Née du mouvement social de novembre et décembre 1995, dans le prolongement de l’Appel à la solidarité avec les grévistes, l’association « Action-Critique-Médias » (Acrimed), appelle à la journée de grèves et de manifestations du 29 janvier 2009 et sera notamment présente dans la manifestation unitaire de Paris.
Solidaire des salariés et des chômeurs en lutte pour la défense de l’emploi et du pouvoir d’achat, elle entend ainsi affirmer que la défense des droits sociaux est indissociable de la défense des droits démocratiques, et en particulier des droits d’informer et d’être informés.
Or ceux-ci sont entravés et menacés quand :
- l’information sur les conditions de vie des salariés, des chômeurs et des intermittents ainsi que l’expression de leurs syndicats et associations sont minorées dans la plupart des grands médias ;
- les entreprises restent de véritables zones de non-droit à l’information : maintien du secret bancaire et comptable, opacité des projets d’entreprises, subordination des possibilités d’enquête à l’arbitraire des chefs d’entreprise qui seuls peuvent ouvrir aux journalistes l’accès aux lieux où les salariés, quand ils ont un emploi, passent la majeure partie de leur existence ;
- les salariés des médias eux-mêmes (journalistes, techniciens, personnels administratifs…), ainsi que les pigistes et intermittents des médias et de la culture, subissent de plein fouet les effets de plans de « rentabilisation » renforcés par ceux de la crise économique.
Ces entraves et ces menaces sont d’autant plus graves que l’information n’est pas considérée comme un bien public et commun qui doit être soustrait, autant qu’il est possible, à l’emprise des pouvoirs politique et économique. Au contraire :
- la prétendue « refondation » de l’audiovisuel public, gagée sur la suppression de la publicité, mais sans compensation suffisante ni, a fortiori, aucun moyen de développement supplémentaire, s’accomplit au bénéfice des chaînes privées et se traduit par la constitution d’une entreprise unique dont le Président sera nommé par le pouvoir exécutif ;
- les « Etats généraux de la presse écrite » voulus et relayés par le Président de la République ignorent superbement les droits sociaux et les conditions de travail des salariés d’un secteur où la précarité ne cesse de croître ;
- les tenants du libéralisme économique d’Etat gardent toujours pour projet de favoriser la constitution des groupes multimédias privés de taille internationale ;
- les médias du tiers secteur associatifs sont délaissés par les pouvoirs publics et, sous couvert de défense du « professionnalisme », ignorés voire méprisés par les Etats généraux de la presse écrite.
Ainsi, loin de favoriser la constitution d’un véritable service public multimédias de l’information et de la culture, l’action publique scelle chaque jour davantage l’alliance du libéralisme économique et de l’autoritarisme politique. Parce que le droit à l’information est l’affaire de tous, c’est l’affaire de tous de s’opposer à cette alliance.
Acrimed, le 26 janvier 2009.