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Censure sur M6 (Société des Journalistes de M6)

Nous publions ci-dessous un communiqué de la Société des journalistes de M6 (rendu public le lundi 6 février 2006), suivi des précisions données dans un article du Monde (Acrimed)

La Société des journalistes de M6+ s’indigne de la censure exercée par la direction de l’Information de la chaîne sur le reportage intitulé « Loto : la grande saga des jeux de grattage », diffusé dans le magazine « Capital »

Pour la deuxième fois depuis septembre, avec l’affaire Logan [1], un reportage de « Capital » est censuré.

En effet, après quatre mois d’enquête, le journaliste auteur du sujet a présenté une version complète de son travail dont la durée était initialement prévue à 28 minutes. Cette version que n’ont pas pu voir les téléspectateurs de M6 apportait des révélations sur les chances réelles de gagner aux jeux de grattage et sur la répartition des gains.

Or, samedi 4 février, veille de la diffusion, en désaccord complet avec la rédaction, de « Capital », sans même avertir l’auteur du sujet écarté de toute modification, le directeur de l’information de M6 [2] venait en personne censurer gravement le sujet :
- « coupe » des 8 minutes les plus embarrassantes pour la Françaises des jeux ;
- réécriture du commentaire par le directeur de l’Information et utilisation orientée d’éléments d’information fournis pas des mathématiciens, professeurs et chercheurs à Polytechnique ou aux Écoles Normales Supérieures ;
- réenregistrement de la voix du commentaire samedi après-midi par un journaliste du « 6 minutes » appelé en urgence. Il ne saura rien des raisons pour lesquelles l’auteur du reportage n’enregistre pas lui-même le commentaire.

La censure visait notoirement à préserver les intérêts de la Françaises des Jeux. A travers les spots publicitaires achetés sur l’ensemble de la télévision française, la Française des Jeux est, à hauteur de 56 millions d’euros en 2005, le 14ème annonceur sur ce média.

Toujours très attachée aux programmes d’infos de M rappelant que par le passé la direction avait souvent fait des choix courageux face aux pressions des annonceurs, la SDJ de M dénonce un niveau de censure jamais atteint et s’inquiète de l’exercice du métier de journaliste sur cette chaîne.

Nous demandons la diffusion du reportage mardi soir dans sa version originale (livrée vendredi soir)

Ce communiqué a été approuvé à l’unanimité par soixante-dix journalistes de M6, issus des rédactions de « Capital », « Zone interdite », « Secrets d’actualité », « 6 minutes », « Ma vie aux... », ainsi que les bureaux de M6 de province.

Le lundi 6 février 2006


Dans un article intitulé « Un sujet de "Capital" sur M6 censuré par la chaîne  » paru dans Le Monde daté du 8 février 2006, Pascal Ceaux apportent les précisions suivantes :

« L’émission "Nous ne sommes pas des anges", sur la chaîne cryptée Canal+, avait elle aussi prévu de consacrer son édition du vendredi 3 février à ce sujet. Le débat avait été enregistré la veille, avec la participation de M. Riblet et de statisticiens. [...] Vendredi matin, l’émission a été déprogrammée par le producteur Frédéric Lusa (Angel Production), qui revendique l’entière responsabilité de la décision. "J’ai considéré avec l’avis des services juridiques que des propos diffamatoires étaient tenus à l’antenne à l’encontre de la Française des jeux et qu’ils ne pouvaient donc être diffusés", explique M. Lusa. Contestant toute censure, le producteur a indiqué qu’il ne connaissait pas M. Riblet et qu’il n’entretenait aucune relation avec la Française des jeux. M. Riblet et son avocat, Me Gilbert Collard, ont saisi par lettre recommandée en date du lundi 6 février le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), Dominique Baudis. Ils lui demandent de "diligenter une enquête" sur les conditions dans lesquelles M6 et Canal+ ont modifié ou déprogrammé leurs émissions. "On a raison de défendre la liberté d’expression quand il s’agit des caricatures du Prophète, a déclaré Me Collard. Mais qu’on veille aussi à la protéger contre la censure économique, qui est aussi intégriste et radicale que l’autre." [...]

 
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Notes

[1En septembre 2005, un reportage consacré à la Logan a été amputé par la direction de la rédaction de sept secondes pour couper une réponse sur la perte des parts de marché de Renault. Lire à ce sujet : « Les journalistes dénoncent une censure dans "Capital"  » sur le site du Nouvel Obs permanent (note d’Acrimed).

[2Jérôme Bureau (note d’Acrimed)

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