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TF1-Bouygues au service du dictateur du Turkménistan

Vient de paraître : un livre d’enquête de David Garcia - Le pays où Bouygues est roi (éditions Danger Public, 2006) consacré aux relations qu’entretient le groupe de BTP avec Saparmourad Niazov, le dictateur du Turkménistan.

Le Groupe Bouygues ne s’est pas contenté d’agir en grand bâtisseur pour le compte d’une dictature et pour le plus grand bonheur de ses actionnaires : il a instrumentalisé TF1 avec son consentement pour décrocher un contrat de construction d’installations techniques de la télévision turkmène.

Point culminant de la servilité : une vraie-fausse émission à la gloire de Saparmourad Niazov, président à vie du Turkménistan, enregistrée en 1996, dans les studios de TF1, mais jamais diffusée en France. Face à face, l’avenant dictateur, et un délicieux quatuor patronal : Patrick Le Lay et Martin Bouygues, Pierre Gadonneix, président de Gaz de France et Jacques Roger-Machart, directeur chargé du développement d’Electricité de France. Son enregistrement aurait mobilisé une vingtaine de techniciens et journalistes. Le tout animé par Jean-Claude Narcy.

Dans son livre, David Garcia consacre un chapitre - « TF1 et Big Brother » (pp. 87-100) - à cette vaste campagne humanitaire de TF1-Bouygues qui pourrait également avoir pour titre « Qui veut gagner des millions ? »

A l’occasion de la sortie du livre, Télérama puis le Quotidien Perm@nent du nouvelobs, ont rendu public l’essentiel du « dossier » sur lequel nous reviendrons [1].

Cette affaire ne rend que plus justifiée la nécessité d’une appropriation démocratique de TF1, et d’abord :

 L’interdiction pour des groupes privés qui bénéficient de marchés publics de posséder une chaîne de télévision, dans ce cas privatisée au service de l’un d’entre eux ;

 L’annulation du « partenariat » entre TF1 et France Télévision pour le lancement de la Chaîne de télévision internationale (CII), dont on mesure plus que jamais quels intérêts il sert. La CII doit être intégralement publique ;

 L’annulation de la concession de TF1 au groupe Bouygues qui vient à échéance en 2012. Il n’est pas trop tôt pour débattre d’un autre avenir pour TF1 ou pour le « mieux disant culturel » qui lui a permis de bénéficier d’une privatisation dont le « mieux disant affairiste » est depuis longtemps manifeste.

En attendant, voici les principales pièces du « dossier » (que nous complèterons peu à peu).

Sur le site de Télérama

 « TF1 et le dictateur » (lien périmé, janvier 2011, disponible ici)
 Extraits vidéo (lien périmé, janvier 2011)

Sur le site du Quotidien Perm@nent nouvelobs

 « Quand TF1 courtisait un dictateur »
 « La vidéo »
 « TF1 a agi comme une filiale » (3 questions à ... David Garcia)
 « Prudence à Canal + ». Selon David Garcia dont Le Nouvel Observateur résume ainsi le témoignage, « CANAL + a refusé la réalisation d’un reportage pour le "Vrai journal", de Karl Zéro, sur les relations entre le groupe Bouygues et le dictateur du Turkménistan, Saparmourad Niazov. »
 « Les contrats de Bouygues au Turkménistan »

Lire aussi

 De l’Agence France Presse (mercredi 1er mars à 18h51) « TF1 a réalisé une émission "à la demande" du président turkmène Niazov » (lien périmé)
 Sur le site du Monde.fr : « Une émission non diffusée de TF1 sur le président turkmène crée la polémique ».

 
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Notes

[1De nombreuses modifications de cet article sont donc vraisemblables.

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