhérer à votre bilan. Sur la défensive, il a simplement noté que l’article serait paru si l’essai était le fait d’un journaliste connu, comme « le rédacteur en chef de Marianne et non d’un auteur marginal ».
– Jean-Pierre Tailleur, de son côté, nous a apporté les précisions suivantes :
« Mon essai est rejeté par une partie de la corporation des médias car il pose une question tabou : celle du manque de professionnalisme ou de reportage dans des journaux français très respectés.
Autre anecdote révélatrice, en mai dernier, le journaliste de La Croix Bénévent Tosseri m’a interrogé longuement sur les médias et le lepénisme. Mais son papier est passé à la trappe, entre autres raisons à cause de mon supposé manque de légitimité pour juger les mauvais journalistes. On m’a remplacé en catastrophe par un sociologue-médiologue reconnu, Daniel Bougnoux, qui a tenu des propos très évasifs et moins pertinents sur la responsabilité des medias dans la coupure entre France d’en haut et d’en bas. J’ai eu des mésaventures du même ordre avec le magazine Marianne (voir plus bas), avec l’AFP ainsi qu’avec une radio privée.
Dominique Gerbaud, un des rédacteurs en chef de La Croix, a apprécié "Bévues de Presse" et m’a défendu, paraît-il, lorsque son patron Bruno Frappat a décidé de censurer l’interview. Quant à JF Kahn, le patron de Marianne, il refuse le débat proposé par mon livre, tout en clamant partout son rejet de la pensée unique et son ouverture à tout débat...
Le reproche fait à l’essai d’être écrit par "un auteur marginal" est très spécieux. Juger sur pièce est pourtant à la base du journalisme, et de plus, jamais un "rédacteur en chef de Marianne" ne fera un livre ayant demandé plus de trois années de travail à temps plein. Plusieurs raisons à cela : manque de temps, trop d’amis ou d’ennemis dans la profession, et surtout parce que Marianne illustre souvent le "maljournalisme" (manque de rigueur et de reportage) dénoncé dans ce livre.
Ce n’est pas la première fois que mes travaux sont censurés ou discriminés sans justification convaincante. Le Seuil - éditeur avec lequel j’avais signé un contrat d’exclusivité - m’a en effet abandonné en rase campagne en 2001 ; son avocat avait prédit que "Erreur à la Une", dont "Bévues de Presse" est un clone, pouvait "entraîner 115 procès en diffamation". Après plusieurs mois de vente en librairie, Le Félin n’a pourtant pas reçu la moindre plainte : zéro lettre ou procès. Cela n’a rien d’anormal pour un essai balisé par des faits incontestables. »
Plus de détails sur « Bévues de presse » et ce refus de débattre sur le site personnel de Jean-Pierre Tailleur
Sur le site personnel d’Alain Gaspéritsch : L’entretien (censuré) avec Jean-Pierre Tailleur (à la rubrique "société") (Lien périmé)