Avant 1997, on branchait la radio, on était happé par France Culture et on écoutait des heures avec bonheur. Depuis les " changements " et la " modernisation ", on décroche au bout de quelques minutes : le flot de paroles pour meubler le silence nous assomme. Si, par hasard, un sujet capte notre écoute, le saucissonnage ne nous laisse pas le temps d’accrocher, il faut aussitôt en changer et cela ne nous intéresse pas. La formule ancienne nous offrait des émissions approfondies où nous découvrions et apprenions avec passion.
Aujourd’hui, sous couvert de modernité, on traite des mêmes sujets et dans le même style que les autres radios : rapidité, efficacité, rentabilité. On nous vend une marchandise (des livres, des expos, des gadgets.) au lieu de nous offrir la culture : ce n’est plus France Culture ! On a éliminé tous ceux qui parlaient et pensaient autrement et nous apportaient un éclairage nouveau sur l’actualité et les sujets de société. J’ai décidé depuis cinq ans, de déduire 10 % de la redevance radiotélévisuelle car je ne veux pas payer pour tout le temps de publicité qu’on nous impose à la télévision. Je ferai de même si la radio publique continue à nous imposer une telle médiocrité.
A.T. (74)
– Disparition d’émissions essentielles : Culture Matin, Les Nuits Magnétiques (irremplaçables !), Le Panorama (un vrai panorama de l’actualité culturelle, vif et indépendant).
– Destruction de la nuit (merci pour les insomniaques dont la vie était accompagnée par Les Nuits de France Culture !). Avant, une promenade sonore intime, intelligente, cohérente, flâneuse. Désormais, un fatras des talk-show de la veille, de plus en plus verbeux et donc moins capables de supporter une écoute plusieurs mois, voire plusieurs année plus tard. C’est France Culture fast-food : vite consommé, vite périmé.
– Multiplication des émissions où on parle pour parler, sans préparation, plus ou moins dans le vide, dans l’auto-promotion, l’auto-satisfaction, l’approximation, la complaisance.
– Banalisation des choix éditoriaux. Ex : les journaux d’information (par ailleurs plutôt bons) où on fait du sport une information essentielle (sur 5 mn de journal !).comme partout ! Ex : la revue de presse matinale qui évoque, fut-ce avec un air d’ironie, de pseudo-polémiques parisiano-cultureuses au lieu (nostalgie d’Annie Lebrun !) d’adopter franchement un regard libre et décalé, à l’affût de petites perles de sens.
– Arrivée en masse d’insupportables chroniqueurs et autres intellos médiatiques que l’on entend déjà trop souvent ailleurs. Ex : ceux qui nous bassinent à 7h55, sans parler du mauvais maître de cérémonie qui anime Première Edition. Ex : les médiocres polémistes attitrés de L’Esprit Public. Ex : l’infatué petit maître Alexandre Adler dans La Rumeur du Monde.
– Absence d’émotion sonore, par la quasi-disparition (hors quelques classiques comme La Matinée des Autres) de ces ambiances qui nous faisaient pénétrer en finesse, et sur la pointe des pieds, dans la réalité de gens, de lieux, de créateurs, etc. On partait ailleurs. On entrait ailleurs. Aujourd’hui, on ne quitte plus le studio, et l’interview n’amène généralement nulle part. Il n’y a pas que la fiction comme source de création radiophonique, il y a aussi le réel ! France Culture savait autrefois l’écouter et le mettre en onde !
– Standardisation des formats (pour accompagner celle des esprits ?). Exit donc Le Bon Plaisir. Tendance à multiplier les petits clips sonores et les émissions courtes (20 mn) dont beaucoup n’amènent pas grand-chose.
Plus subtil : saucissonnage interne des émissions, avec succession de petites séquences assez superficielles.
L.T. (31)
Si il s’agit de modifier profondément l’esprit et le contenu de France Culture, pourquoi ne pas l’annoncer directement aux auditeurs ? Ne serait-ce pas moins hypocrite que cette somme maintenant de " petites " modifications (changements d’horaires, remplacement d’émissions indépendantes et de qualité par des rediffusions ou par des émissions réalisées par des représentants de la presse écrite, etc.). Quand et comment la qualité des émissions est-elle appréciée ? Et quid de l’appréciation des auditeurs ?
J.L.M. (95)
Pourquoi favoriser uniquement une culture de " consommation " au détriment de la réflexion sur une réelle culture de création artistique. Quel avenir préparons-nous dans notre pays pour la création.
J.R. (13)
Il ne faut pas rester figé, mais être tourné vers le monde ne signifie pas un enfermement dans la pensée conventionnelle. France Culture est devenu depuis deux ou trois ans, une radio qui développe de manière outrageuse la pensée conventionnelle, catholique de préférence, ceci pour le ton et pour le fond des émissions. Il nous faut des émissions pour penser et réfléchir, orientées dans un esprit développant l’autodidactie.
F.M. (95)
C’est bien de vouloir évoluer, car le monde, la société, les idées évoluent, mais c’est aussi le devoir de garder les intérêts des auditeurs. Quelle démarche a été faite auprès des auditeurs pour arrêter certaines émissions ? A ma connaissance, aucune. Je regrette Le Pays d’Ici, Espace Education, Le Panorama, Les Nuits Magnétiques, que je retrouvais avec grand plaisir. J’écoute moins cette station et ne connaît pas encore bien les nouveautés.
M.H.D. (13)