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EN BREF

Pour Les Échos, un bon économiste doit travailler pour une banque ou pour un « institut » patronal

par Denis Souchon,

1) Le 15 février 2015, sur le site des Échos, Guillaume de Calignon publie un article titré « France : le retour de la croissance enfin espéré ».

En dehors des propos de « Vladimir Passeron, chef du département de la conjoncture de l’Insee », Guillaume de Calignon rapporte ceux de :

 « Axelle Lacan, économiste au Crédit Agricole » , donc au service d’une banque.

Le 16 février 2015, le site de Basta ! publiait un article d’Ivan du Roy et Rachel Knaebel titré « Évasion fiscale, fraudes et manipulations : découvrez le casier judiciaire de votre banque », dans lequel les auteurs recensaient « les pénalités et sanctions qui, depuis la crise de 2008, ont frappé quatorze grandes banques, dont les six principaux établissements français ».

Voici le casier judiciaire du Crédit agricole selon les informations de Basta ! :

 « Jean-­Baptiste Pethe, économiste chez Exane BNP Paribas », donc au service d’une banque.

Voici le casier judiciaire de BNP Paribas selon les informations de Basta ! :

 « Benoît Heitz, économiste à la Société Générale », donc au service d’une banque.

Voici le casier judiciaire de la Société Générale selon les informations de Basta ! :

Enfin, Guillaume de Calignon nous fait part des prévisions de « L’institut Coe­Rexecode » sans nous préciser ce qu’un article mis en ligne par Acrimed nous apprend : « toutes les organisations adhérentes [à cet institut] qui ne sont ni des entreprises ni des organismes publics sont des organisations membres du Medef ou le Medef lui-même ».

2) Le 25 février 2015, sur le site des Échos, Marie-Christine Corbier publie un article titré « Pour les chefs d’entreprise, la reprise n’est toujours pas là ».

Pour donner du « poids » à son article Marie-Christine Corbier rapporte les propos de :

 « Denis Ferrand, directeur général de Coe­Rexecode », donc au service d’un « institut » patronal (cf sup.).

 « Benoît Heitz, économiste à la Société Générale », déjà cité par Guillaume de Calignon le 15 février 2015 et toujours au service d’une banque.

3) Le 25 mars 2015, sur le site des Échos, Guillaume de Calignon publie un article titré « La reprise de l’investissement reste incertaine ».

Il recueille la parole des oracles :

 « Philippe Waechter, chef économiste de Natixis Asset Management », donc au service d’une banque.

Voici le casier judiciaire de Natixis selon les informations de Basta ! :

 « Denis Ferrand, directeur général de l’institut COE-Rexecode », déjà cité par Marie-Christine Corbier le 25 février 2015 et toujours au service d’un « institut » patronal.

 « Benoît Heitz, économiste à la Société Générale », donc au service d’une banque (déjà cité par Guillaume de Calignon le 15 février 2015 et par Marie-Christine Corbier le 25 février 2015).

4/ Le 26 mars 2015, sur le site des Échos, Guillaume de Calignon publie un article titré « Le climat des affaires s’améliore enfin ».

Il transcrit les visions des devins :

 « Hélène Baudchon, économiste chez BNP Paribas », donc au service d’une banque.

 « François Cabau, économiste chez Barclays », donc au service d’une banque condamnée « le 28 juin [2012] par la justice américaine, un régulateur financier américain et un régulateur britannique à 450 millions de dollars d’amende », par L’autorité de conduite financière britannique le 23 mai 2014 à une amende de 32 millions d’euros et le 23 septembre 2014 à une amende de 48 millions d’euros.

 « Jean-François Ouvrard, économiste à l’institut COE-Rexecode », donc au service d’un « institut » patronal (cf sup.).

Peut-on espérer que Guillaume de Calignon et Marie-Christine Corbier connaissent un jour des économistes dont les revenus ne dépendent pas des banques ou d’un « institut » patronal ? (par exemple : Cédric Durand, Michel Husson, Florence Jany-Catrice, Philippe Légé...)

Denis Souchon

 
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