Deux jours après la diffusion par M6 dans l’émission « Capital », samedi 10 juin, d’un reportage sur l’ouverture à la concurrence de La Poste et de la SNCF, des cheminots se sont réunis devant le siège de la chaîne à Neuilly-sur-Seine, dans lequel ils ont tenté de s’introduire, avant d’être violemment expulsés par des CRS. Le soir même, M6 portait plainte pour « acte de vandalisme ».
Le reportage de M6 intitulé « SNCF, La Poste : ouverture à la concurrence, tous gagnants ? » est un ramassis des poncifs les plus éculés sur les dits « privilèges » des cheminots, hostiles à la « réforme » Macron, rebaptisée « révolution ferroviaire » par « Capital ». Retraites anticipées, emploi à vie, hausse des salaires automatique, billets de trains quasi gratuits : rien ne fut oublié. La caricature délibérée du réseau français et de ses travailleurs n’a d’égale que l’apologie sirupeuse et biaisée des sociétés privées concurrentes. Qu’il s’agisse des trains privés allemands ou italiens (mais pas anglais !), des cars « Macron » (martelé), des start-ups de co-voiturage, ou de la libéralisation dite « réussie » de La Poste, le ton du documentaire est invariablement élogieux, et même publicitaire. C’est en outre avec le cynisme le plus méprisant que sont évoquées les conditions de travail contraignantes des salariés des sociétés privées à l’étranger, présentées comme un modèle de « polyvalence ».
Représentatif du « journalisme d’élite » et de la violence de classe avec laquelle nombre de médias dominants traitent des cheminots et de leur mobilisation, ce « reportage » vient s’ajouter à la longue liste des émissions de parti-pris en faveur de la réforme Macron.
Rappelons que des cheminots et des syndicalistes avaient déjà manifesté, en avril dernier, devant les locaux de BFM-TV pour dénoncer la morgue des éditorialistes et le manque de pluralisme à l’antenne. En effet, loin de constituer des atteintes à la liberté de la presse – liberté que défendent les manifestants – ces actions témoignent du regard critique que portent leurs auteurs sur les médias dominants. Un regard qui traduit une volonté de réappropriation démocratique des médias, et que nous partageons.
Depuis le mois de février et la parution du rapport Spinetta, notre association dénonce la couverture médiatique de ce mouvement social – comme de bien d’autres - quasi-systématiquement orientée en faveur des dominants. C’est pourquoi elle se déclare aujourd’hui solidaire de l’action de cheminots contre le siège de M6.
Acrimed