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Un film à voir : « Cas d’école » de Gilles Balbastre

par Mathias Reymond,

Retour sur la lamentable couverture médiatique du suicide d’une collégienne de 12 ans. Tous les ingrédients sont présents : coupables désignés, racolage, désinformation… Les grands médias dans toute leur splendeur.



Début 2012, une élève scolarisée dans un collège du Pas-de-Calais se suicide. Pour les médias, cela ne fait aucun doute : ce cas révèle le harcèlement scolaire et l’institution – qui n’aurait rien vu venir – devient le coupable idéal. Le scénario est donc simple, les méchants sont désignés et la surenchère sera de mise.

Le film « Cas d’école » relate la couverture médiatique de ces événements avec comme acteurs principaux les personnels de cet établissement qui, avec le recul – notion que ne semblent pas connaître les médias – analysent et commentent la déferlante qu’ils ont dû subir.

À la violence de la mort d’une de leurs élèves s’ajoute celle des médias accusateurs. Tous les médias ? Oui, tous. Au premier rang desquels les chaînes d’information (sic) en continu, qui harcèlent les élèves et les parents à la sortie du collège, les journalistes de BFM-TV allant même jusqu’à interviewer des faux témoins. Tous les médias ? Oui, tous. « Le Grand Journal » de Canal Plus qui résume en quelques minutes – entre deux pages de publicité et trois clowneries potaches – le drame. Tous.

Même lorsqu’ils prennent le temps de l’analyse, les médias désinforment et flattent les bas instincts. Ainsi, quinze mois plus tard, l’émission « Envoyé Spécial » de France 2 revient sur la souffrance des parents et la « négligence » des enseignants. Comble de l’obscénité, les journalistes racoleurs vont filmer les parents en pleurs se recueillir sur la tombe de leur fille décédée. Accompagnée d’une musique larmoyante, la voix-off commente : « En fin de journée, comme ils s’y efforcent chaque semaine, ils vont rendre la plus douloureuse des visites. » Que peut-on dire et écrire après cela ? Rien, évidemment.

Dans leur fonctionnement binaire, les grands médias écrivent un scénario et mettent en scène les victimes et les coupables. Avant de passer au prochain sujet. Le documentaire de Gilles Balbastre est un vrai exercice de critique des médias. Images d’archives à l’appui, le réalisateur donne la parole aux victimes de la médiatisation : les enseignants du collège. Ensemble ils déconstruisent le discours dominant et reviennent sur ce qui constitue l’un des pires travers médiatiques : l’emballement.

En effet, chaque événement est traité avec le même emballement et la hiérarchie de l’information n’est plus qu’un concept. La place qu’occupent les différents sujets oscille en fonction de l’audience attendue. Dès lors, il n’existe pas d’actualité plus importante qu’une autre : juste des parts de marché à conquérir [1].



En vente en DVD sur le site Nada.info, le film sera également projeté dans les salles de cinéma, souvent suivi d’un débat.



Voici une liste (non exhaustive) des prochaines diffusions :

- le 15 septembre à l’Utopia de Bordeaux à l’initiative des AMD 33 et de la FSU ;
- le 16 à l’Utopia de Toulouse à l’initiative des AMD 31 ;
- le 17 au Colisée de Carcassonne à l’initiative des AMD 11 ;
- le 18 à La Cigale à Quillan à l’initiative des AMD 11 ;
- le 20 (en matinale) à l’Utopia de Montpellier à l’initiative des AMD 34 ;
- le 22 à Marseille à l’initiative des AMD 13 et du SNES ;
- le 23 au Renoir de la Penne sur Huveaune à l’initiative de le Repaire d’Aubagne ;
- le 24 au Renoir de Martigues à l’initiative de la FSU
- et enfin le 25 à l’Utopia d’Avignon à l’initiative des AMD 84.



Mathias Reymond

 
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Notes

[1Lire « La hiérarchie de l’information n’existe pas », L’Humanité, 20 avril 2015.

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